Guerre en Ukraine: Moscou reprend «l’offensive» après le report de l’évacuation de Marioupol

Au dixième jour de l’invasion de l’Ukraine samedi 5 mars, les troupes russes continuent leur progression et des bombardements ont lieu dans plusieurs villes du pays. Une évacuation des civils de Marioupol devait avoir lieu mais elle a été reportée, selon la mairie de la ville, à cause du non-respect du cessez-le-feu annoncé quelques heures plus tôt.

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Les points essentiels :
► L’évacuation des civils de Marioupol a été reportée à cause du non-respect du cessez-le-feu, selon la mairie de Marioupol. Dans un message Telegram, elle a annoncé le report et a accusé la Russie de continuer à « bombarder Marioupol ». 
► La Russie a augmenté ses frappes sur les villes ukrainiennes. L’une a fait 47 morts à Tcherniguiv dans le nord du pays. Des combats ont lieu à Energodar, Soumy, Kharkiv, Marioupol, Volnovakha, dans les alentours de Kiev et d’autres villes du pays.
► Selon le président russe Vladimir Poutine, les sanctions occidentales « s’apparentent à une déclaration de guerre, a-t-il déclaré samedi, selon l’agence Reuters, mais Dieu merci, on n’en est pas encore arrivé là ». Jusqu’ici, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait seulement menacé de riposter aux sanctions, sans donner de détails.
► De nombreux médias européens, dont la BBC, l’agence de presse américaine Bloomberg et l’agence espagnole Efe ont suspendu le travail de tous leurs journalistes en Russie, notamment pour assurer leur « sécurité », après l’adoption d’une loi prévoyant des peines de prison en cas de diffusion d’ « informations mensongères sur l’armée ».
► Un nouveau round de négociations russo-ukrainiennes aura lieu lundi 7 mars, selon le chef de la délégation ukrainienne.
► Le site de la rédaction russe de RFI diffuse désormais la radio publique ukrainienne en direct (en langue ukrainienne) depuis la page d’accueil.
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21h18 : Une initiative pour accueillir en France des étudiants africains fuyant la guerre en Ukraine
Alors que beaucoup de ressortissants africains tentent toujours de fuir l’Ukraine, de nombreux parmi eux sont des étudiants. En France, le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) vient de lancer une initiative pour tenter de leur venir en aide : l’organisation, constituée de personnalités de la société civile créée en 2017 par le président français Emmanuel Macron, voudrait permettre à certains d’entre eux de venir poursuivre leur parcours universitaire en France.
Wilfried Lauriano do Rego, coordinateur du CPA, explique l’initiative, lors d’une interview à notre journaliste Pierre Firtion.

Wlifried Lauriano do Rego, coordinateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique, explique l’initiative pour accueillir étudiants africains qui vivent en Ukraine
Pierre Firtion

21h10 : La guerre en Ukraine menace-t-elle l’axe Iran-Russie dans un cadre de négociations sur le nucléaire iranien ?
La Russie a réclamé samedi 5 mars à Washington la garantie que les sanctions la visant à cause de l’Ukraine ne concerneront pas sa coopération avec Téhéran, avant de relancer l’accord sur le nucléaire iranien. L’Iran n’a pas encore réagi officiellement à cette demande de Moscou qui pourrait compliquer, voire même retarder les négociations de Vienne.
« Nous avons demandé à nos collègues américains des garanties écrites que les sanctions ne toucheront pas à notre droit à une libre et entière coopération commerciale, économique et militaire avec l’Iran », a déclaré Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères. Selon différentes délégations, notamment iranienne, les négociations ont progressé et la très grande majorité des questions ont été réglées. La Russie, mais aussi la Chine qui ont soutenu l’Iran ces dernières années, veulent bien sûr profiter de la levée des sanctions américaines, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.
►À lire aussi : Nucléaire iranien: la guerre en Ukraine menace-t-elle l’axe Téhéran-Moscou ?
20h10 : Partout en Europe, des milliers de personnes manifestent contre la guerre, dont 41 000 en France
De Paris à Londres, Rome ou Zürich, des milliers de manifestants sont de nouveau descendus samedi 5 mars dans les rues de grandes villes européennes, pour dire « stop » à la guerre et protester contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En France, Environ 41 600 personnes ont gagné les rues, dont 16 000 à Paris, selon la préfecture de police, où notre journaliste Antony Lattier s’est rendu.

