Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui a joué un rôle clé dans le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar KEITA en 2020, traverse une crise interne sans précédent. Deux factions s’opposent au sein de ce regroupement hétéroclite, composé de partis politiques, de mouvements de la société civile, de syndicats et de leaders religieux. L’une, dirigée par l’imam Oumarou Diarra, conteste de manière à peine voilée la légitimité du président du M5-RFP, Dr Choguel Kokalla Maïga, également Premier ministre de la Transition. L’autre, soutenue par le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), en tout une partie de ce front, un pilier du M5-RFP, réaffirme sa confiance en Choguel Maïga et dénonce les velléités de division de ses adversaires.
Cette crise révèle les contradictions internes du M5-RFP, qui n’a pas réussi à se doter d’une vision commune, d’une organisation cohérente et d’un leadership consensuel. Le M5-RFP souffre d’un déficit de démocratie interne, d’une absence de concertation et de transparence, et d’une tentation de l’hégémonie de certains de ses membres. Les ambitions présidentielles de certains leaders, les manipulations de certains militaires, et les divergences sur les modalités de la Transition et du Dialogue inter-Maliens ont exacerbé les tensions au sein du mouvement.
Cette situation est regrettable, car elle affaiblit le M5-RFP, qui a pourtant été un acteur majeur du changement politique au Mali. Le M5-RFP a incarné les aspirations du peuple malien à la démocratie, à la justice et à la souveraineté. Le M5-RFP a contribué à la mise en place d’une Transition qui se veut inclusive, participative et porteuse de réformes. Le M5-RFP a également été un partenaire privilégié du défunt processus de paix et de réconciliation nationale, en appelant en son temps, au respect des engagements pris par les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Le M5-RFP a donc une responsabilité historique envers le Mali et son peuple. Il ne peut se permettre de sombrer dans la division et la dérive. Il doit impérativement surmonter ses contradictions et retrouver son unité et sa cohésion. Il doit renouer avec ses principes fondateurs, basés sur le patriotisme, le dialogue et le respect mutuel. Il doit se réorganiser de manière démocratique et transparente, en associant toutes les sensibilités et les composantes du mouvement. Il doit se doter d’un projet politique clair et crédible, en phase avec les attentes et les besoins des Maliens. Il doit enfin se mobiliser pour accompagner la Transition et le Dialogue inter-Maliens, dans l’intérêt supérieur de la nation.
Le M5-RFP a encore un rôle à jouer dans le paysage politique malien. Il ne doit pas décevoir ceux qui ont cru en lui et qui ont sacrifié leur vie pour la cause qu’il défend. Il doit se ressaisir et se réconcilier, avant qu’il ne soit trop tard. Le Mali a besoin d’un M5-RFP uni, fort et constructif.
LA RÉDACTION
