«Les restrictions affament les individus et étouffent le commerce», nous a confié un sympathisant de la manifestation populaire, expliquant au passage que le restaurateur qui avait coutume d’écouler la viande de deux moutons par jour n’en vend plus aucun et que les habitués des gargotes n’ont ni la liberté ni l’opportunité de s’y régaler. Ils sont par conséquent condamnés à crever de faim puisque les familles ou ménages n’offrent nullement le repas qui permette de récupérer convenablement des pénibles journées de jeûne, dans une cité qu’un soleil de plomb commence a réchauffer dès le petit matin.
Ainsi surchauffés à la température naturelle, les nerfs des Kayesiens pouvaient difficilement résister par ailleurs aux abus d’agents de police qui profitent allègrement du couvre-feu pour violer l’intégrité physique de citoyens et rançonner nuitamment les contrevenants. Les agents en patrouille exigent en effet le paiement de 15 000 francs CFA par moto saisie et se montrent en outre impitoyables avec les piétons en proie aux sévices corporels les plus affligeants, a-t-on confié. Il nous revient de même source, au demeurant, que les émeutes de samedi soir a déclenché suite à une sévère punition corporelle perpétrée contre une jeune femme arrêtée par des agents en patrouille dans le quartier Plateau. S’en est suivie le lendemain cette tentative de levée le couvre-feu qui a tourné court avec des scènes de saccages et de vandalisme ayant pris pour cible des feux tricolores et les symboles de l’administration d’Etat. La résidence du Gouverneur n’a pu être épargné qu’en ayant recours à un renfort de l’armée pour prêter main-forte à la Police et à la Garde nationale. Néanmoins, des pourparlers et tractations sont engagés entre les autorités locales et un collectif mandaté par les manifestants pour trouver une sortir de crise . En attendant au lieu de 21 heures habituelles, le début du couvre-feu a été exceptionnellement avancée de deux heures depuis hier soir, soit à 19 heures, comme pour étouffer les éventuelles manifestations dans leurs foyers de gestation.
A KEÏTA
Source: Le Témoin