La perception que les populations du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont en général sur le retrait de ces trois pays de la CEDEAO et la création de l’AES semble être mitigée et variée, notamment entre espoir et crainte, selon plusieurs sources consultées. A l’appui de ce sentiment, nous pouvons révéler que : Certains élèves et étudiants de ces trois pays, ainsi que de la République de Guinee, se sont mobilisés autour de la vision de l’AES, qu’ils considèrent comme une opportunité de renforcer la,sécurité, la coopération et le développement dans le Sahel, le Niger invité d’honneur de la Semaine Nationale de la Culture du Burkina Faso a manifesté sa volonté de renforcer les liens culturels et historiques entres les deux pays, malgré leur sortie de la CEDEAO, des populations locales de la zone du Liptako-Gourma, la zone des trois frontières, ont exprimé leur souffrance et leur isolement face à l’insécurité, la fermeture des écoles, l’enlèvement des personnes et le vol de bétail et elles attendent de l’AES qu’elle leur apporte la paix et la sécurité, certains acteurs de la société civile, notamment des organisations de défense des droits humains et des partis politiques ont en revanche dénoncé le retrait de la CEDEAO comme une décision antidémocratique et contraire aux intérêts des populations.
Face à cette situation, la rédaction de MANDEINFOS propose ci-dessous une analyse objective et impartiale des lecteurs Enjeux, effets sur les populations, avantages et inconvénients de ces deux décisions géostratégiques majeures.
Enjeux :
Pour rappel, la CEDEAO est une organisation régionale qui vise à promouvoir l’intégration économique, la coopération politique et la sécurité collective entre ses 15 États membres. Elle dispose d’un parlement, d’une Cour de justice, d’une Commission et d,une Force militaire régionale. L’AES est une alliance défensive créée le 16 septembre 2023 par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, trois pays dirigés par des pouvoirs de Transition à la suite de coups d’État. Elle a pour objectif principal de lutter contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière dans l’espace commun de l’alliance et de d’assister mutuellement en cas d’agression extérieure.
La sortie de la CEDEAO et la création de l’AES sont motivées par plusieurs facteurs, notamment : i) les tensions entres les trois pays et la CEDEAO, qui a imposé des sanctions économiques et politiques aux régimes militaires pour protester contre les coups d’Etat et exiger le rétablissement de l’ordre constitutionnel, ii) le retrait de la France, ancienne puissance coloniale, de la région du Sahel, où elle menait l’opération Barkhane contre les groupes djihadistes, et son soutien à la CEDEAO. Les trois pays ont dénoncé l’ingérence de la France et ont établi de nouveaux partenariats, notamment avec la Russie et iii) la volonté d’affirmer leur souveraineté et leur indépendance face aux pressions internationales et de renforcer leur coopération bilatérale et régionale sur,les questions de sécurité, de développement et de gouvernance.
Effets :
La sortie de la CEDEAO et la création de l’AES peuvent avoir des effets positifs ou négatifs sur les populations des trois pays, selon les scénarios envisagés. Parmi les effets possibles, on peut citer : i) une amélioration de la sécurité et de la stabilité dans la région du Sahel, si l’AES parvient à coordonner efficacement ses actions militaires et à réduire les menaces des groupes armés qui sévissent dans la zone des trois frontières, ii) une recomposition du paysage géopolitique régional et international si l’AES noue de nouvelles alliances avec d’autres acteurs tels que : la Russie, la Chine, la Turquie, les BRICS, l’Union Africaine et si elle modifie les rapports de force avec la CEDEAO et ses partenaires, iii) une détérioration des conditions économiques et sociales, si la sortie de la CEDEAO doit entraîner une rupture des échanges commerciaux, une hausse des prix des biens et des services, une réduction des opportunités d’emploi et de mobilité et une diminution de l’aide au développement, iv) une aggravation des violations des droits humains, si les régimes militaires de Transition restreignent les libertés civiles et politiques, répriment les mouvements d’opposition et de contestation et ne respectent pas les principes démocratiques et l’Etat de droit.
Avantages et inconvénients :
Les avantages et inconvénients possibles du retrait de ces trois pays de la CEDEAO et de la création de l’AES pour leurs populations sont les suivants :
Pour les Avantages : i) une meilleure coordination et coopération en matière de sécurité et de défense, face aux menaces communes que sont le terrorisme, la criminalité transfrontalière et les ingérences extérieures, ii) une plus grande affirmation de leur souveraineté et de leur indépendance, face aux pressions et aux sanctions de la CEDEAO et de ses partenaires, notamment la France, iii) une diversification de leurs relations internationales, avec la possibilité de nouer de nouvelles alliances avec d’autres acteurs, tels que la Russie, la Chine, la Turquie, les BRICS ou l’Union africaine.
Pour les Inconvénients : i) une détérioration de leurs conditions économiques et sociales, du fait de la rupture des échanges commerciaux, de la hausse des prix, de la réduction des opportunités d’emploi et de mobilité, et de la diminution de l’aide au développement, une aggravation des violations des droits humains, du fait de la restriction des libertés civiles et politiques, de la répression des mouvements d’opposition et de contestation, et du non-respect des principes démocratiques et de l’État de droit, iii) une recomposition du paysage géopolitique régional et international, avec le risque de s’isoler ou de s’opposer à la CEDEAO et à ses partenaires, et de s’exposer à de nouvelles influences ou ingérences.
LA RÉDACTION