19h47 : L’Israélien Bennett s’entretient avec Zelensky après Poutine et tente de lancer une médiation dans le conflit
Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a lancé samedi une médiation dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine : après avec un entretien d’environ trois heures avec le président russe Vladimir Poutine à Moscou, il s’est entretenu au téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, avant de se rendre à Berlin pour rencontrer le chancelier Olaf Scholz.
Peu de détails ont filtré sur le contenu exact des discussions avec Kiev. Les services de M. Bennett n’ont pas explicitement mentionné l’invasion russe, se contenant d’indiquer qu’il avait évoqué « la situation des Israéliens et des communautés juives à la suite du conflit ».
Jusqu’à présent, Israël ne s’est pas joint au concert des condamnations internationales de l’invasion russe de l’Ukraine lancée le 24 février, en soulignant les liens solides qui unissent le pays à Moscou et à Kiev. En raison de cette proximité avec les deux belligérants, Israël a proposé de servir de médiateur, une proposition soutenue par les responsables ukrainiens.
19h40 : Reprise de l’offensive à Marioupol, point sur la situation sur le terrain
Alors que la Russie a annoncé avoir repris à 15h TU « l’offensive » après le report de l’évacuation de civils de deux villes assiégées dans le sud-est de l’Ukraine, dont le port stratégique de Marioupol, voici un point de la situation sur le terrain, à partir des informations de l’AFP.

Kiev et le Nord

Kiev reste sous contrôle ukrainien, malgré d’intenses bombardements. Des observateurs occidentaux ont relevé la présence d’une colonne de véhicules russes forte de centaines de véhicules stationnés au nord de la capitale, près de l’aéroport de Gostomel. Des violents affrontements y ont lieu, mais la colonne n’a que peu avancé ces derniers jours.
L’Ukraine garde également le contrôle de Tcherniguiv, 150 km au nord de Kiev, dont le centre-ville a été dévasté par des bombardements russes vendredi. De nombreux civils y sont morts ces derniers jours.

L’Est

Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine (1,4 million d’habitants), à 50 km de la frontière russe (Est), était toujours samedi aux mains des Ukrainiens malgré des bombardements intenses, selon des observateurs occidentaux. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé samedi que les forces ukrainiennes y avaient lancé une contre-attaque autour de Kharkiv.
Les forces russes mènent aussi une offensive à travers les territoires séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, mais il n’était pas possible dans l’immédiat de savoir jusqu’à quel point exactement elles avaient avancé. Autour et à l’intérieur de la ville de Sumy (Nord-Est), des combats violents ont eu lieu. Kiev affirme que les forces russes y ont procédé à de lourds bombardements, alors que des efforts sont en cours pour extraire les étudiants étrangers.

Le Sud

L’Ukraine a reconnu cette semaine que la Russie avait pris le contrôle de Kherson, la première ville significative capturée par Moscou.
L’armée russe a annoncé samedi avoir repris à 15h TU « l’offensive » après le report de l’évacuation de civils de deux villes assiégées dans le sud-est de l’Ukraine, dont le port stratégique de Marioupol. L’évacuation a été reportée en raison de multiples violations russes du cessez-le-feu, selon la mairie de Marioupol, tandis que Moscou accusait les « nationalistes » ukrainiens d’empêcher les civils de partir et de profiter de la trêve pour consolider leurs défenses.
La prise de cette ville de quelque 450 000 habitants, située sur la mer d’Azov, serait un tournant dans l’invasion russe de l’Ukraine. Elle permettrait la jonction entre les forces russes en provenance de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les ports clés de Berdiansk et de Kherson, et les troupes séparatistes et russes dans le Donbass.
La ville portuaire d’Odessa reste sous contrôle ukrainien. Elle est pour l’instant épargnée par les combats. Mais des craintes ont émergé sur une possible attaque et le débarquement de soldats russes actuellement stationnés sur des navires de guerre au large dans la mer Noire.
Le ministère de la Défense britannique estime que les forces russes avancent vraisemblablement vers Mykolaïv, à l’est d’Odessa, mais qu’il y a une « possibilité réaliste » qu’elles contournent cette ville et priorisent Odessa.

L’Ouest

L’Ouest de l’Ukraine est pour l’instant largement épargné par les combats. Sa plus grande ville, Lviv, est devenue un hub pour les missions diplomatiques étrangères, les journalistes et les Ukrainiens cherchant à se mettre en sécurité ou à fuir dans un pays voisin.

