CONTRIBUTION: Au delà de la CEDEAO, la main visible du Niger.


Les injonctions  » personnelles » de Hassoumi Massaoudou adressées au Mali dans une interview iconoclaste à l’attention de nos confrères non africains nous laissent pantois : << Les élections sont notre priorité >> clame l’actuel ministre des Affaires Etrangères nigérien, passé avant Ministre de l’intérieur du Niger ( en 2016 ).
Sans en avoir les mêmes exigences pour son pays où des opposants ont croupi en prison pour l’avoir dénoncé à cette époque.
Hassoumi Massaoudou a cru devoir se transformer en  » porte-parole  » de la CEDEAO et proférer des menaces explicites à l’endroit de l’ex junte du Mali et au delà à notre vaillant peuple, qui n’a que faire des leçons d’un ancien sécurocrate, pis, une barbouze.
<< Si les militaires maliens ne rendent pas le pouvoir en Février prochain, les sanctions internationales contre Bamako seront sévères >>, annonce Hassoumi, dénonçant au passage avec forts propos le projet de contrat malien avec des mercenaires russes de Wagner au Mali. Mais Hassoumi Massaoudou, en bon supplétif de la France Macronienne, reprenant Le Drian, a condamné à priori ce projet, qui est loin de s’être matérialisé et qui déjà fait peur.
En outre, malgré les mesures fortes et claires énoncées par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’organisation sous-régionale à Accra, Hassoumi a, là aussi, cherché à les amplifier et même pris le risque de les sortir de leur contexte. Car, on ne s’y est pas trompé, en ancienne barbouze il fait un clin d’oeil malveillant à l’armée nigérienne en pointant du doigt ceux de la sous-région. Oubliant que Mahamadou Issoufou est resté dix ans au pouvoir sans subir les foudres de son armée et qu’il s’agit pour ses successeurs désignés de lui emboîter simplement le pas. Visiblement, le pouvoir nigérien actuel, adoubé par Issoufou, préfère la CEDEAO des Chefs d’Etat au détriment de celle des peuples. Sinon, comment comprendre son plaidoyer prodomo en faveur d’un dictateur comme Alpha Condé au détriment du peuple guinéen, qui ne le pleure pas et de ses courageux leaders, contestataires du 3e mandat anticonstitutionnel, emprisonnés par le tyran de Sékoutoureya ?
Et puis la CEDEAO a-t-elle vraiment dit qu’  » En ce qui concerne le Mali, il y a un renforcement de la volonté de mettre ces militaires-là au banc de la société >> ?
Certes la CEDEAO a parlé des autorités de la transition au Mali, constituée, pour votre gouverne, M. Massaoudou, de militaires, mais aussi majoritairement de civils, et n’a certainement pas désigné le ministre nigérien pour  » épingler  » nos soldats comme avant lui le président Bazoum, qui l’aura appris à ses dépens. Lui qui s’est aussitôt dédit et s’est lancé dans des explications oiseuses, dévoilant toute sa rancune contre l’ancien régime démocratique du président AOK. Si sanctions il y aura au Mali à l’issue de l’ultimatum du syndicat des chefs d’Etat ouest africain du jeudi dernier, elles le seront pour une partie de l’armée et non de l’armée malienne, mais aussi pour l’ensemble des autorités militaires et civiles de la Transition.
Nous invitons dès lors M. Massaoudou à cesser de jeter de l’huile sur le feu et de nous infantiliser. Le message de la CEDEAO a été très claire, la réponse malienne sera Malienne et tout aussi claire. Tant pour ce qui est de l’éventualité d’un accord avec les mercenaires de Wagner que pour les Assises Nationales de refondation des voix internes se sont élevées et seront plus audibles que la sienne dans la prise de décision de nos autorités.
 » La CEDEAO refuse tout autre agenda qui ne soit pas l’organisation des élections pour la fin février 2022 « .
Mais de quelles élections parle Massaoudou? Celles qui ont amené une pléthore de cleptocrates au pouvoir en Afrique, défiant leurs constitutions, la CEDEAO et la communauté internationale.
Celles-ci, nous n’en voulons plus au Mali, car elles ont conduit aux bouleversements actuels, pour une grande part, permettant l’immixion intolérable d’hommes de tout acabit dans nos affaires maliano- maliennes.
Au delà des condamnations de principe émanant de partout et des mesures fortes de la CEDEAO, pour rappeler les autorités de la Transition malienne au respect des délais, il y a cette attitude condescendante du pouvoir nigérien actuel illustrée par les propos du ministre des Affaires Étrangères qui font penser plus à ceux d’un sécurocrate ( qu’il fut un moment ) que d’un diplomate. Et ça aussi, les maliens ne le supportent pas!
Massaoudou, vous enfourchez la trompette abandonnée il y a peu par le président Bazoum  » brocardé  » par les maliens de tous bords pour avoir dit moins que vous ( Massaoudou Hassoumi ) sur l’armée et le Mali. Que se cache donc derrière votre attitude va-t-en guerre ?
Le 22 février nous situera tous sur le complot éventé d’avance contre le vaillant peuple du Mali, pourvu que le délai restant des 18 mois soit respecté.

Seïdina Oumar Dicko
Journaliste chroniqueur- Ecrivain et Historien.
Bamako Mali.

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