Entretien exclusif : « Pour ce référendum constitutionnel, il ne fait aucun doute à mon avis que le Oui l’emportera », Mamadou Naman KEÏTA, Haut fonctionnaire de l’État, Vice-président du Grand Forum du Mandé, Cadre du Mandé.

Questions du Journal L’ÉLITE à Monsieur Mamadou Naman KEÏTA, Haut fonctionnaire, Officier de l’Ordre National du Mali

1- Que pensez-vous de la date du 18 juin retenue pour le référendum constitutionnel ?
Tout d’abord, permettez moi d’adresser mes sincères remerciements à votre organe pour l’opportunité qu’il m’offre de m’exprimer sur cette question majeure d’actualité et d’intérêt national.
A la date du 18 juin 2023, il faudrait tenir ce référendum constitutionnel, il y va de la crédibilité de notre pays et c’est bien jouable malgré quelques difficultés à surmonter. Le démarrage des épreuves du baccalauréat le lendemain et la période hivernale ne sont pas en réalité des obstacles. Au regard du temps imparti, pour l’organisation matérielle des votes, l’AIGE et le ministère en charge de l’administration territoriale devront mettre beaucoup plus à contribution les Collectivités locales.

2- pensez-vous que la campagne pour le référendum sera couronnée de succès ? C’est a dire le OUI pourra gagner sur le NON?
Pour ce référendum constitutionnel, il ne fait aucun doute à mon avis que le Oui remportera. La vulgarisation du projet de la nouvelle constitution est suffisamment bien en cours et la période de la campagne sera mise à profit pour convaincre d’avantage les populations de la pertinence pour le Mali de franchir ce cap de changement constitutionnel.

3- Pensez-vous que le référendum pourra se tenir dans tous les régions sans exception ?
Vous verrez bien, le référendum se tiendra le 18 juin dans toutes les régions sans exception, d’autant plus que le projet de la nouvelle constitution prend suffisamment en compte les préoccupations des régions potentiellement hostiles. En revanche, je ne dis pas que ça pourrait se tenir dans toutes les localités du pays ! Mais il faudrait accepter le compromis du vote sur l’essentiel du territoire.

4- Cette nouvelle constitution n’est-il pas un moyen pour maintenir encore plus longtemps les autorités actuelles au pouvoir ?
Non moi je ne crois pas en cela. Vous savez, accordons aux autorités actuelles la sincérité de leur bonne foi et de leur volonté a poser les jalons de la refondation de notre pays. Le Mali Koura auquel le peuple aspire passe obligatoirement par le changement constitutionnel et le mérite de la réussite de ce changement reviendra, j’en suis persuadé, à elles. Après les populations décideront de qui conduira les destinés de ce nouveau Mali et il faudra respecter ce que sera le choix des populations qui s’exprimeront évidemment très librement à travers les votes dont chacun est seul maître pour soit.

5- Quels sont les changements majeurs qu’apportera la nouvelle constitution et qui répondent aux aspirations du peuple malien ?
Vous savez, c’est très difficile d’apprécier les aspirations d’un peuple en général ! Mais, la bonne gouvernance, la cohésion sociale, la paix, la sécurité, le bien-vivre et le bien-être sont des concepts auxquels notre peuple aspire profondément et le projet de la nouvelle constitution traite assez suffisamment ces concepts. Il appartiendra aux futurs gouvernants de les concrétiser.

6-quel est votre point de vue sur les problèmes contradictoires lié à la laïcité ?
Sur la question de la laïcité, à mon avis le débat en cours est très pertinent à cause de la quasi inexistence d’une définition précise de ce mot. Toutefois, tel que le projet de la nouvelle constitution le décrit en son article 32, l’Etat ne doit en aucune manière s’opposer au libre exercice des pratiques religieuses, à tout moment et en tout lieu, tant qu’elles n’offensent pas autrui. Dès lors, je ne vois pas honnêtement pourquoi une religion, de surcroît très très majoritaire et au plus fort potentiel électoral, s’inquiéterait que ce concept soit porté dans la constitution. Il faudrait donc suffisamment expliquer les nuances apporter dans le projet de la nouvelle constitution par rapport aux concepts académiques se rapportant à la laïcité.

7-Est-ce que c’est une nouvelle constitution qui peut changer le Mali ou faut-il réellement que ce soit le malien même qui change en premier ?
La nouvelle constitution ne suffira pas pour changer le Mali. Toutefois elle posera les jalons nécessaires à un changement profond du Mali. Et pour conduire ce changement dans les limites des jalons, il faudra une gouvernance vertueuse, donc par des cadres (qui ont du savoir et non des diplômes), intégrés, compétents et épris de justice sociale. C’est à ce pris que le le Mali et les maliens en général changeront.

8-Quelles sont vos perspectives pour l’avenir immédiat et à long terme de notre pays ?
C’est de servir jusqu’à la fin de mes jours mon pays et mes terroirs pour leur épanouissement et leur développement au profit des populations.

Articles associés