LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT DU MALI SUR LA SITUATION DES DÉPLACÉS INTERNES DU CAMP DE GARBAL – FALADIE

À l’attention du Président de la République du Mali, chef de la transition et du Premier ministre 

Bamako, le 13/05/2021


L’instabilité qui frappe le Mali depuis 2012 a eu des conséquences irréversibles sur la vie de plusieurs concitoyens. Du Nord au Centre du Mali, dans des localités telles que Farabougou, Koundogo, Toou, Ogossagou, les exactions commises par des groupes armés ont contraint des milliers de victimes à fuir pour trouver refuge dans la capitale, Bamako au sud du Mali.
Parmi ces déplacés à l’intérieur (PDI), selon les recensements du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), ce  sont près de 2350 personnes, de tous âges, sexe, sensibilité et ethinies confondues qui ont trouvé refuge dans le marché de bétail dit “GARBAL” à Faladié.
Le 28 avril 2020, ce camp de Garbal a pris feu, l’incendie a coûté un lourd tribut au cheptel: 540 animaux morts et une victime humaine, un vieillard de 86 ans. De ce fait, en plus d’être réfugiés ces personnes se sont retrouvées sinistrées, sans assistance humanitaire de la part du gouvernement Malien.

Une année après les faits, United for Mali – Anw bèe bè Mali fè, association humanitaire qui œuvre pour la cohésion sociale, a souhaité apporter une aide ponctuelle à 200 déplacés, dans le cadre de son action annuelle “Solidarité Ramadan”. UFM a pu constater de son propre chef, en se rendant dans le camp de Garbal la semaine du 30 avril au 1er mai, de la détresse humanitaire dans laquelle sont laissés pour compte ces citoyens maliens. Parmi les constats faits, les plus interpellant que nous pouvons énumérer sont :

– L’absence de structure d’accompagnement humanitaire (ONG, délégués ou représentants étatiques) pour porter assistance aux déplacés : les conditions sanitaires, hygiéniques, alimentaires et sécuritaires désastreuses. La cohabitation humaine se fait avec les animaux, le tout dans un espace où  il n’y a pas de toilette, les latrines sont à ciel ouvert ou dans un espace restreint aménagé avec débris; les femmes n’ont pas d’intimité et restent des cibles face aux abus et violences sexuelles ;

– Les plus vulnérables tel que  enfants et les personnes âgés ne bénéficient d’aucune permanence de soin : durant les discussions entre les bénévoles et les déplacés internes, un rapide constat fait état de blessures ou d’infections non traitées et de présence de maladies telles que la tension, le diabète, la colique, des infections aux yeux ou au pied, des problèmes de peaux etc. Sur trente (30) personnes interrogées, aucune n’a pu édifier la date exacte de la dernière visite médicale ou de prescription de médicament par des agents compétents. Il n’y a pas non plus de suivi médical pour détecter et prémunir les cas de malnutrition et de sous-nutrition. Aucune mesure n’est prise face à la pandémie;

– L’environnement dans lequel ‘survivent” les déplacés internes ne répond pas aux normes de l’UNHCR pour la planification des camps de réfugiés;

– Bien qu’il y ait des citernes à eau, certaines sont vides ou détériorées (sans robinet). Il n’y a pas d’eau courante et potable acheminée par un quelconque système mécanique;

– Un flou existe sur la répartition des dons alimentaires et les déplacés n’ont pas d’activité physique (lieu de loisir) ni d’activité professionnelle, il n’y a donc pas de réinsertion sociale à destination des déplacés qui ont subi des traumatismes, ils ne bénéficient pas non plus d’écrivain publique ou de traducteur pour les aider à faire leurs démarches administratives en français ou en bambara;

– Les déplacés ne bénéficient pas de politique de retour ou de relogement, les familles s’entassent;

La liste est longue et non exhaustive et la descente de terrain effectué par les bénévoles d’Ufm dans ce camp de Garbal donne un avant-goût des cinq autres camps qui existent à Bamako et où United for Mali s’évertuera, dans la mesure du possible, de s’y rendre pour mener des actions sociales.

De manière générale, le camp en lui-même ne répond pas aux normes internationales sur la protection des déplacés internes et les droits de l’homme. United for Mali a apporté une aide alimentaire ponctuelle au cours de l’opération ‘solidarité ramadan” le 1er mai 2021 cependant cette action reste limitée tant que les conditions de vie des personnes bénéficiaires ne sont pas améliorées. Il urge pour le gouvernement malien de trouver une solution à long terme ou décanter la situation des déplacés internes qui perdure et éviter le phénomène de “l’encampement” dans la capitale Bamakoise. 

De façon globale, le gouvernement malien doit se doter d’une politique humanitaire à destination des victimes du nord et du centre qui sont contraints de fuir leur zone de résidence, pour cela il faut apporter une assistance humanitaire d’urgence en cas de massacre, mettre en place un couloir humanitaire pour acheminer l’aide dans les secteurs reculés (par exemple Farabougou) et plus que tout, appliquer la justice et la réparation afin que ces personnes victimes ne se retrouvent pas dans la solitude la plus complète et éternelle. Au-delà de la reconstruction des camps, une alliance doit être mise en place avec les partenaires techniques et financiers des différentes organisations humanitaires présentes sur le sol Mali, qui sont plus de 200, afin de s’enquérir des possibilités et de la mise en œuvre d’ un plan d’action social et humanitaire de grande envergure, mais aussi réguler leur champ d’action.

Enfin, United for Mali exhorte le gouvernement de transition de rétablir le Ministère de la Solidarité et de l’Action Humanitaire (MSAH), qui a été recoupé au ministère de la santé suite au coup d’État du mois d’août 2019, afin que les associations et les ONG nationales aient un interlocuteur adéquat dans la mise en oeuvre de leur travail et un retour à la paix au Mali. 

UNITED FOR MALI – Anw bèe bè Mali fè
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