Madame Coumba BAGAYOKO, Marraine des Journées Culturelles et Artistiques du Mandé (JCAM), à propos du Thème de la 3ème édition : « KURUKAN FUGA est le berceau des droits universels des hommes et des peuples »

En prélude aux festivités des JCAM qui se tiendront du 12 au 14 novembre 2021 sous le Thème « La charte de KURUKAN FUGA, Patrimoine Immatériel de l’humanité : Quelle chance pour le Mali ? », la Marraine de cette 3ème édition, Madame Coumba BAGAYOKO, a reçu le Journal MANDE INFOS pour une interview à bâton rompu. Les activités des JCAM, sa vie associative et politique, la crise sécuritaire au Mali ont été au cœur de l’entretien qu’elle à bien voulu nous a accordé.
Lisez l’interview !!!

MANDE INFOS : Pourquoi avez-vous acceptée d’être la
Marraine de la 3ème édition des JCAM ? Êtes-vous du Mandé ? Qu’attendez-vous de ces journées ?Coumba BAGAYOKO : Alors, avant toute chose je suis une amoureuse du Mali et je suis également une patriote. C’est pour l’amour de mon pays que j’ai accepté le marrainage de cette 3ème édition des JCAM. Je suis une Soninké de la diaspora, mais mon nom de famille vient du Mandé. Je suis une BAGAYOKO, mes ancêtres viennent tous du Mandé. Ce sont là des raisons supplémentaires de mon acceptation du marrainage.Ce que j’attends à la fin de ces journées, c’est que chacun puisse comprendre ce que c’est le Mandé et apprendre quel est notre patrimoine et notre héritage. Aussi, que l’on puisse valoriser ce grand nom qu’est le Mandé, ce grand nom qu’est le Mali, dont nous devrons tous être fières.

MANDE INFOS : Vous êtes présidente d’un mouvement politique  » AVENIR COMMUN DES PATRIOTES « . Quels sont ses objectifs ?

Coumba BAGAYOKO : L’objectif de ce mouvement, nous sommes la voix des sans voix, nous sommes la voix du peuple, le pouvoir par le peuple et pour le peuple, parce que le peuple est oublié. Et pour que les politiciens ne fassent plus la politique uniquement pour les intérêts personnels de ces hommes politiques et sans aucun sentiment pour ce peuple laissé pour compte.Nous, en tant que mouvement politique, souhaitons valoriser notre peuple. Nous devons absolument nous préoccuper de notre peuple. « Laisser son peuple à l’abandon, les conséquences sont terribles et conduisent le pays dans un gouffre sans fin ! »

MANDE INFOS : Avez-vous déjà fait des réalisations en faveur des maliens ? Lesquels ?

Coumba BAGAYOKO : Le siège social du mouvement est à Bamako, parce que les actions du mouvement concernent le Mali et non la France. Nous allons ouvrir d’autres antennes à travers le monde, mais ce qui importe d’abord, ce qui est primordiale, c’est de se concentrer sur le Mali.Le Mali est en crise et nous sommes dans l’urgence, les fils et filles de notre patrie ont besoin de nous de l’intérieur comme de l’extérieur. C’est par rapport à cela que nous avons créé ce mouvement.Parce qu’en tant que responsable associatif, j’interviens sur le terrain pour assister les déplacés qui viennent de plus en plus à Bamako, je vois donc la misère dans la capitale. C’est pourquoi j’ai décidé de créer ce mouvement avec mes autres collègues, pour pouvoir intervenir plus facilement. Si on ne s’implique pas dans la politique, on ne pourra rien changer. Nous devons absolument apporter nos compétences et notre pierre à l’édifice de la construction de notre Maliba. L’assistanat ne peut pas arranger les choses !On dit toujours, qu’avant de donner du poisson à son prochain, faudrait lui apprendre à pêcher !Le Mali n’as plus besoin de l’assistanat, il faudrait se mettre au travail tout simplement.

MANDE INFOS : Au-delà de votre activité associative, menez-vous d’autres activités ?

Coumba BAGAYOKO : Tout premièrement, je travaille dans la diaspora donc je soutiens les maliens au niveau de la France. Comme je fais partie du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, j’interviens surtout pour notre communauté qui est parfois en difficulté, que ce soit pour les nouveaux arrivants, c’est-à-dire les migrants, des femmes en difficultés et des fois des problèmes administratifs. Sinon au Mali même, je mène des actions humanitaires sur le terrain pour les enfants, les orphelinats, les femmes et les déplacés également au niveau de CSCOM dans des villages de la région de KayesOui, je conduis toujours mes associations et je suis chef d’entreprise ici à Bamako. J’ai une entreprise qui s’appelle ‘’Ziraba Prestige’’, c’est une Conciergerie qui accompagne la diaspora et également les maliens de l’intérieur, mais aussi les autorités, les chefs d’entreprises et autres. Sinon, je suis en projet de création d’une autre structure, je propose du matériel de connexion par satellite, « une filière de la société Combat » que peut-être les gens connaissent. Par exemple aujourd’hui nous avons des problèmes de réseaux téléphoniques et internet au niveau du Nord, que ce soit Tombouctou, Tessalit, Gao etc. Ils ont souvent des problèmes de connexions, là avec ce matériel, nous avons la possibilité de se connecter par satellite pour avoir plus facilement le réseau.

