C’est hier en début d’après-midi que le Premier ministre français, Edouard Philippe, a bouclé sa visite de trois jours dans notre pays. A la tête d’une importante délégation, l’hôte de marque a été accueilli vendredi soir par son homologue, Soumeylou Boubèye Maïga.
Samedi à la mi-journée, le chef du gouvernement français a eu un tête-à-tête de près d’une heure avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, au Palais de Koulouba. Edouard Philippe et le chef de l’Etat ont eu ensuite un autre entretien, en présence du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et des ministres maliens et français.
Au terme de l’audience, la ministre française des Armées a qualifié d’excellent l’entretien avec le président Ibrahim Boubacar Keïta qui, a-t-elle dit, est très investi dans la lutte contre le terrorisme. “Le président Keïta a eu des mots émouvants, nous demandant de remercier les forces françaises qui sont à l’origine de grandes victoires au cours de ces derniers jours dans la lutte contre le terrorisme au Sahel”, a confié Florence Parly. En marge de cette audience, l’artiste Toumani Diabaté a remis au chef du gouvernement français une Kora.
Juste après, les deux Premiers ministres se sont rendus dans la salle des Banquets du Palais de Koulouba pour un déjeuner, en compagnie des ministres, des diplomates, des chefs militaires et des opérateurs économiques des deux pays. Plusieurs interventions ont meublé ce déjeuner dont “le plat de résistance” était constitué des questions sécuritaires et économiques.
Premier à s’exprimer, le chef du gouvernement malien a expliqué que cette visite de son homologue français a donné l’opportunité d’un échange de très haut niveau sur les perspectives de coopération entre nos deux pays. Selon Soumeylou Boubèye Maïga, les défis et épreuves que nous continuons d’affronter, et de surmonter progressivement, ne nous font pas perdre de vue deux nécessités.
“La première est que tout en consacrant aux urgences, comme la sécurisation totale de notre pays et la résolution des tensions intercommunautaires en particulier dans le Centre, l’attention qu’elles nécessitent, il nous est absolument indispensable de porter un remède dès maintenant et de manière durable aux carences institutionnelles et de gouvernance qui ont favorisé la crise politico-sécuritaire de 2012”, a-t-il développé.
La seconde nécessité, a-t-il poursuivi, porte sur le fait que nous ne devons pas laisser se créer dans notre pays de nouvelles fragilités socio-économiques qui remettraient en cause les efforts consentis. Pour prendre en charge ces deux nécessités, a proposé le Premier ministre, il nous faut déjà engager les chantiers qui maintiendront le Mali en nation debout. En dépit des vicissitudes, a assuré Soumeylou Boubèye Maïga, l’Etat continuera de maintenir son adhésion loyale et inconditionnelle à l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Il a aussi rendu hommage à l’engagement résolu de la France aux côtés du Mali et salué les victoires patiemment construites contre un ennemi aujourd’hui affaibli et désorganisé mais toujours dangereux.
COMBATTRE LE TERRORISME – A sa suite, le Premier ministre français a rappelé que son pays a décidé d’engager ses militaires pour livrer un combat d’intérêt commun sur notre territoire. “Ce combat, nous le livrons, nous obtenons des succès, nous allons continuer à le livrer dans le même esprit de confiance et de détermination. La dimension sécuritaire de la relation entre la France et le Mali est évidente”, a affirmé Edouard Philippe.
Pour lui, la sécurité, ce n’est pas simplement l’affaire des militaires, c’est aussi la préparation de l’avenir. La sécurité de demain, a-t-il expliqué, c’est l’éducation, c’est le développement économique, c’est la planification urbaine, c’est l’équipement de nos villes, c’est la modernisation de nos campagnes. “C’est donc à un déjeuner de combat que je vous invite, de combat pacifique, de combat amical, mais de combat conscient que ce que nous faisons aujourd’hui et ce que nous allons continuer à faire ensemble est essentiel pour l’avenir de nos démocraties, et surtout pour l’avenir de nos enfants”, a lancé l’illustre visiteur.
Pour sa part, le président du Conseil des chefs d’entreprise français d’Afrique de l’Ouest, Bruno Mettling, a indiqué que construire la paix, c’est évidemment construire les réponses économiques qu’attend en particulier la jeunesse du Mali. Selon lui, les priorités contenues dans la feuille de route que le MEDEF et le Patronat malien viennent de signer ont trait à l’agriculture, à l’enjeu du numérique, à l’énergie et aux infrastructures urbaines.
Le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), Mamadou Sinsy Coulibaly, a de son côté rappelé que le secteur privé étant le garant de la croissance économique, le rôle des entreprises est crucial dans la résolution des causes des conflits.
Au plan politique, a-t-il soutenu, l’implication du secteur privé africain dans l’élaboration et la mise en oeuvre de documents de politique publique pourrait aider les pouvoirs publics à instaurer la bonne gouvernance.
“La mise en oeuvre du DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion) doit se faire par les pouvoirs publics et le secteur privé.
Au plan économique, les entreprises peuvent contribuer à la consolidation de la paix, en investissant, en créant des emplois, en assurant la formation des anciens combattants afin de faciliter leur réinsertion dans le système économique, bref en donnant aux populations des raisons d’espérer et de croire à un avenir radieux”, a suggéré le patron des patrons maliens.
Le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Roux, a révélé que la politique de développement française accordera la priorité au Sahel, et en particulier au Mali. “Cela se constatera dès 2019 par une enveloppe accrue en subvention de 85 millions d’euros dans la perspective d’un doublement de nos financements dans les prochaines années”, a-t-il annoncé.
Bouclant le chapitre des interventions, le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé a rappelé qu’il a été décidé d’inscrire ce cadre de partenariat dans l’esprit et les principes qui sont à la base de l’initiative française “l’Alliance Sahel”. “Nous avons décidé d’inscrire ce cadre de partenariat en essayant de mettre au coeur de notre action, l’entreprise ou les acteurs économiques de nos différents pays. Et que le secteur privé puisse être au coeur de la relation entre la France et le Mali. La France est un partenaire de référence dans le développement aujourd’hui au Mali, et il a été décidé de la faire passer au premier rang en termes d’investisseurs étrangers dans notre pays”, a détaillé le patron de l’Hôtel des Finances.M
Source: Essor