Bilans incertains

Après dix jours de guerre, le bilan est impossible à vérifier de manière indépendante. Kiev fait état d’au moins 350 civils et plus de 9 000 soldats russes tués, sans mentionner ses pertes militaires, et Moscou évoque 2 870 morts côté ukrainien et 498 côté russe.
18h40 : La Chine « doit jouer un rôle » de médiation entre la Russie et l’Ukraine, affirme l’UE
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a plaidé, dans le quotidien El Mundo, pour que la Chine « joue un rôle » de médiateur dans le cadre d’un éventuel règlement du conflit en Ukraine. Selon lui, « il n’y a pas d’alternative ».
« Nous ne pouvons pas, nous, (les Européens) être les médiateurs, c’est évident », a-t-il expliqué dans cet entretien publié vendredi soir. « Et ça ne peut pas être les États-Unis, a poursuivi le chef de la diplomatie européenne. Qui alors? Ça ne peut être que la Chine », a-t-il martelé, en assurant qu’il n’y avait « pas d’alternative ». « La diplomatie ne peut pas être uniquement européenne ou américaine. La diplomatie chinoise doit jouer un rôle ici », a-t-il ajouté.
Une médiation de la Chine après un éventuel cessez-le-feu en Ukraine n’a pas été évoquée par l’UE ou par Pékin, a-t-il toutefois précisé. « Nous ne lui avons pas demandé » et les Chinois « ne l’ont pas demandé non plus », a-t-il ajouté.
Attachée à son partenariat avec Moscou, la Chine s’est abstenue jusqu’à présent de condamner l’intervention russe en Ukraine, se refusant même à parler « d’invasion ». Son chef de la diplomatie Wang Yi a toutefois assuré mardi que la Chine « regrettait profondément que le conflit ait éclaté entre l’Ukraine et la Russie et accordait une extrême attention aux préjudices subis par les civils », a rapporté la télévision publique CCTV.
18h40 : Les élus américains promettent à Zelensky de débloquer dix milliards de dollars d’aide pour l’Ukraine
Lors de leur échange virtuel avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, des élus du Congrès américain ont promis samedi de débloquer dix milliards de dollars d’aide pour l’Ukraine. « Nous débloquerons rapidement ces 10 milliards pour aider le peuple ukrainien sur les plans économique, humanitaire et sécuritaire », lui a dit le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer, selon une source de l’AFP informée de la teneur des discussions.
« Des élus du Sénat et de la Chambre (des représentants – NDLR), républicains et démocrates, ont pris part à cet appel. Nous sommes unis pour soutenir l’Ukraine », a ajouté le sénateur républicain Steve Daines sur la chaîne Fox News. « Il faut que nous votions cette aide de 10 milliards, qui serait à moitié humanitaire, à moitié militaire », a-t-il ajouté.
18h40 : Dans une vidéoconférence avec le Congrès américain, Zelensky demande des avions de chasse et l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est adressé à plus de 300 membres du Congrès américain samedi, lors d’une vidéoconférence, leur suppliant un durcissement des sanctions économiques contre la Russie, notamment une interdiction des importations de pétrole et de gaz russes, ainsi que l’envoi de plus d’avions de chasse à l’Ukraine, et la suspension en Russie des cartes de crédit Visa et Mastercard, selon les élus présents.
Pendant l’appel, où le leader ukrainien a affirmé que cela pourrait être la dernière fois où les élus le verraient vivant, il a réitéré sa liste de demandes aux Occidentaux, notamment l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne en Ukraine. Les Occidentaux ont toutefois considéré que l’option était impossible, citant le risque d’un conflit ouvert entre l’Otan et les forces russes.
Il a également « lancé un appel poignant pour que les pays d’Europe de l’Est lui fournissent des avions de fabrication russe (…) et je ferai tout mon possible pour que l’administration facilite leur transfert », a indiqué le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer dans un communiqué.

 Ukraine: face aux élus américains, Zelensky demande des avions et une zone d’exclusion aérienne
18h20 : La France dénonce le « manque d’humanité » du Royaume-Uni dans l’accueil des réfugiés ukrainiens
Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a critiqué samedi la « réponse totalement inadaptée » et le « manque d’humanité » du Royaume-Uni à l’égard des réfugiés ukrainiens refoulés à Calais, dans une lettre adressée à son homologue britannique Priti Patel.
Cherchant à rejoindre leurs familles outre-Manche, quelque 150 Ukrainiens fuyant leur pays envahi par la Russie ont été invités ces derniers jours par des représentants britanniques « à faire demi-tour » et à « se rendre à Paris ou Bruxelles » pour obtenir leurs visas dans les consulats, affirme le ministre dans ce courrier consulté par l’AFP.
Gérald Darmanin poursuit en fustigeant cette « réponse totalement inadaptée » et un « manque d’humanité » à l’égard des réfugiés en « détresse », « souvent des femmes avec de jeunes enfants, des personnes âgées ou handicapées ». Au total, « plus de 400 ressortissants ukrainiens » sont arrivés à Calais depuis le début de la guerre, selon le ministre de l’Intérieur
17h57: Kiev demande à Washington des « avions » et des « systèmes de défense aérienne »
Lors de leur rencontre en tête-à-tête à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a indiqué samedi à son homologue américain que son pays avait besoin d’« avions de chasse et de systèmes de défense aérienne ». Selon Dmytro Kouleba, le refus de l’Otan de mettre en place une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine est un « signe de faiblesse ».
« Ce n’est un secret pour personne que notre demande la plus forte concerne les avions de chasse, les avions d’assaut et les systèmes de défense aérienne », a déclaré Dmytro Kouleba au secrétaire d’État américain Antony Blinken, lors d’entretiens au poste-frontière de Korczowa.

Source: RFI

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