Négociation avec Iyad et Kouffa : le rétropédalage du gouvernement malien

 

Le gouvernement malien a démenti, ce jeudi, avoir mandaté une organisation pour négocier avec les chefs djihadistes Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa. Pourtant, le ministre des Affaires religieuses et du Culte a bien confié, le 12 octobre dernier, au Haut conseil islamique la mission de bons offices devant négocier avec ces djihadistes maliens. N’est-ce pas un rétropédalage ?
 
Le gouvernement était-il dans un sondage d’opinion en ce qui concerne la délégation du Haut conseil islamique pour négocier avec les djihadistes, notamment Iyad Ag Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans lié à Aqmi, et Amadou Kouffa, chef de la Katiba Macina ?  En tout cas, il a démenti avoir mandaté le Haut conseil islamique pour négocier avec ces deux chefs terroristes. « Le Gouvernement informe l’opinion publique nationale et internationale, qu’à ce jour, aucune organisation nationale ou internationale n’a été mandatée officiellement pour mener une telle activité », a indiqué le Gouvernement même s’il admet que ces négociations font partie des recommandations du Dialogue national inclusif et de la Conférence d’entente nationale.« Lorsque le Gouvernement de la République du Mali jugera opportun d’ouvrir des négociations avec des groupes armés de quelque nature que ce soit, le peuple malien sera informé par les canaux appropriés », a précisé le communiqué controversé du gouvernement.
Le HCI bel et bien mandaté
Le ministre des Affaires religieuses et du culte a bel et bien mandaté, le 12 octobre dernier, le Haut conseil islamique pour négocier avec les djihadistes maliens. En effet, lors de sa visite au HCI, Dr Koné a informé les responsables de cette structure de la désignation, par les autorités, de son département pour diriger la mission de bons offices. Lui, à son tour, a confié cette mission au HCI. « Si le Gouvernement m’a investi de l’ancrage institutionnel et administratif de la mission de bons offices, à mon tour, j’en confie le portage pratique sur le terrain au Haut conseil islamique du Mali parce que, à mes yeux, il n’y a pas de structure mieux indiquée et plus outillée pour ce faire », avait affirmé le 12 octobre au siège du HCI. Qu’est ce qui n’a donc pas marché entre-temps ? Qu’est ce qui explique le volte-face du Gouvernement ?  Selon une source proche de l’exécutif, le ministre Mahamadou Koné a mal compris la mission qui lui a été confiée. Il lui a été demandé, dans le cadre de la mission de bons offices, d’appuyer les négociations locales et non avec les chefs djihadistes au niveau national. Vrai ou faux ? On ne saurait le dire, mais la position du gouvernement est floue.
Le HCI « s’en tient au communiqué du Gouvernement »
Contacté par la Luciole Mali, un responsable du Haut conseil islamique s’est étonné du communiqué de démenti du gouvernement. « La mission de bons offices avait été confiée au Haut conseil islamique, mais si le gouvernement dément de nous avoir mandaté, on s’en tient à sa position », nous a confié i une source au HCI.  Notre interlocuteur n’a pas apprécié la nouvelle posture du gouvernement du Mali. « La mission de bons offices, nous ne la faisons pas pour de l’argent, mais pour la paix et la quiétude dans notre pays. Nous faisons ce travail parce que nous aimons notre pays. Mais si le gouvernement décide autrement, on l’observe », dit-il.
Il faut préciser que la négociation avec les djihadistes est une ligne rouge pour la France, un partenaire stratégique du Mali dans la lutte contre le terrorisme.
Mérépen Anguimé

Source : www.laluciolemali.com

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