Gestion de la Transition politique au Mali, le Peuple en « étau-position » ?

Décidément la flamme du torchon entre le pouvoir de transition politique et la Communauté internationale ne cesse de s’attiser. En cause notamment, les approches pour le retour à un pouvoir civil et pour la restauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire. 

Selon les autorités de la Transition, les besoins vitaux du Mali à l’heure actuelle sont surtout d’ordre sécuritaire afin que l’Etat puisse exercer pleinement ses prérogatives sur l’ensemble du territoire national, judiciaire afin de lutter contre l’impunité et la corruption et de refondation de l’Etat à travers des réformes politiques et institutionnelles nécessaires. Et la transition politique devrait s’attaquer en priorité à ces questions avant celles électorales. Les élections ne seraient donc pas la priorité absolue.

La Communauté internationale quand à elle reste ferme sur la nécessité du respect du délai de la transition conformément à la Charte et du retour rapide d’un pouvoir civil. Par ailleurs, elle s’inquiète des approches de la gestion sécuritaire par les autorités de la transition, favorable à la multiplication des partenaires sur la question et aux dialogues avec les groupes Djihadistes maliens.

Les divergences de vue sont au point que les tensions sont extrêmement élevées, reflétées entre autres par le discours du Premier ministre le 25 septembre 2021 à La Tribune de l’Assemblee générale des Nations Unies, suivi d’échanges de propos pas diplomatiques entre les gouvernements du Mali et de la France, la visite au Mali le 18 octobre 2021 du Président en exercice de la CEDEAO, le ghanéen Nana Akufo-Addo, qui était venu s’enquérir de l’état d’avancement du processus de sortie du pays de la crise et plus récemment la notification du gouvernement du Mali au Représentant spécial de la CEDEAO le déclarant « perso a non grana » au vu d’agissements incompatibles avec son statut.
Cette tribune n’a pas pour objectif de déterminer la pertinence ou non des arguments développés de part et d’autres, qui naviguent entre du populisme et une fermeté extrême, mais d’attirer l’attention sur le risque des souffrances que le peuple malien endurerait en l’absence du compromis nécessaire entre le Mali et des partenaires.
Il est indéniable qu’au regard de l’état d’avancement du processus de transition, la tenue des élections d’ici février 2022 relèverait du miracle. Il est tout aussi indéniable qu’une transition politique ne peut pas tout faire pour une question de légitimité, que la clé de la crise sécuritaire dans notre pays est beaucoup plus dans des réformes majeures qui ne peuvent être discutées que par des représentants élus du peuple et que le premier ennemi d’une transition politique est sa durée lorsque celle-ci est longue, car le pouvoir s’essouffle forcément face à toutes les contraintes imposées par les standards internationaux dans cette situation et qui finiront par engendrer le blocage des investissements, l’extreme ralentissement des activités économiques et l’assèchement des caisses l’Etat.
A cet effet, le compromis nécessaire et obligatoire entre le Mali et ses partenaires devrait se rapporter à la durée de rallonge de la transition, aux acteurs et aux réformes indispensables à mener pour tenir les élections. Le compromis devra également intégré l’engagement des partenaires à accompagner le Mali dans le financement et la sécurisation des élections.
Il y va de l’intérêt suprême du peuple malien.

La Rédaction.

Source: Mandéinfos

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