Mines:Hamadoun Cisse Directeur Général de L’IMS à cœur ouvert

Un nombre élevé d’entreprises maliennes dans le secteur minier. Tel est le souhait de la population et du gouvernement de la Transition. C’est ce qu’on appelle le contenu local, comme vous le savez certainement, ce sont les entreprises locales qui travaillent en sous-traitance ou en partenariat avec les grandes sociétés minières, produisant ainsi des emplois pour les Maliens, notamment la jeunesse, et contribuant ainsi à l’essor de notre économie.Mining News Magazine est allé à la rencontre de M. Hamadoun Cissé, directeur général de l’entreprise malienne Inter-Mining Services, pionnière du contenu local depuis plus d’une décennie.Mining News Magazine : IMS est aujourd’hui une entreprise qui relève du Contenu Local.Vous travaillez avec les grandes sociétés minières maliennes et celles de la sous-région.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités ?Alor tout d’abord je tiens à vous remercier pour l’opportunité que vous m’avez offerte, d’être ici présent aujourd’hui et d’échanger par rapport au contenu local malien. Inter Mining Services est une entreprise de sous-traitance minière. Nous intervenons dans tous les secteurs d’activités minières, notamment l’exploration, la construction et le développement minier, l’exploitation et la réhabilitation minière. C’est une structure malienne de promoteurs maliens connus dans le secteur qui évolue au Mali et dans les autres pays de la région Ouest Africaine. Nous travaillons avec 5-6 sociétés locales et étrangères. C’est une structure qui est spécialisée dans l’exploration. Dans l’exploration nous faisons des prélèvements d’échantillon pour l’exploration et la construction, nous aidons les mines à construire de nouvelles mines et le développement de la mine. Dans l’exploitation, nous assistons les mines dans la phase d’exploitation, ce qu’on appelle Load and hold dans tout le secteur minier. Au-delà de l’exploitation, nous faisons aussi la réhabilitation, on remet la mine à son état naturel. C’est un pionnier de la sous-traitance malienne au jour d’aujourd’hui. Vous êtes au début et à la fin de la vie de la mine ?Effectivement, sur toute la chaîne, comme on le dit en anglais c’est un one service key [ndlr : service clé en main] donc nous venons dès le début, au milieu, jusqu’à la fin et c’est cela qui fait un peu la particularité de Inter Mining Services. Vous travaillez donc dans tous les domaines ? Oui dans tous les domaines je dirais, nous mettons à disposition des engins lourds. Vous savez le secteur des mines c’est surtout le personnel et les équipements donc nous mettons à disposition ces équipements et une certaine expertise locale pour la construction, l’exploitation et la réhabilitation. Aujourd’hui, 40% de vos investissements étaient dans la sous-région. Pourquoi ce choix d’opérer dans d’autres pays de la sous-région où vous êtes très actifs d’ailleurs, plutôt que d’investir à 100% sur le plan National pour ajouter davantage une chaîne de valeur à l’économie malienne, afin que l’or du Mali brille davantage les Maliens ? C’est une excellente question, vous savez le Mali a commencé l’exploitation de ses mines dans les années 80 peut-être même avant. De par ces années, nous avons acquis de l’expérience locale, du savoir-faire malien. Ce savoir-faire malien est mis à la disposition des sociétés minières. Quand nous faisons leurs activités ici, ces sociétés qui ont d’autres opportunités dans d’autres régions telles que la Côte-d’Ivoire, le Sénégal ou la Guinée nous sollicitent pour y aller avec eux afin de leur donner le même service que nous leur proposons au Mali. En gros, nous sommes sollicités pour aller avec eux et c’est dû au fait que nous avons acquis de l’expérience. Le Mali est un peu en avance dans la sous-traitance minière, comparé aux autres pays de la sous-région. Nous apportons notre expertise et nos compétences dans ces autres pays pour les aider eux aussi dans le développement du secteur minier. Même à l’étranger vous participez à la bonne image du Mali en quelque sorte.Oui bien sûr. De mon point de vue ce n’est pas seulement l’or ou le coton qu’il faut exporter c’est aussi participer à l’intégration régionale comme on l’a toujours