LE POUVOIR A LE DOS AU MUR

Une semaine après la mort – dans des conditions pour le moins opaques de l’agresseur du président de la Transition – aucune explication n’a été donnée par le pouvoir. Les Maliens s’interrogent. Ils exigent que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, ce sont les procureurs du Mali et la Référence Syndicale (REFSYMA) qui jugent la mort du présumé auteur de la tentative d’assassinat du président de la Transition très « suspecte ». Une tragédie, disent-elles, « qui n’honorent ni l’Etat de droit, ni la démocratie ».

« Aucune raison ne devrait conduire à des exactions et excès jusqu’à l’élimination physique d’un forcené, déjà neutralisé, et mis hors d’état de nuire, lequel, d’après des renseignements concordants, serait un individu qui ne jouissait pas de la plénitude de ses facultés mentales ».

Une mort, jugée « suspecte »

Dans une déclaration, rendue publique le 29 juillet
dernier, l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants (AMPP) et la Référence Syndicale des Magistrats (REFSYMA) dénoncent « la mort suspecte » de l’agresseur du président de la Transition.
Pour ces deux associations, pas de doute: le présumé auteur de la tentative d’assassinat du président de la Transition est mort, suite à la maltraitance.
Agé de 30 ans, originaire de Niono, sans emploi fixe et domicilié à Yirimadio, un quartier périphérique de Bamako, Alassane Touré avait tenté, le 20 juillet dernier, d’attenter à la vie du colonel Assimi Goïta, président de la Transition, à la grande mosquée de Bamako. Interpellé, par les services de sécurité, il est confié à la Sécurité d’Etat pour les besoins de l’enquête.
Trois jours après, sa mort est annoncée, par le gouvernement, dans un communiqué. Sans aucune précision sur les circonstances réelles de son décès.
A-t-il été « trop secoué » par ses interrogateurs ?
Aucune réponse. Du moins, pour l’instant.
« Au cours des investigations, qui ont permis de mettre en évidence des indices corroboratifs des infractions sus visées, son état de santé s’est dégradé. Admis au CHU Gabriel Touré, puis au CHU du Point G, il est, malheureusement, décédé. Une autopsie a été, immédiatement, ordonnée pour déterminer les causes de son décès », explique le gouvernement dans son communiqué.
Et d’ajouter : « le gouvernement rappelle toutefois que son décès ne fait pas obstacle à la poursuite de l’enquête ».
Loin d’avoir calmé les populations, ce communiqué suscite colère et indignation. Dans quelles conditions le présumé agresseur du président de la Transition a-t-il trouvé la mort ? s’interrogent les Maliens. Qui exigent que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Selon l’AMPP et le REFSYMA, ce communiqué du gouvernement une « immixtion maladroite de l’exécutif dans le judiciaire… mais aussi, une reconnaissance de son entière responsabilité dans la mort de l’agresseur du président de la Transition ».
Le pouvoir risque gros

Aussi, l’AMPP et le REFSYMA déplorent le « manque de diligence des procureurs, voire leur frilosité inexplicable, à la seule évocation de la Sécurité d’Etat ».
Pour les Procureurs et Poursuivants, le gouvernement ne fournit aucun autre détail sur les circonstances de sa mort.
« Cette mort suspecte est comme une tragédie, qui n’honore ni l’Etat de droit, ni la démocratie », déplorent l’AMPP et le REFSYMA.
Le pouvoir va-t-il faire toute la lumière sur cette affaire, sans perdre la face devant l’opinion nationale et internationale ? Ou continuer à faire le dos rond ?
Dans un cas, comme dans l’autre, il a le dos au mur.

Oumar Babi

Source : Canarddechaine

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