Du 9 avril au 9 mai 2020 : Les écoles resteront fermées au Mali. Et après ?

«Il nous faut être de vrais patriotes car pour nous actuellement le patriotisme signifie l’attachement héroïque à la lutte contre les divisions internes qui font tant de méfaits ailleurs.» (Mahamane Alassane Diarra, président de l’Assemblée nationale sous la première République).La crise endémique que vit l’école malienne depuis des décennies se poursuit aujourd’hui de plus belle. Selon bien d’observateurs de la scène politique nationale, il ne pouvait en être autrement au regard de la gestion que les prétendus démocrates en ont faite après la chute du régime oppresseur du général Moussa Traoré. Loin de nous l’idée que la crise de l’école malienne a débuté avec la troisième République, il faut dire que les démocrates maliens avaient chanté sur tous les toits qu’ils travailleront à fonder un nouvel espoir en notre système éducatif national. Ce gage, les démocrates ne pouvaient pas ne pas le déclarer s’ils voulaient apparaître crédibles aux yeux de notre peuple qui a sacrifié bien de ses filles et fils pour que l’école malienne redevienne ce qu’elle était sous le régime nationaliste de Modibo Keïta.

En rappel, disons que le régime insouciant de Moussa Traoré a semé les graines de la déconfiture de l’école malienne et pour cause:

– Moussa Traoré a maintenu le monde enseignant dans une précarité indescriptible en refusant de payer les salaires pendant des mois. Curieusement, c’est pendant ces mois de désastre salarial que le général Moussa Traoré exigeait la bonne qualité de l’enseignement. Ainsi, avait-il menacé de sanction ceux qui ne feront pas bien leur boulot. En tout cas, il a grandement ouvert la porte de sortie de la fonction publique à tous ceux qui ne peuvent pas travailler sans salaire. Après avoir assigné l’école dans le giron du programme d’ajustement structurel (PAS), la liquidation de l’école dont notre peuple était fier est lancée. La fermeture des classes pour deux (02) longues années scolaires (1981- 1982) a porté un coup très dur au moral des élèves et étudiants du Mali.

La suite, on la connaît: les internats qui permettaient aux enfants de pauvres d’étudier tranquillement ont été fermés. Une répression du monde enseignant a été entreprise avec joie par les sbires du régime. Toute la nation malienne s’est rendue à l’évidence qu’il fallait engager la bataille contre le régime apatride du généra Moussa Traoré. Il a craqué, le 26 mars 1991, laissant derrière lui ruines et désolation pour l’école malienne. Un espoir qui sera de courte durée a galvanisé notre peuple. Mais c’était sans compter avec la haute trahison des démocrates !

Pour tromper notre peuple, la 3ème République avec Alpha Oumar Konaré s’est livré à sa pédagogie des innovations pédagogiques. Le président Konaré a engagé sa politique de ‘’diviser pour régner’’. C’est ainsi qu’il a œuvré à disloquer le monde politique et scolaire. La suite n’a échappé à personne: la politique politicienne a germé et fleuri dans l’espace scolaire.

Pendant dix (10) longues année, l’école malienne s’est empêtrée dans les grèves des élèves et des étudiants et dans les querelles de clocher de politiciens malhonnêtes et démagogues. Pour achever son second mandat, son régime a travaillé à disloquer les syndicats d’enseignants. Ceux- ci se sont rendus à l’évidence qu’il faut s’unir pour gagner les batailles.

La suite, on la connaît: la graine des revendications scolaires a donné des fruits avec Amadou Toumani Touré (ATT). C’était désormais peu de dire que ATT n’avait pas intérêt dans l’accalmie et la marche féconde de notre système éducatif national. Les enseignants ont pris le relais des scolaires sur le terrain des grèves. Et depuis, on ne parle plus d’année normale pour ceux qui aiment tant soit peu l’école malienne. Depuis bientôt quinze (15) ans, le système éducatif malien s’est confortablement installé avec à la clé le «sauvetage de l’année scolaire». Une façon de dire qu’au lieu de chercher à sauver l’école malienne de son naufrage, les autorités maliennes se sont accommodées de cette gestion calamiteuse de nos affaires scolaires. Pendant ce temps, les innovations pédagogiques se sont logées en terrain conquis. Cette situation n’est pas pour redonner confiance à l’école malienne et donc à notre peuple travailleur.

Ainsi, l’État malien a fabriqué une race d’enseignants qui a jeté à la poubelle la célèbre conception selon laquelle «l’enseignement est un sacerdoce et qu’on n’y vient pas pour être riche.» Qui dit donc  que l’écrasante majorité de nos enseignants sont venus à l’enseignement par vocation ! Dans bien de cas, c’est pour fuir la galère du chômage que les gens vont vers les écoles de formation des professeurs et des maîtres.

De ceux- ci, l’on ne peut attendre qu’ils se sacrifient pour l’école qui les a formés: il faut gagner l’argent même si les enfants doivent être sacrifiés. Il est donc illusoire que ce type d’enseignants accorde le moindre intérêt,  prête une oreille attentive à ce sage conseil du président de l’Assemblée nationale de la première République en la personne de M. Mahamane Alassane Haïdara.

Source : L’Inter de Bamako 

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