dit. On le dit dans les textes mais il faut aussi le faire en pratique. Donc c’est ce que nous faisons à IMS, nous contribuons au développement Malien et de ces pays et nous insistons à ce que ces pays aient une industrie minière aux mêmes standards que le Mali.A l’instar d’IMS, comment une entreprise malienne peut-elle arriver à s’imposer auprès des grandes sociétés minières étrangères présentes au Mali ?C’est la qualité de service que nous leur proposons. IMS a mis un accent particulier sur la qualité de service qu’il propose à ses clients. Ces sociétés minières sont très exigeantes en termes de qualité, de normes et de procédures donc IMS développe en interne le coaching, c’est-à-dire que nous suivons régulièrement nos procédures, nous nous assurons que nous livrons un service de qualité en fonction des engagements que nous avons envers notre clientèle et nous nous assurons que les projets et les opportunités sur lesquelles nous travaillons avec nos clients soient livrés dans les délais et les budgets. Cela fait une très grande différence et cela a un impact positif chez notre clientèle. Une clientèle contente et heureuse d’un service donné sera un client de demain et d’après-demain et ainsi de suite. Un client qui n’est pas satisfait de votre prestation ne vous reviendra jamais donc ici à l’IMS nous avons un service client et satisfaction complet. Nous suivons notre client depuis les négociations jusqu’à la livraison du produit fini et ça fait une très grande différence. C’est ce qui nous différencie de nos concurrents. Notre servie qualité est irréprochable et nous faisons en sorte qu’à chaque fois qu’un client a une opportunité, il soit totalement satisfait. Comment faites-vous pour assurer un service optimal à vos clients ?Cela passe par la formation et le coaching. Nous suivons de près tout ce que nous faisons sur le site. Nous surveillons les employés, nous leur donnons des formations en termes de qualité, en termes de services et même en termes de communication parce qu’il faut savoir communiquer proprement avec le client pour que le client sache ce que vous faites et que le client sache ce que vous devez faire. Donc, tout cela est suivi à la lettre et notamment en interne. Nous avons des équipes spécialisées en design, conception et exécution qui s’assurent que les actions se fassent correctement en fonction des procédures qui ont été accordées et acceptées entre les deux parties. Avec votre expérience dans le secteur minier au Mali et à l’étranger, selon vous l’or brille-t-il pour le Mali ?Je crois que l’or brille déjà pour le Mali, il faut juste repenser à la manière de faire briller davantage l’or pour le Mali. Si vous regardez un peu l’économie malienne, ce sont les secteurs miniers et de la télécommunication qui sont les secteurs phares de l’industrie et qui participent à l’économie nationale. Donc, pour que l’or brille davantage, il faut que les Maliens s’impliquent. Avant d’approfondir, voici quelques chiffres, l’industrie minière c’est 10% du PIB malien et 400 milliards de Fcfa de contribution au budget de l’Etat. Ce n’est pas à négliger. Et ça ce sont les chiffres des sociétés minières étrangères. Si on y ajoute le contenu local, je suis sûr que nous allons au-delà de ces 10 % du PIB et même au-delà des 400 milliards que nous contribuons au budget de l’Etat. Quand je dis que le Malien doit contribuer davantage pour que l’or brille plus pour le Mali, il s’agit de plusieurs phases. J’avoue que nous avons certaines difficultés à embaucher certaines expertises ici au Mali, dans la construction et l’exploitation minière, nous sommes obligés de faire venir ces compétences de l’extérieur du Mali pour accompagner et soutenir nos activités sur nos projets dans nos différents sites miniers. Donc j’invite la jeunesse malienne à se former, à s’informer et se renseigner sur certains postes et certains rôles qu’ils pourraient jouer dans les mines. Là on pourra les embaucher localement et les coacher davantage. J’ai l’impression que les jeunes partent souvent vers des métiers assez faciles alors que ce sont des métiers plutôt difficiles au niveau de l’embauche. Nous avons des jeunes assis à la maison qui ne travaillent pas. Je pense que les jeunes doivent s’informer