Prorogation de la transition malienne les enjeux d’un pari risqué

La prolongation ou non de la transition est devenue depuis un moment le sujet de discussion majeure entre les maliens d’une part et entre une partie des composantes de la nation malienne et la Communauté internationale, d’autre part.
Plusieurs argumentaires contradictoires sont développés au niveau national par les uns et les autres et plus nous nous approchons de l’échéance indiquée dans la Charte de la transition, les tensions deviennent de plus en plus palpables.
La Communauté internationale également à travers la CEDEAO, suivi dans sa dynamique par l’Union Africaine (UA), les Nations Unions et plusieurs pays dans le cadre des coopérations bilatérales, a fixé ses exigences sur la conduite de la transition.
Face aux risques qu’encourent la nation malienne en cas d’un mauvais choix entre les deux options pour le Mali, il sied de faire une analyse réaliste et non opportuniste des enjeux en face.
Une transition politique est par essence un période d’incertitude et de difficultés. En effet, la rupture de l’ordre constitutionnel normal dans tout pays fait subir à ce pays des contraintes qui sont des règles établies par la communauté des Nations. C’est le cas de notre pays aujourd’hui.
Et comme le dit un philosophe « Nous ne devons jamais nous dérober des règles de conduite de l’environnement dans lequel nous vivons » et on dit en bambara « ni i bê kômôw tula i bê kômô kan fô nôntê ou bê i dumu ». Ceci est plein de sens.
Notre pays peut-il s’offrir le luxe de transgresser ces règles ?
Le pari nous parait extrêmement risquer dans la mesure où, contrairement à des pays qui jouissent de leurs instruments de souveraineté, notre pays est sous totale dépendance pour ceux-ci : i) dépendance monétaire vis-à-vis de la BCEAO, ii) dépendance sécuritaire vis-à-vis de la communauté internationale avec la présence des forces MINUSMA, Barkhane, G5 Sahel, Takuba, iii) dépendance budgétaire pour assurer les investissements, moteurs de la croissance et du développement socio-économique de notre pays, iv) dépendance vis-à-vis de l’UEMO, la CEDEAO et de l’UA pour les échanges commerciaux, la liste n’est pas exhaustive.
Pour ceux qui rejettent toute idée de prolongation de la transition, le rôle des autorités de transition devrait se limiter à la conduite des affaires courantes de l’Etat, à la lutte contre l’insécurité et à la restauration de l’ordre constitutionnel dans le délai imparti convenu avec la Communauté internationale.
Aussi, ils craignent en réalité un isolement de notre pays sur la scène internationale et une faillite du pays, avec pour conséquence une asphyxie de notre Nation, la perte de l’autorité des pouvoirs publics et une nouvelle révolution populaire dans le cas où notre pays voudrait faire cavalier seul !!!
Les argumentaires développés pour justifier la nécessité d’une prolongation se rapportent, selon ceux qui soutiennent cette option, à la réussite des préalables suivants : i) nécessité de refonder l’Etat et de reformer le système électoral dont la mise en place d’un organe unique de gestion des élections, afin disent-ils de ne pas retomber dans une autre crise postélectorale, ii) rétablissement de la sécurité et retour de l’administration sur toute l’étendue du territoire, iii) lutte contre l’impunité et la corruption.
Selon eux, ceux-ci devraient passer par la tenue d’assises nationales de la refondation de l’Etat et la transition devrait aussi démontrer au peuple des actes de lutte contre l’impunité et la corruption.
Ces argumentaires sont des idéaux pour tout peuple certes, toutefois, leur mise en œuvre pendant une période de transition soulève plusieurs interrogations : Quelle légitimité ces assises auront compte tenue de l’exclusion d’une frange importante de la Nation malienne ? Combien de temps faudrait-il pour les réussir ces idéaux ? Quels devront être les acteurs pour conduire une éventuelle phase de prolongation de la transition ? Comment octroyé toute la légitimé requise à ces aux décisions de la transition ? Quelles sont les assurances pour une fin de la transition un jour si les acteurs de cette transition peuvent justifier une prolongation par le motif d’action non réalisée ? Comment notre pays financera son développement pendant une période de transition longue sans l’aval de nos partenaires ? Les élections au Mali n’ont-elles pas souffert de l’immoralité de personnes en charge de organisations que des organes ou des textes ?
Il appartient aux plus hautes autorités de la transition de procéder à une analyse objective et saine des enjeux pour la réussite de la transition et dans le seul intérêt du peuple malien, car c’est vrai qu’à cause de la question de légitimité, une transition n’a pas vocation à tout faire, ni à s’éterniser.
Ceci est d’autant plus important que toutes les expériences ont démontré, même la plus récente dans un pays voisin, que ceux-là qui poussent les dirigeants à des faux-pas sont toujours les premiers à les culpabiliser après.
Ce qui est sûr, c’est que toute prolongation éventuelle de la durée de la transition doit obligatoirement être convenue avec nos partenaires à commencer par la CEDEAO et pour un délai très court. Il y va de la survie de notre pays et de l’intérêt suprême du peuple malien. Aussi, les Hautes autorités de la transition doivent veiller à ce que l’inclusion ne soit pas un mot, mais un fait.
A bon entendeur !!!
La Rédaction

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