Présidentielle au Mali : pourquoi Boubou Cissé a adhéré à l’URD de Soumaïla Cissé

À huit mois de la présidentielle, l’ex-Premier ministre se place peu à peu comme le successeur du défunt président de l’URD. Voici les raisons de ce ralliement, qui suscite des remous dans les rangs du parti.
Alors qu’il avait confié à Jeune Afrique ne pas être hostile à une rencontre avec Choguel Kokalla Maïga, après une première invitation qu’il n’avait pu honorer, Boubou Cissé a finalement reçu à son domicile le Premier ministre le 23 juin.
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Dans la foulée, il s’est rendu à Djenné, dans la région de Mopti, où son adhésion à la branche locale de l’Union pour la République et la démocratie (URD) du défunt Soumaila Cissé a été actée le 26 juin. Il a, dans le même temps, été élu secrétaire aux questions économiques. Ce ralliement à la section de Djenné est avant tout une histoire de famille.
Soutien financier
Djenné est la ville dont est originaire la mère de Boubou Cissé. Cette femme décrite comme discrète était très appréciée des défunts Amadou Toumani Touré (ATT) et Soumaila Cissé, avec lesquels elle a été à l’école. L’adhésion de l’ex-Premier ministre, dont la famille est influente dans cette localité, est jugée logique par certains cadres du parti. Elle a été poussée par ses oncles du côté maternel.
Parmi eux, Sékou Abdoul Kadri Cissé, secrétaire général adjoint de la section URD de la commune, et ancien député de la région de Mopti, s’est spécialement occupé de l’intégration de son poulain. Il nous a d’ailleurs confié que l’adhésion de Boubou Cissé est une demande expresse, effectuée par les militants du parti à Djenné, ainsi que par plus de 40 sections à travers tout le pays.
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Selon nos informations, le facteur économique a également beaucoup pesé dans cette décision. La famille de Boubou Cissé a toujours été un soutien financier important du parti, qui espère que ce dernier va s’appuyer sur le réseau qu’il s’est construit tout au long de sa carrière pour consolider les soutiens politiques et financiers de l’URD.
D’ailleurs ces derniers mois, celui qui fut aussi ministre de l’Économie et des Finances d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) n’a cessé de multiplier les déplacements à l’étranger : Abidjan, Ouagadougou, Nouakchott, Niamey, Paris, Bruxelles. À moins d’un an de l’élection présidentielle annoncée pour février 2022, un apport financier important sera nécessaire à la formation politique pour mener campagne. Depuis le décès de leur président, « l’URD est dans le rouge », admet un cadre du parti.
Dissidence interne
Alors que le règlement intérieur du parti stipule qu’un homme politique ne peut pas concourir à la présidentielle pour le compte de l’URD s’il n’est pas membre de la formation politique, l’adhésion de Boubou Cissé est vue par certains ténors du parti comme l’avant-dernière marche avant la candidature.
Cette arrivée a néanmoins jeté le trouble au sein de la formation politique et esquissé un front contre l’ex-chef de gouvernement. Cette dissidence est notamment portée par Demba Traoré, secrétaire à la communication du parti. Ce dernier, qui souhaite porter les couleurs de l’URD au scrutin, nous explique que la direction du parti n’a entrepris aucune démarche concernant l’intégration de Boubou Cissé. Les ténors, dont le président Salikou Sanogo, étaient d’ailleurs absents ce jour. Madani Traoré, Béfon Cissé, les vicesprésidents du bureau national du parti et Gahourou Doucouré, le secrétaire général adjoint, ont été dépêchés.
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Selon nos informations, l’ex-ministre Mamadou Igor Diarra, qui a rallié l’URD en avril, n’est pas non plus enthousiasmé par cette nouvelle arrivée. Celui qui souhaite lui aussi porter sa candidature à la magistrature suprême craint d’être éclipsé par l’ancien Premier ministre.
Sékou Abdoul Kadri Cissé juge néanmoins que les critiques envers son neveu ne sont pas fondées et s’oppose à toute candidature d’Igor Diarra.
« Si l’URD doit refuser une candidature à la présidentielle, c’est celle de Igor. En
2018 nous l’avons parrainé dans le cadre du premier tour de l’élection présidentielle mais au second tour, il a apporté ses voix à IBK », dénonce l’oncle de Boubou Cissé.
Au moment où la scène politique se recompose, l’URD va préparer une conférence nationale au mois d’août pour « toiletter les textes » du parti. À huit mois du premier tour de la présidentielle, Sékou Abdoul Kadri Cissé assure qu’en interne, le nom du candidat pour la présidentielle sera connu d’ici septembre. L’ancien député ne cache pas non plus sa préférence pour Boubou Cissé qui, selon lui, portera haut les couleurs vertes et blanches de l’URD.

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