Édito: L’ambition périlleuse des colonels! [Éditorial]

Le régime des colonels a pris goût aux délices du pouvoir politique. Du coup, Assimi et acolytes ne veulent pas partir au terme des 18 mois imparti à la transition. Raison pour laquelle un Premier ministre issu du M5-RFP a été nommé afin que le mouvement contrôle la rue. Très mauvaise lecture. Maintenant, pour mener à bien leur ambition périlleuse, à savoir préparer l’opinion nationale à cette éventualité, une association de femmes de Kati (ville de garnison située près de Bamako où généralement rien ne se fait sans les militaires) a été instrumentalisée. Cette association demande ouvertement, sur la chaine nationale et dans plusieurs medias, le prolongement de la durée de la transition. Une éventuelle initiative qui ne passera pas. Jamais, au grand jamais. Et ce, pour plusieurs raisons.
Primo, la majeure partie des Maliens qui aspiraient à un changement radical et à un Mali nouveau après le renversement du régime IBK et qui ont  accueilli avec liesse les colonels putschistes, ont été déçus. Ces jeunes officiers se sont révélés être de véritables affairistes, démagogues et populistes. Comme des prédateurs, ils ont accaparé tous les leviers du pouvoir dans le souci de se remplir les poches. Ils sont en train de faire pire que le régime déchu. Et du coup, le constat est aberrant et très inquiétant. Le  nouveau Mali tend dangereusement vers sa dislocation à cause de leur gouvernance chaotique.
Tous leurs engagements pris le soir du 18 août 2020 (date du coup de force) pour la mise en place d’une transition concertée avec l’ensemble des citoyens en vue de bâtir une gouvernance démocratique, plurielle et égale pour tous avec l’ensemble des forces vives du Mali, y compris nos concitoyens de la diaspora, sont actuellement très loin des attentes du peuple. Ces jeunes officiers putschistes se sont révélés être des véritables « as en drible ».  Ils ont fait une mainmise sur l’ensemble du pouvoir et tous ses leviers, constituant ainsi un frein à l’expression tant de la souveraineté du peuple. Pire, après avoir pris le pays en otage, ils se fichent de la souffrance des Maliens. Au moment où ils n’ont rien diminué du train de vie de l’Etat, les prix des denrées de première nécessité ont pris l’ascenseur. Depuis leur arrivée, l’économie du pays est en récession et l’inflation touche aux besoins les plus élémentaires. En plus des coupures d’électricité en cascade, tout devient cher de jour en jour. C’est fort de ce constat que les Maliens, pressés de la fin de cette vie infernale, souhaitent ardemment la fin de la transition.
Secundo, les hommes politiques n’accepteront jamais le prolongement de la transition. Et d’ailleurs, la sortie des femmes de Kati leur a provoqué un grincement de dents et certains comme Tiébilé Dramé et Kassoum Tapo soupçonnent une manœuvre des autorités de la transition afin de se maintenir. Tapo qui s’oppose à un quelconque prolongement de la transition, menace de prendre la rue. C’est le même sentiment des hommes politiques dont certains ont d’ores et déjà commencé la campagne de la présidentielle, prévue fin février 2022. Tertio, la communauté internationale et les partenaires n’accepteront jamais que le délai soit prorogé. Pour preuve, la Cedeao, l’Union africaine et plusieurs organisations ont suspendu le Mali après le second coup de force. Parmi les conditions pour que le pays retrouve sa place au sein des institutions sous-régionales, il y a le respect de la durée de la transition, c’est-à-dire des élections présidentielles et législatives en fin février 2022. Sur ça, la communauté internationale est intraitable. Les nouvelles autorités de la transition malienne, qui seraient en manœuvre pour une éventuelle prolongation de la durée de la transition de six(6) mois, respecteront-elles les délais prévus ?  Même si certains en doutent, cette pilule amère passera difficilement dans la gorge des Maliens.
A.Touré


Source : Le Democrate Mali

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