Manifestation de la jeunesse de Tombouctou hier contre l’état de leur route : «Nous exigeons le prolongement de la route de centre-ville au quai de Kabara, du rond-point à Koriomé afin de soulager les populations»

Hier, mercredi 21 août 2019, le Collectif Action Citoyenne de Kabara de la Région de Tombouctou a battu le pavé pour exprimer son regret et son incompréhension par rapport aux travaux concernant seulement sur le tronçon centre ville- aéroport sur la route reliant Kabara au centre ville de la commune urbaine de Tombouctou. Les manifestants dénoncent les travaux sur cette partie (aéroport- centre-ville) qui, selon eux, ne sont pas réalisés au bénéfice de l’ensemble des populations de la commune. En outre, les manifestants considèrent les travaux sur ce seul tronçon aéroport- centre ville comme symbole de l’exclusion, de la discrimination voire du mépris à l’égard des populations du quartier Kabara. A cet effet, ils ont demandé aux décideurs de corriger « cette injustice ». « Nous exigeons le prolongement de la route de centre-ville au quai de Kabara, du rond-point à Koriomé afin de soulager ces braves populations évitant ainsi à de nombreux jeunes de basculer dans la violence », soulignent les organisateurs de la marche.

«Non à l’exclusion de Kabara. Elus communaux prenez vos responsabilités en exigeant la totalité du tronçon Tombouctou-Kabara-Koriomé », c’est ce qu’on pouvait lire sur la banderole que tenait les manifestants hier dans la journée. Cette marche pacifique de protestation a débuté à Kabara pour prendre fin à la Mairie de Tombouctou. Arrivée à la Mairie, les manifestants ont remis leur Mémorandum au troisième adjoint au maire de Tombouctou.

Dans ce Mémorandum, les jeunes de Tombouctou, particulièrement ceux du quartier Kabara disent avoir constaté avec regret et incompréhension les travaux sur le tronçon centre ville- aéroport sur la route reliant Kabara au centre ville de la commune urbaine de Tombouctou. Ils rappellent que Kabara, porte d’entrée de Tombouctou avec son quai, ses plaines rizicoles et ses jardins maraichers, est incontournable dans l’économie de la commune urbaine de Tombouctou fondé, 33 ans avant Tombouctou ville.

Les manifestants rappellent aux autorités politiques et administratives de la commune de Tombouctou que malgré toutes les humiliations auxquelles les braves populations de ce quartier meurtri ont fait et continuent de faire l’objet, elles sont restées dignes à toute épreuve et profondément attachées au respect des principes démocratiques en contribuant au développement de la commune. «Conscients de la souffrance de l’ensemble des usagers de cette route : paysans des différents quartiers, les maraichers pour écouler leur production au centre ville, les transporteurs, les charretiers, les poissonniers qui ne ménagent aucun effort pour approvisionner le marché ; nous dénonçons les travaux sur cette partie (aéroport- centre ville) qui ne sont pas réalisés au bénéfice de l’ensemble des populations de la commune mais au compte des bourgeois dirigeants qui voyagent à travers les vols de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) et de celle- ci dont la base se trouve aujourd’hui au niveau de l’aéroport », a souligné Mahamane Touré dit Camus qui a lu le mémorandum. Par ailleurs, les manifestants dénoncent l’instrumentalisation de femmes du quartier par les acteurs impliqués dans la réalisation de ces travaux lors de la cérémonie de lancement avec une banderole pour soutenir lesdits travaux sur le tronçon.

En outre, ils considèrent les travaux sur ce seul tronçon aéroport- centre ville comme symbole de l’exclusion, de la discrimination voire du mépris à l’égard des populations du quartier Kabara et tous ceux dont les moyens de subsistance les obligent à aller au-delà de l’aéroport. « Fort de tous ce qui précède, nous demandons aux autorités communales, administratives de notre commune de faire preuve de plus de considération et d’inclusivité dans leurs décisions afin que les populations de l’ensemble de nos quartiers soient au même niveau de bénéficier des mêmes services ; de prendre toutes les mesures nécessaires avec le partenaire financier pour une réhabilitation complète de ladite route ; de prendre en compte des populations semi-urbaines dans l’élaboration de toutes les politiques de développement ; de mettre en place d’un cadre de dialogue et de plaidoyer auprès des bailleurs pour un développement infrastructurel inclusif et adéquat de la commune urbaine de Tombouctou », soulignent les manifestants.

Les marcheurs invitent la Minusma à « corriger cette injustice qui ne fait que diviser les populations unies depuis l’aube des temps par le sang, l’histoire et la géographie et accentuant ainsi le sentiment d’exclusion, d’abandon et de mépris quand son mandat l’oblige à recoudre le tissu social mis à mal par des tels agissements et qui a conduit le pays dans une situation d’instabilité. Nous exigeons à cet effet le prolongement de la route de centre ville au quai de Kabara, du rond-point à Koriomé afin de soulager ces braves populations évitant ainsi à de nombreux jeunes de basculer dans la violence, le mépris des autorités et de la loi parce que se sentant discriminer».

Toutefois, les jeunes de Kabara restent ouverts au dialogue avec les autorités politiques et administratives et avec les partenaires pour ensemble cheminer au bénéfice des populations. Enfin, les manifestants se réservent le droit d’user de tous les moyens légaux et démocratiques pour faire aboutir leurs doléances.

Aguibou Sogodogo

Source: Le républicain

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