« Tensions diplomatiques entre le Mali et l’Algérie : un drone au cœur d’une crispation régionale

Les relations entre le Mali et l’Algérie connaissent un nouvel épisode de tension suite à la destruction d’un drone malien à proximité de la frontière algérienne. L’incident, survenu le 1er avril 2025 dans une zone sensible du nord-est malien, a immédiatement suscité la réaction d’Alger, qui a dénoncé une violation de son espace aérien et convoqué l’ambassadeur malien pour s’expliquer.
Ce drone malien, opéré par les Forces armées maliennes (FAMa), aurait poursuivi une mission de surveillance dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes actifs dans la région de Kidal et Ménaka. Selon les autorités maliennes, l’appareil n’aurait jamais franchi la ligne frontalière, mais aurait évolué à « proximité immédiate », dans un contexte de traque d’éléments hostiles opérant dans la bande sahélo-saharienne.
L’Algérie, de son côté, affirme que le drone a brièvement pénétré son espace aérien, ce qui constitue pour elle une entorse aux conventions internationales et un acte perçu comme « provocateur » dans un contexte où la confiance bilatérale est fragilisée.
Depuis la dénonciation par le gouvernement malien de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger signé en 2015, les rapports entre les deux pays se sont refroidis. Bamako reproche à Alger un manque d’impartialité dans la médiation avec les groupes armés du nord, tandis qu’Alger reste préoccupée par l’instabilité grandissante aux abords de sa frontière sud.
Cette nouvelle affaire vient s’ajouter à une série de malentendus et de suspicions, alimentées par les recompositions géopolitiques au Sahel, notamment le rapprochement stratégique du Mali avec des puissances comme la Russie, au détriment de ses partenaires traditionnels.
Cet incident pourrait avoir plusieurs répercussions, notamment : une militarisation accrue des frontières, une restriction davantage des options diplomatiques du Mali qui est déjà en délicatesse avec la CEDEAO, l’Union européenne et la France et une fragilisation de la coopération régionale antiterroriste étant donné qu’une mésentente persistante entre ces deux piliers sahéliens nuirait à toute coordination sécuritaire efficace contre les groupes jihadistes.
Pour désamorcer cette tension et préserver les intérêts des peuples malien et algérien, plusieurs approches peuvent être envisagées, notamment : la réactivation des canaux diplomatiques bilatéraux à travers une réunion urgente des ministres des Affaires étrangères sous médiation neutre (UA, ONU) qui pourrait permettre d’aplanir les malentendus, la création d’un mécanisme conjoint de surveillance frontalière pour éviter les incidents futurs par la mise en place d’une commission technique de coordination des mouvements militaires à proximité de la frontière, la relance d’un dialogue sur la sécurité régionale par l’organisation d’un sommet AES-Algérie élargi à d’autres partenaires régionaux, ce qui pourrait aider à redéfinir une stratégie commune contre le terrorisme, la valorisation des intérêts communs par les échanges économiques transfrontaliers, la lutte contre la migration clandestine, le développement des zones frontalières, autant de dossiers pouvant rapprocher les deux États autour de projets mutuellement bénéfiques.
L’incident du drone malien à la frontière algérienne met en lumière la fragilité des équilibres diplomatiques au Sahel. Il rappelle aussi l’urgence de renforcer le dialogue et la coopération entre pays voisins dans une région où la stabilité de l’un conditionne la sécurité de tous. Pour le Mali et l’Algérie, il ne s’agit pas seulement d’éviter un nouvel affrontement diplomatique, mais de redonner un souffle à une relation stratégique qui, au fil du temps, s’est trop abîmée.

LA RÉDACTION MANDEINFOS »

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