Exonérations douanières des denrées : Les pertes de recettes évaluées à 18 milliards

Les mesures d’exonération du gouvernement permettent de limiter la hausse du prix des denrées importées et de maintenir les prix à un niveau moyen à légèrement supérieur à la moyenne, mais impactent significativement le budget de l’État, dans la mesure où ce dernier renonce volontairement à une partie de ses recettes douanières pour soutenir les ménages.
Les prix mondiaux des matières premières alimentaires atteignent des sommets. Depuis le mois de juin 2021, les prix de certaines denrées de première nécessité ont commencé à augmenter sur les marchés maliens comme dans plusieurs pays de l’Afrique de l’ouest. Les denrées principalement concernées sont celles alimentaires (huile, riz, lait, le poisson de mer et des produits alimentaires locaux comme la viande et les légumes). Cette hausse atypique de prix de ces produits affecte le panier de la ménagère et impacte négativement la consommation alimentaire des ménages urbains et ruraux notamment ceux qui sont les plus vulnérables.

Les productions agricoles et industrielles au Mali ne couvrent pas tous les besoins alimentaires conduisant le pays dans une situation de forte dépendance des importations alimentaires. Le Mali importe 70 % des denrées de sa consommation alimentaire la rendant vulnérable aux crises au niveau mondial avec pour conséquence une hausse des prix sur les différents marchés. C’est ainsi que la pandémie de la Covid-19 et ses répercussions qui ont entraîné des perturbations au niveau mondial: hausse du coût du transport, baisse de l’offre mondial de certaines denrées, constitution de réserves stratégiques ont impactés les pays importateurs comme le Mali.En outre, la pandémie de la Covid-19, en désorganisant les chaînes de production et de transports au niveau mondial s’est traduite par une nette augmentation des coûts de transports.
Aussi, la production locale de céréales a connu également une baisse dans nombreuses régions en raison de l’insécurité grandissante. En effet, la multiplication des attaques  s’est traduite par une réduction des surfaces cultivées par les producteurs mais également a perturbé l’accessibilité des zones de production par les commerçants et les transporteurs.
 
Une pression supplémentaire
 
Pour faire face à cette inflation galopante, le gouvernement malien a fixé des plafonds de prix pour certains produits grâce à une subvention qu’il accorde aux différents acteurs du marché. Malgré ces mesures (exonération des taxes sur le riz et le lait, distribution gratuite de céréales et d’aliments bétails, renforcement du contrôle par les brigades de la Direction Générale du Commerce et de la Concurrence) annoncées par le gouvernement malien les prix n’ont pas été réduits par les commerçants et comme arguments, ils avancent le fait que le gouvernement n’honorerait pas ses engagements.
La Douane, grande pourvoyeuse des recettes de l’Etat fournit à ce dernier les ressources financières pour qu’il parvienne à réaliser ses objectifs sur le plan de construction des hôpitaux et écoles, d’aménagement des routes, de versement des salaires aux fonctionnaires et des soldes aux militaires et aux policiers, etc. De ce fait, les pertes de recettes résultant de ces exonérations douanières évaluées à 18 milliards de F CFA qui impactent significativement le budget de l’État, dans la mesure où ce dernier renonce volontairement à une partie de ses recettes fiscales pour soutenir les ménages. Au moment où le Mali est engagé dans l’équipement de ses forces de défenses et de sécurité pour mieux faire face aux attaques jihadistes.
Ibrahim Yattara

Source: L’informateur

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