MANDE INFOS : Le thème central retenu pour cette année est : « La charte de KURUKAN FUGA, Patrimoine Immatériel de l’humanité : Quelle chance pour le Mali ? » Quelle seront les avantages pour le Mali ?

Coumba BAGAYOKO : Les avantages tout simplement, c’est la valorisation de notre pays et son respect par l’extérieur. Tout de même KURUKAN FUGA a été l’épicentre de la création des droits de l’homme à travers le monde et certaines constitutions se sont basées sur cette charte du mandé. Ca, c’est un avantage et une fierté pour nous les maliens ! Aujourd’hui, nous devons revendiquer le respect, nous devons valoriser cette charte du Mandé et notre culture, nous devons protéger également notre patrimoine.

MANDE INFOS : Aujourd’hui notre pays est confronté à des différentes crises : Sécurité, politico-institutionnelle, cherté de la vie. Quel message avez-vous à lancer à nos autorités ?

Coumba BAGAYOKO : Nos autorités doivent se concentrer sur la sécurité, avant toute chose. La sécurité c’est vrai qu’elle est là, mais elle n’est pas assez déployée sur l’ensemble du territoire faute de moyens. Il y’a certaines régions qui sont carrément enclavées, on ne sait pas comment les protéger, parce qu’on ne connaît même pas nos ennemis en réalité. Ce que je dirais à nos autorités, c’est de s’appuyer sur sa population, qu’elles aient confiance en leurs populations, parce qu’il faudrait qu’on se donne la main, qu’on forme un seul et même homme en même temps pour protéger ce pays. Par exemple, aujourd’hui le Nord a besoin de soutien administratif mais toutes nos administrations sont concentrées sur Bamako, il faudrait déployer d’autres services administratifs sur Tombouctou, sur Sévaré, sur Gao, Tessalit, Taoudéni et toutes les autres régions du pays. A partir de là, on verra que ça ira mieux, parce que vous imaginez un tombouctien qui est obligé de se déplacer pour un acte de naissance ou un document administratif jusqu’à Bamako pour une éventuelle correction dans les institutions, cela met tout le monde en colère. Donc, il va falloir changer tout ça. Nous devons déployer plus de moyen pour justement pâlir à ce problème. Cependant, il faudrait aussi considérer ceux qui sont là et qui aiment leur pays. Les gens du Nord aiment leur pays, les gens du Nord voudraient avoir plus de considération, c’est un message que je vous passe.

MANDE INFOS : Selon vous, quelles solutions propices peuvent nous sortir dans cette situation qui prévaut au Mali ?

Coumba BAGAYOKO : C’est un peu juste, c’est un peu tôt, parce qu’il y’a beaucoup d’idées, il faudrait s’appuyer sur la population, aller vers la population, c’est la population qui a la solution. Par exemple aujourd’hui nous avons ces journées de la cohésion, parce que les rassemblements de ce genre amènent forcément la cohésion. La méconnaissance des uns et des autres, c’est ce qui crée les conflits. Si on apprenait à se connaître les uns et les autres, à aller vers les autres, donner la main à son prochain peut-être que tout ira mieux. Il faudrait qu’on discute avec les chefs de villages, les chefs de cantons, les différents responsables, les préfets et autres, chacun doit prendre son rôle au sérieux. La corruption aussi sévit sur nos terres et donc là le seul message que je peux passer, il faudrait que les autorités se concentrent plus sur la population, aller vers cette population qui voudrait juste être entendu, qui souhaiterait juste faire valoir ses droits, parce qu’elle est bafouée, elle est mise sur le côté. Simplement lorsqu’on a les élections on voit les partis politiques s’approcher de ces gens-là, voter pour moi, voter pour moi et après les élections plus rien, on ne voit plus rien. Vous vous imaginez juste là, à côté de Koulouba, de Point G, il y’a des endroits qui n’ont même pas d’eau. Il faudrait s’approcher plus de la population, de discuter avec ces gens-là et vous verrez que les choses changeront.

MANDE INFOS : Vos mots de la fin?

Coumba BAGAYOKO : J’aime l’union, l’union est sacrée, la paix est sacrée, j’y invite tout un chacun. Nous devons aimer ce pays, nous devons choyer ce pays, nous devons protéger ce pays. Ce n’est pas pour nous, c’est pour nos enfants, pour notre jeunesse. Nous qui sommes là, nous avons fait notre temps, mais nous devons aussi passer le relais à notre jeunesse et lui apprendre les valeurs de ce pays. On a plusieurs cultures très riches, moi je suis Soninké, même si mon nom vient du Mandé. Je suis Soninké nous avons le festival du FIZO chaque année, nous nous rencontrons et nous découvrons notre culture. Les peulhs ont une culture riche, les dogons ont une culture riche, les sonrhaïs, les tamasheqs et autres, tous englobent une richesse incroyable que nous devons valoriser. Je demande à tout le monde d’apprendre à s’aimer, d’apprendre à s’écouter. Je suis très heureuse de participer à la 3ème édition des JCAM et d’en être la Marraine.

Entretien réalisé par Abdramane Samaké

Source : Journal Mandé Infos

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