À l’occasion de son cinquantenaire, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a organisé un sommet exceptionnel à Abuja, capitale fédérale du Nigéria. Ce rassemblement historique a servi de plateforme de bilan critique et de projection ambitieuse pour une organisation confrontée à de nombreux défis internes mais animée par une volonté renouvelée de refondation.
Bilan d’une institution à la croisée des chemins :
Fondée en 1975, la CEDEAO a permis des avancées notables dans l’intégration économique, la libre circulation des personnes, le soutien à la démocratie et la coordination monétaire dans la région. Toutefois, les crises politiques récurrentes (au Mali, Burkina Faso, Guinée, Niger) et les tensions sécuritaires croissantes au Sahel ont récemment mis à mal son autorité et son efficacité, appelant à des réformes profondes.
Les grands axes de discussions stratégiques :
Renforcer la démocratie à travers la création d’un Observatoire régional des transitions politiques chargé de la surveillance, du dialogue et de la médiation proactive.
Accélérer l’intégration économique régionale par : la Relance du projet de monnaie unique “ECO”, avec une nouvelle échéance fixée à 2030 ; le Renforcement des infrastructures douanières, portuaires et routières, ainsi que l’harmonisation fiscale ; l’Appui aux PME et à l’industrialisation régionale.
Renforcer la sécurité collective par : la Mobilisation d’une Force d’intervention rapide de la CEDEAO ; la Création d’un Fonds spécial de défense régionale, en réponse à la montée du terrorisme et des insécurités transfrontalières.
Répondre aux besoins de la jeunesse ouest-africaine à travers : le Lancement d’un plan d’emploi régional pour la jeunesse avec l’objectif de 10 millions d’emplois à l’horizon 2035 ; la Mise en place d’incubateurs numériques régionaux et de pôles de formation technique.
Moderniser l’institution à travers : la Révision en profondeur du Traité fondateur de Lagos (1975) ; la Redynamisation de la Commission de la CEDEAO pour la rendre plus efficace, transparente et indépendante financièrement (contribution à 1 % du PIB des États membres) ; le Développement d’un plan stratégique CEDEAO 2075, avec une vision à long terme intégrant les transitions écologiques, numériques et démographiques.
Décisions et recommandations majeures adoptées : L’Adoption d’un “Pacte de stabilité régionale” visant à décourager les prises de pouvoir par la force ; l’Institutionnalisation d’un mécanisme permanent de dialogue avec les sociétés civiles et les diasporas ouest-africaines ; l’Engagement formel à ne pas se retirer de l’organisation sans processus multilatéral, suite aux velléités de retrait exprimées par certains États ; la Reconnaissance du rôle des femmes et des jeunes dans la stabilisation régionale, avec des quotas revus à la hausse pour les nominations régionales.
Vers un nouveau chapitre pour l’Afrique de l’Ouest :
Cette célébration des 50 ans de la CEDEAO fut à la fois réflexive et résolument tournée vers l’action. Les États membres ont collectivement admis que l’heure n’était plus aux simples déclarations, mais à des réformes profondes, inclusives et durables pour que la CEDEAO puisse redevenir une force motrice d’intégration, de stabilité et de développement dans l’espace ouest-africain.
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