GUERRE DE L’OTAN AU MALI, LE PREMIER MINISTRE EN A T-IL CONSCIENCE ?

Les maliens doivent comprendre que la France a décidé d’aller ouvertement en guerre contre le Mali. Directement, en choc frontal, car les djihadistes instrumentalisés ont perdu du terrain. Dans cette guerre, elle n’est pas seule, elle bénéficie de tout l’appui de l’OTAN.

Qu’on ne s’y trompe pas, les attaques complexes qui ont visé les bases militaires de Bapho, Niono et Sevaré ne sont pas le fait de djihadistes seuls au regard de leur complexité et de la coordination de celles-ci. Ils bénéficient de soutiens en renseignements et en logistique d’une armée d’occupation défaite qui joue son va tout. Il faut semer la mort et justifier qu’elle était utile. La France a militairement échoué au Mali et s’appuie désormais sur le Niger pour sa colonisation de l’espace sahelien. Dans son repli au Niger, elle assassine froidement les témoins gênants, d’ex collaborateurs, comme c’est probablement le cas à Gossi.

Le commandant en chef des forces armées françaises fraîchement réélu, sa première tâche va être de soumette le Mali, avec l’aide du Niger dans une stratégie commune avec l’OTAN, la CEDEAO et l’UA. Ce n’est pas un hasard que Macky Sall soit à la présidence de l’Union Africaine en même temps que Macron assure la présidence de l’union Européenne.

En parfaite coordination sur le dossier Mali, l’UE et l’UA actionnent, les préfets de la France en Afrique et au sein de la CEDEAO, pour des pressions plus accrues sur les autorités de la transition afin d’obtenir d’elles, des élections bâclées dans un délai convenable à l’agenda de la France. À l’issue desquelles élections, l’homme lige de la France prendra ses quartiers à Koulouba et nous revoilà répartis pour 100 ans de servitude.

Telle que présentée, la situation est très grave, et le gouvernement doit se convaincre que le Mali est sur l’échiquier mondial de la nouvelle confrontation Est – Ouest. Une dimension apparemment ignorée ou minimisée par un gouvernement qui n’en pipe mot, et dont « l’incroyable talent est devenu l’éloquence de la parole et le mépris « .

Éloquence du premier ministre devant le CNT dans sa dimension la plus répulsive, celle de mettre entre parenthèse la vérité et ôter au simple d’esprit toute capacité de prise de parole conséquente et pertinente.

Sinon, comment comprendre la survenue des attaques complexes sus mentionnées au lendemain de la présentation d’un taux de réalisation de 87% du Plan d’Actions Gouvernemental sans qu’aucune attention n’ait été attirée sur la gravité de la situation que le pays vit. Une situation de guerre permanente entretenue par la France et la MINUSMA aux seules fins de l’hégémonie occidentale. Monsieur le Premier ministre, le CNT est le lieu idoine, plus qu’à la tribune des Nations Unies pour dénoncer cette monstrueuse hypocrisie de la communauté dite internationale et préparer les maliens à refuser cette présence inopportune et inefficace pour nos intérêts nationaux.

Éloquence pour botter en touche la vivacité encore tenace de tous les maux à l’antipode du Malikoura: le népotisme, la corruption, l’impunité et la culture de l’irresponsable plus que jamais chef à son poste, par le fait du prince! En effet, comment comprendre que les dénonciations fortes et fondées soient formulées à propos de la gestion des ressources humaines à la CANAM, et ailleurs, de l’attribution des logements sociaux et qu’aucune démission ne soit constatée dans la chaîne de décision, ni aucun acte pris pour démettre ou faire démettre?

Le mépris, quant à lui est superbe face à la requête du peuple souverain de diminuer le train de vie de l’État dans une conjoncture très difficile que ce peuple supporte par patriotisme. En plus, le mode mépris a clos les débats sur la durée de la transition à 24 mois, les revendications d’une partie non négligeable de la jeunesse pour le départ de la MINUSMA du Mali, la sortie du Mali des organisations sous régionales et de la servitude volontaire du FCFA. Pourtant, ces revendications sont une dynamique de fond dont l’approche requiert pédagogie, respect et diplomatie. Monsieur le Premier ministre, cette indignation de la jeunesse malienne et africaine est en partie votre œuvre, et est à votre honneur. Elle s’alimente désormais de votre éloquence à la tribune des Nations Unies où vous avez mis à nu la stratégie coloniale de la France. Une éloquence de bon aloi, un Choguel que le Mali et l’Afrique a découvert et adulé. Monsieur le Premier ministre, restez comme tel et cela exige de vous de prendre des virages, nonobstant votre attitude psycho-rigide face à cette idée.

Prenez le virage du « sous commandant en chef des forces armées et de sécurité  » du Mali, un pays au cœur d’une guerre planétaire malgré lui. Les bisbilles politiques ne vous siéent plus. Endossez votre tenue de guerre, rassurez les maliens.