et s’orienter vers ce secteur pour avoir plus d’opportunités afin de pouvoir s’intégrer dans le métier pour plus d’acteurs dans cette industrieD’autre part, ces jeunes peuvent être entrepreneurs, il ne faut pas avoir peur de l’entrepreneuriat et se dire qu’il est mieux de travailler pour quelqu’un pour avoir un salaire fixe. Il faut que les jeunes soient entrepreneurs, qu’ils soient ambitieux, qu’ils aillent vers des métiers de sous-traitance minière. Il y a beaucoup d’opportunités, au-delà de la construction minière, il y a d’autres opportunités à exploiter. Par exemple, le service traiteur, tous les travailleurs des mines doivent manger à un moment de la journée et pourtant ce service n’est pas développé dans la sous-traitance aujourd’hui. Les jeunes devraient voir comment ils pourraient proposer d’autres services de sous-traitance de prestations minières pour élargir encore ce contenu local national.Les formations dans le secteur existent-elles ? Et sont-elles accessibles ?Il y a déjà un début de projet dans ce sens, pour orienter les jeunes vers les métiers de la mine. Il y avait il y a quelques années un projet d’école de formation minière, je crois même qu’il y a eu la pose de la première pierre de cette école. Malheureusement je n’ai pas entendu de suite quant à ce projet [Ndlr : Le projet de e l’Ecole Africaine des Mines du Mali, initié par l’Etat en 2017, est toujours en cours]. Je crois que c’est là que l’Etat doit assister ce secteur, en s’assurant que cette école est bien construite et que les gens ont accès à cette école, puis que celle-ci ait une formation adéquate qui oriente les jeunes vers des spécialités qui donnent des opportunités dans les mines. Comme par exemple des ingénieurs géologues, ingénieurs topographiques, génie civil, ingénieurs mécaniques, etc. Ce sont des métiers qui recrutent dans les mines et ce sont ces métiers vers lesquels il faut aller. Pour vous les solutions pour que l’or brille davantage pour le Mali seraient donc plus de formations dans les métiers du secteur et la mise en avant de l’entrepreneuriat dans la sous-traitance ?Pas seulement ça, même dans l’entrepreneuriat, il faut respecter les standards et savoir se mettre dans les normes. Les mines sont très exigeantes, et c’est une bonne chose car grâce à cela on travaille mieux, plus prudemment, ce sont ces standards qu’il faut respecter, pas seulement au niveau national, mais des standards internationaux. Si vous pouvez répondre à toutes les exigences de ces standards, vous aurez des opportunités et des portes ouvertes dans ces mines. Cela va donc au-delà de la création d’entreprise. Il faut se renseigner, approcher les mines pour connaitre les standards et savoir s’adapter.Un message de fin ?Nous avons un pays très riche, avec du potentiel. Très souvent nous entendons que le Mali est un pays pauvre, mais nous disposons de ressources qui peuvent amener des changements concrets dans notre pays. J’invite nos opérateurs économiques à investir dans ce secteur, La majeure partie des mines au Mali sont exploitées par des sociétés étrangères, j’aimerais voir des structures maliennes exploiter à 100% nos ressources minières maliennes. Là, l’or brillera encore plus pour le Mali. Et le Mali profitera davantage de ses ressources naturelles minérales. Les Maliens sont courageux, dynamiques et compétents, nous devons avoir confiance en nous-même, nous mettre dans les normes internationales et exploiter nos ressources. Les pays comme le Qatar et l’Arabie Saoudites exploitent simplement leurs propres ressources or nous avons aussi nos ressources ; pourquoi ne pas les mettre en valeur ? Pourquoi ne pas les exploiter et ouvrir notre propre mine ? On peut travailler en collaboration avec ces sociétés minières étrangères et exploiter notre propre mine. Prenons le cas du Zimbabwe qui a développé sa petite mine et aujourd’hui 60% des mines appartiennent au Zimbabwe. Ils ont juste commencé en développant leurs petites mines. C’est un exemple à suivre pour que le Mali devienne un pays prospère et développé et nous pourrons faire ce que nous voulons de nos ressources.

Retrouvez l’intégralité de cette interview en images sur notre page Facebook http://facebook.com/MiningNewsmagazine

Articles associés