Politique et société : Tourbillons social et politique

Le tourbillon politique et social dans lequel le Mali le trouve embourbé ne semble pas avoir de fin. Car tout est pêle-mêle croisant. Les fils de la nation ne veulent pas manger à la même table et le pays est devenu une véritable foire d’empoigne. Et chacun y va de son registre dans un désordre digne d’un grand marché hebdomadaire de campagne, au lieu de se parler objectivement et en toute franchise.
Du désordre social :
Pour la première fois de sa longue histoire, le pays des grands empires connait des guerres tribales et ethniques. Dogons et peuhls, échaudés par une situation déjà tendue sur le terrain, se regardent désormais en chiens de faïence. Toujours prêts à en découdre, malgré une accalmie qui ressemble étrangement au grand calme qui prévaut avant la tempête. Car les meurtrissures d’une guerre ne s’effacent pas du jour au lendemain.
D’aucuns ont parlé d’un commanditaire tapi dans l’ombre qui actionne les fils de la division et du désordre. Et à en croire la dernière révélation d’une femme sous-officier de l’armée française, l’hexagone serait ce démon-là. Révélation  fracassante qui dépasse tout entendement et qui laisse pantois. A ses dires, la France aurait placé ses pions dans les grands centres villageois du nord pour semer la zizanie et la discorde au sein des populations, et distribuant des armes à tout vent et à profusion. Révélation qui concorde exactement avec la vision de la grande majorité des citoyens maliens qui accusent l’hexagone d’être à la base du grabuge malien.
Mais dans quel intérêt donc les « nansaras » agissent-ils ainsi, est-on tenté de s’interroger ? Il y en a sûrement un, car il n’y a guère fumée sans feu.
Ajouton à ce sombre tableau la grisaille économique qui obscurcit le ciel malien, frappant le citoyen lambda avec une rigueur qui lui coupe son latin, pour ne pas dire son bambara. Et il lui faut effectuer une acrobatie quotidienne pour tant bien que mal pouvoir joindre les deux bouts. Et pour en rajouter à une situation déjà inconfortable, le cours du marché, soudain pris de folie, ne fait que monter, prenant l’ascenseur. Le comble !
L’une des tâche des gouvernants malien, présents ou à venir, serait de s’atteler à recoudre le tissu social en lambeaux, à remailler les fibres rompues de l’existence pour pouvoir assoir une société soudée dans un espace où il fait bon vivre. Puisqu’un pays sans esprit d’unité n’en est pas un, car il ne fait que courir à sa propre perte.
Du désordre politique :
Depuis la révolution de mars 1991 et un peu sous le règne d’ATT qui a su prôner une politique consensuelle de rassemblement, les politiciens maliens n’ont jamais parlé le même langage. Sur la scène, chacun y va de son côté et sa voix dans une opposition qui ne se rassemble jamais, ne serait que sur un seul problème. Et quand d’autres, attirés par les avantages et les prébendes qu’ils pourraient en tirer, se rabattent sur le pouvoir en place, certains se contentent de seulement critiquer sans autre forme de procès et sans apporter aucune lumière qui en vaille la peine sur un sujet brûlant du moment. A preuve, le problème présent de la transition qui fait couler beaucoup d’encre.
Sur le cheminement et le travail assigné à la dite transition, aucune éclaircie de la part de cette opposition. Et si rassemblement il y a, c’est seulement pour détruire. Car comment peut-on comprendre qu’on ne propose rien de nouveau, sinon que l’équipe transitoire doit déguerpir sine die au délai fixé pour ouvrir la vanne des élections ? Des élections, rien que des élections, et advienne que pourra à l’avenir !
Or, on aurait dû s’atteler à conseiller, à épauler et à rectifier, toutes choses qui rentrent dans les prérogatives d’une saine opposition digne de ce nom.
L’opposition devrait se remettre en cause, en faisant son mea culpa, remettre de l’ordre dans ses rangs et dans ses idées pour pouvoir efficacement aider ce pauvre pays à s’en sortir.
Après le coup d’état de Amadou Haya Sanogo, on se rappelle encore du cafouillage monstre qui a prévalu. La scène politique en ébullition était devenue une véritable foire d’empoigne, divisée qu’elle était en deux clans : ceux qui se proclamaient républicain et ceux qui soutenaient le putsch. Et dans ce mélodrame, tous les coups étaient permis.
Sous d’autres cieux, l’opposition montre un autre visage. L’algérienne et la soudanaise n’ont fait qu’un seul bloc pour manifester leur mécontentement après le changement de pouvoir survenu dans ces deux pays. Il en a été même en Biolorussie, et les exemples abondent par le monde.
Ben Diakité

Source : LE Toguna

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