Le Mali est agressé et menacé par l’OTAN pour son rapprochement avec la Russie. Les partenaires de L’OTAN dans cette guerre contre le Mali sont les monarchies du golfe, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Ces monarchies sont contre la Russie par atavisme, parce que la Russie ne peut être que maxiste- leniniste et athée, oubliant toute l’ouverture actuelle de cette fédération aux cultes. Alors, monsieur le Premier ministre, comptez avec les personnalités amies de ces monarchies, elles ont leur vision du Mali qui est un futur possible, aux maliens de décider que nous sommes et resterons une république laïque. Laisser ces personnalités développer une diplomatie parallèle et indépendante est porteur de risque. Le cas de Iyad AG Agaly, que l’état malien a fait domicilier en Arabie Saoudite est plein d’enseignements.

Monsieur le Premier ministre, prenez le virage de l’accalmie politique, pas à n’importe quel prix, et pas non plus avec ceux des politiciens compromis dans des affaires de corruption. Mais avec ceux qui ont été de la lutte du M5 RFP avec vous. Le pays a besoin de cette accalmie pour faire face à l’adversité. A votre décharge, monsieur le Premier ministre, rien ne justifie le silence coupable de cette classe politique face à l’agression dont le pays est victime de la part de la France, de l’OTAN et de leurs alliés les djihadistes. Choguel ou pas Choguel, la classe politique à l’unisson doit être derrière la transition dans cette guerre.

Monsieur le Premier ministre, prenez le virage de la bonne gestion des ressources humaines en toute responsabilité. La nomination à la Haute Autorité de la Communication est de votre fait, si tant est que le président vous a nommé pour la coordination de l’action gouvernementale. Ses actes vous engagent et vous devez être a même de les expliquer et les défendre, si non vous vous demettez ! En cette période de transition, les actes de nominations de hauts responsables de l’administration se doivent d’être parcimonieux, pertinents et répondre à des critères rigoureux. Ces actes vous engagent, comme le changement de direction à l’IOTA. Ce changement jure avec la volonté de bâtir un Mali nouveau. Voilà que l’on relève un Directeur Général, professeur chirurgien ophtalmologiste de sa fonction managerielle, et remplacé par une autre compétence. Normal! Mais que l’on prive ce professeur praticien d’exercer au sein de l’IOTA et qu’il soit envoyé comme simple agent de terrain dans un projet, relève de l’humiliation, de la destruction d’une carrière professionnelle, et du gaspillage des ressources humaines. Nul n’est indispensable, mais au vu du ratio Pr ophtalmologiste-population, un chirurgien est plus utile dans sa salle d’opération que sur le terrain de l’animation où les techniciens formés à cet effet excellent! A moins que le praticien renvoyé n’ait commis de fautes graves de gestion ou une faute lourde professionnelle au dépend d’un malade! Ou, possibilité en ces temps de chasse aux démocrates, qu’il ne soit poursuivi comme démocrate milliardaire ou parent de démocrate. Monsieur le Premier, la bonne gestion des ressources humaines de l’état est un facteur d’accalmie et de rassemblement. Sabaly kagni ko bai la! Dan sa go magni foy la!

Enfin, Monsieur le Premier ministre, en raison de l’ostracisme qui frappe notre pays de la part de ses voisins, pourquoi ne pas revisitez les canaux traditionnels de communication que nos différents peuples ont tissé depuis des millénaires entre eux? Vous même avez initié une rencontre avec les « légitimités traditionnelles « , il est temps de les mettre à l’ouvrage pour unifier les peuples du Sahel face à la France. Sinon, comme au temps de la pénétration coloniale, chaque pays passera sous la fourche caudine du colon, chacun à son tour et dans la plus grande solitude. Pourquoi ne pas mettre à contribution les griots, les niamakala, et autres experts traditionnels résolution de conflits pour que les peuples du Sahel comprennent les enjeux géostrategiques et comprennent à quel point des dirigeants indignes sont entrain de brader leur souveraineté? Pourquoi ne pas mobiliser les compétences de cinéastes d’un Cheick Oumar Sissoko pour faire un documentaire sur la situation actuelle du Mali à l’attention de la jeune génération malienne et africaine ? Pourquoi ne pas mobiliser nos artistes engagés et ceux de l’Afrique pour expliquer le drame que vit l’Afrique, qui n’est autre qu’un nouveau découpage du continent pour ses ressources naturelles et minières au seul profit de tiers?

Monsieur le Premier ministre, Il y’a de la marge pour la réflexion. Pour ce faire, confiez vos casquettes politiques à vos hommes de confiance et endossez une bonne fois pour toute, le boubou d’homme d’État, en alternance avec la tenue de « ‘sous commandant en chef des forces armées et de sécurité « . Revenez-vous comme celui que nous avons aimé et applaudi à la tribune des Nations Unies. Faites nous oublier votre image de politicien en baggare au M5 RFP.

Que Dieu vous inspire en ce mois béni de Ramadan.
Que Dieu ait sous sa protection la transition.
Que Dieu bénisse le Mali.
Seydou Traoré, ancien ministre.

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