CRISE ÉNERGÉTIQUE AU MALI : DIAGNOSTIC ET PISTES DE SORTIE DE LA CRISE !!

La crise énergétique au Mali est un problème complexe et multidimensionnel, qui affecte la vie économique, sociale et environnementale du pays.

Selon la Société Malienne des Sciences Appliquées (MSAS), association à but non lucratif créée en 1999 par des chercheurs maliens de la diaspora, avec pour objectif de promouvoir les sciences appliquées au service du développement du Mali et de l’Afrique, les causes de la crise énergétique au Mali sont à la fois structurelles et conjoncturelles.

Parmi les causes structurelles, on peut citer : i) la dépendance du Mali aux importations de produits pétroliers, qui représentent plus de 80% de la production d’électricité du pays. Cette situation entraîne des coûts élevés, des difficultés d’approvisionnement et une vulnérabilité aux fluctuations du marché international, ii) le manque d’investissement dans les infrastructures de production, de transport et de distribution d’électricité, qui sont vétustes, insuffisantes et mal entretenues. Cela provoque des pertes techniques importantes, des défaillances fréquentes et des coupures récurrentes, iii) la faible diversification des sources d’énergie, qui repose essentiellement sur les centrales thermiques et l’hydroélectricité. Ces sources sont peu fiables, peu durables et peu rentables. Les énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien sont encore peu exploitées, malgré leur potentiel énorme, iv) la mauvaise gouvernance de la société Énergie du Mali (EDM SA), qui est confrontée à des problèmes de gestion, de régulation, de tarification et de recouvrement. La société EDM SA accumule des dettes colossales, qui compromettent sa viabilité financière et sa capacité à assurer un service de qualité.

Parmi les causes conjoncturelles, on peut mentionner : i) la crise sécuritaire et politique que traverse le Mali depuis 2012, qui a affecté la stabilité du pays, la confiance des partenaires et le climat des affaires. Cette situation a réduit les opportunités de financement, de coopération et de développement du secteur énergétique, ainsi que ii) la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, qui a eu des répercussions négatives sur l’économie mondiale et nationale, ainsi que sur la demande et l’offre d’électricité. Cette crise a accentué les difficultés financières et opérationnelles d’EDM SA, qui a du faire face à une baisse des recettes et à une augmentation des coûts.

Face à cette crise énergétique, plusieurs solutions d’origines diverses sont envisageables sur les très court, court, moyen et long termes, qui visent à améliorer l’accessibilité, la qualité, la sécurité et la durabilité de l’électricité au Mali. Ainsi :

Sur le très court terme, il s’agit de renégocier la dette d’EDM SA avec les créanciers en sollicitant des bailleurs de fonds à des taux confessionnels et en la rééchelonnement sur plusieurs années. Il s’agit également d’adopter une loi de programmation énergétique, qui tiendra compte de la croissance de la demande et qui obligera à faire des investissements importants dans des techniques de production d’énergie électrique, fiables, durables et à moindre coût, et d’améliorer la gouvernance du secteur par des nominations rationnelles et en renforçant les pouvoirs du Conseil d’Administration d’EDM SA, avec l’exigence de l’atteinte totale des objectifs assignés et des résultats escomptés.
Sur le court terme, il s‘agit de réadapter la grille tarifaire d’EDM SA, en tenant compte du coût réel de l’électricité et en assurant une équité entre les différents segments de clientèle. Il s’agit aussi de réduire les pertes techniques et commerciales, en améliorant la maintenance, le contrôle et le recouvrement, et de renforcer l’interconnexion avec la Guinée, qui dispose d’un surplus d’énergie hydroélectrique.
Sur le moyen terme, il s’agit de renforcer les capacités de production, de transport et de distribution de l’électricité, en réalisant des investissements conséquents, notamment dans le cadre de partenariats ou publics-privés. Il s’agit également de diversifier les sources d’énergie en développant les énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien qui sont abondantes, propres et compétitives.
Sur le long terme, il s’agit de créer un Fonds spécial d’investissement pour le secteur de l’énergie, qui serait alimenté par des sources variées telles que les taxes sur les produits pétroliers, les redevances minières, les contributions des partenaires éventuels, etc. Il s’agit aussi de promouvoir l’efficacité énergétique par la sensibilisation des consommateurs, en encourageant les économies d’énergie et en utilisant des technologies performantes.
LA RÉDACTION

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