MALI / GRÈVE : DÉSORDRE DANS LA FONCTION PUBLIQUE

Comme une épidémie, chaque corps de la fonction publique courait derrière son statut particulier. Les syndicalistes rivalisent de grève aujourd’hui pour consolider ces particularités divisant les travailleurs de la fonction publique. Mais les difficultés ne font que commencer, malgré la décision du gouvernement d’harmoniser les grilles salariales. Ce faisant, l’Etat se trompe de bonne foi, selon des observateurs.  De toute évidence, la fonction publique malienne est devenue un problème pour l’Etat qui fait face à des grèves sans fin depuis plusieurs années.

On n’est pas encore près de sortie de l’auberge, puisque le secteur le plus touché par les grèves est celui de l’éducation, avec des années de paralysie partielle des établissements publics. Beaucoup croyaient que le Mali allait connaître une longue période d’accalmie avec l’octroi de l’article 39 aux enseignants fin 2020. La transition qui a acté cette promotion des enseignants est aujourd’hui embourbée à cause des grèves dans la fonction publique.

Les services publics sont dominés par un esprit compétitif de gain personnel faisant de la fonction publique une entité problématique. L’Untm, la centrale syndicale la plus majoritaire, n’a pas aimé l’obtention de l’article 39 par les enseignants. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, les responsables de l’Untm ont fait savoir que l’article 39 n’est pas juste par le fait qu’il crée une discrimination entre les fonctionnaires. Dès que les enseignants ont obtenu l’article 39, l’Untm est allée en grève.

Cette grève qui a pris fin il y a quelques mois par un accord a provoqué l’ire des enseignants. Ces derniers ne sont pas d’accord avec l’harmonisation des grilles des salaires de la fonction publique. Selon certains, grâce à l’article 39, les enseignants doivent avoir une augmentation chaque fois qu’il y a une augmentation chez les autres corps de la fonction publique. Mais le gouvernement a annulé l’article 39 en harmonisant les salaires des fonctionnaires.

C’est dire que l’on est passé de la fonction publique à la fonction pagaille. Le gouvernement se trompe de bonne foi. Comment vouloir harmoniser les grilles salariales en mettant de côté les primes ? Certains estiment que les enseignants ont bien raison de vouloir aller en grève parce que l’harmonisation des grilles annule l’article 39 mais elle ne combat pas l’enrichissement illicite dans les autres corps de la fonction publique. On s’attend donc à une crise sans fin dans la fonction publique aussi longtemps que dureront les inégalités de salaire entre les fonctionnaires.

Le gouvernement a intérêt à résoudre cette injustice chez les travailleurs de la fonction publique. Plus rien ne doit justifier que les fonctionnaires qui n’ont fait que deux ans d’études après le DEF soient dans toutes les bonnes conditions, alors que les détenteurs de doctorats souffrent. Il s’agit de mettre fin à l’enrichissement illicite, et cela est juste une question de volonté politique, selon des enseignants.

Madou COULOU

Source : La Preuve

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