Déjà visé par une enquête au Pôle économique et financier de Bamako pour soupçons de corruption, Me Baber Gano fait l’objet d’une nouvelle plainte d’enrichissement illicite. La plainte émane du Syndicat autonome de l’Office du Niger (Saon).
A la date du 24 septembre 2019, une plainte destinée à lui et les autres sous le numéro 0211, a été déposée sur le bureau du procureur anti-corruption, par le Syndicat autonome de l’Office du Niger (Saon), selon un communiqué publié par ce syndicat.
Selon ses accusateurs, Me Baber Gano aurait reçu un virement bancaire de 5 millions de F CFA, sur son compte privé de la société dont son cabinet est le conseil.
Le même syndicat l’accusait, en mai 2019, de s’être fait rétribuer à plus de 400 millions de F CFA pour justement avoir dénoué un contentieux entre l’INPS et le service des impôts. Alors que son cabinet est signataire du contrat d’assistance judiciaire n°0020 du 1er avril 2015, il reçoit le 9 août 2019 un virement bancaire d’un montant de 5 millions de F CFA, dans son compte personnel à la Banque Of Africa payé dans le cadre de ce contrat.
Son prédécesseur Me Amidou Diabaté faisait la même mission à 10 millions de nos francs (de 1994 à 2015). Nommé ministre en 2016 dans le gouvernement Abdoulaye Idrissa Maïga, Me Gano parvient à se taper plus de 400 millions en dehors de son contrat normal et sur des bases douteuses. Ce dossier se retrouve sur la table de l’Autorité de régulation des marchés publics et des délégations des services publics (ARMDS). Le président de cette instance en prend connaissance et y voit des irrégularités liées à un marché taillé sur mesure et sans appel à concurrence. Le procureur anti-corruption, à l’époque Mamadou Bandiougou Diawara est saisi.
Dans la foulée, Me Baber Gano voyant le tourbillon de loin fait tout pour entrer dans le gouvernement Dr. Boubou Cissé du 5 mai 2019 au nom de son parti le RPM. Au même moment le procureur Diawara avait commencé ses auditions.
Après avoir auditionné le secrétaire du Saon, Moustaph Maïga, ce fut le tour de Me Gano le 21 mai, soit 16 jours seulement après sa nomination dans le gouvernement comme ministre des Maliens de l’Extérieur. La procédure judiciaire enclenchée s’est arrêtée là. Pour le moment. Si un ministre peut être interpellé par la justice, il ne peut être jugé que par la Haute Cour de justice après le vote des 2/3 des députés. Une procédure lente et complexe.
Pour le cas des ministres soupçonnés, le procureur Kassogué a promis, lors de sa dernière conférence de presse, de « faire sauter le verrou de la loi » qui les protège.
Abdrahamane Dicko
Source : Mali Tribune