Politique : Le bal des mercenaires

Le ciel politique malien et l’avenir du pays sont dans la grisaille. Confrontation voilée avec la CEDEAO, et dont l’issue est incertaine, remous persistant dans le pays et qui semble s’enfler chaque jour que Dieu fait. A tel point qu’il n’y a plus de visibilité ni lisibilité sur la scène politique. Pêle-mêle, tout est pêle-mêle croissant.
Se ranger ou ne pas se ranger derrière l’instance communautaire ? La plupart des maliens semblent abonder pour la seconde solution même si les politiques, dans une large majorité, ne l’entendent pas de cette oreille. Pour ces derniers, la transition doit forcément respecter le délai à elle imparti et tenir les élections à la date imposée par la CEDEAO, conformément à son calendrier électoral.
Même si cette transition a quelque peu fait preuve de laxisme jusqu’ici, tout n’est pas à lui reprocher et elle bénéficie de certaines circonstances atténuantes. Bien sûr que le retard accusé est de sa faute, car l’équipe de Choguel K. Maïga n’a pas su prendre le taureau par les cornes et démarrer sur des chapeaux de roue. Mais puisque le contrat est déjà fait, on n’y peut rien, il faut plaquer à la réalité. Réalité qui s’appelle insuffisance de temps pour pouvoir mener à bien les tâches écrasantes du moment. Ce qui implique qu’il faut nécessairement accorder un temps supplémentaire au gouvernement.
On a quelque fois l’impression que nos politiques ne sont accaparés que par une seule obsession : voir déguerpir ce gouvernement qu’ils ne semblent point gober. Quitte à faire des élections bâclées. Car la présente liste électorale est défaillante et demande à être révisé. Et cette fameuse commission électorale indépendante réclamée à cors et cris depuis des années n’est pas encore mise en place et pire, elle ne connait même pas encore un début de création. Malgré tout, on veut y aller quand même et advienne que pourra.
Aller dans ces conditions à des élections serait une vraie bavure et une catastrophe. Et ce serait précipiter le pays dans la même crise post-électorale chronique qui est son talon d’Achille.
Et forcement, on en arrive à se poser cette question épineuse : ces opposants ont-ils réellement un brin de patriotisme dans le cœur ? Si oui, pourquoi donc fermer les yeux et laisser le pays aller dans le mur en se rangeant derrière la CEDEAO, et sachant bien que toute élection crédible ne tient que par une liste fiable et une commission qui peut montrer pattes blanches en la supervisant proprement ?
One ne doit pas s’opposer pour s’opposer, mais il incombe à l’opposant (et c’est son devoir) d’apporter sa petite pierre à l’édification d’une nation à travers des propositions saines et opportunes, des recommandations de bon aloi et des conseils éclairés. Le contraire serait de la démagogie et une œuvre destructrice.
De la CEDEAO et des sanctions préconisées au dernier moment, parlons-en
Interdiction de voyager pour certains membres du gouvernement ainsi que leurs familles et gel de leurs avoirs.
Des sanctions de petits poids, car ne touchant proprement pas le pays. Reste à savoir si les dits membres du gouvernement n’ont pas déjà largué leur compte dans quelque paradis fiscal. En tout cas, c’est une probabilité, même si elle n’est tout à fait certaine. Et les dites sanctions risquent d’être un coup d’épée dans l’eau. Mais toute fois, elles pourraient quelque peu paralyser le pays si elles touchent les affaires étrangères.
Après analyse, on se rend tout de suite compte que l’instance communautaire ne fait pas l’affaire des peuples de la sous-région qu’elle a en charge de gérer. Car elle joue constamment le médecin après la mort. Inerte et impassible devant les agissements de certains hommes d’état qui torpillent la sacro-saint constitution pour s’arroger un nouveau mandat et se maintenir au pouvoir, elle laisse la situation pourrir, n’intervenant qu’au dernier moment alors que la poudrière a déjà sauté. Et prenant fait et cause pour ces dictateurs, au nom d’une prétendue démocratie.
Alors que bien avant cette même démocratie a déjà été malmenée par leurs favoris de président qu’ils protègent à tout bout de champ. Oui, eux aussi, et même après leur destitution continuent à s’arc-bouter sur cette rengaine (la démocratie) devenue une bouée de sauvetage, pour réclamer leur retour à la gouvernance et la légalité constitutionnelle. Ah ! Si le ridicule tuait ! Comme ce fut le cas d’Alpha Condé de Guinée.
Le continent est une panoplie de républiques bannières et bananier, l’Afrique est jusqu’au sommet, car même les dirigeants sont loin d’être des modèles. Et malgré tout, ce mélodrame et cette cacophonie, on aspire au développement ! C’est le comble, car sans des institutions fortes et crédibles baignant dans une démocratie sans nuage, il ne saurait guère être question de développement.
Toutes choses qui font dire sur le continent que la CEDEAO n’est qu’un syndicat de chefs d’état. En tout cas, nous n’en sommes pas loin.
Ben Diakité Ladji de Balzac

Source: LE toguna

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