IBK « de quel droit un leader religieux peut – il se prévaloir pour réclamer le départ de mon premier ministre ? »

Le refus des 50 millions CFA envoyés à l’imam Mahmoud Dicko dans le cadre de l’organisation, dimanche dernier, de la « journée de prières et de bénédictions » pour le Mali ; les piques lancées au régime IBK par les différents orateurs à ce meeting, la visite de travail d’IBK en Allemagne, le départ de Boubeye de la Primature….
Tels sont, entre autres, les sujets abordés dans cette interview que le Chef de l’Etat a bien voulu nous accorder. Sans concession.

Mr le président, le refus des 50 millions CFA par l’imam Mahmoud Dicko vous a-t-elle choqué ?

Pour être honnête, je dirai oui. Par ces temps de vaches maigres, je ne vois personne cracher sur 50 millions CFA. Mais cela se comprend.

Le refus de ce « cadeau » n’illustre-t-il pas le fossé qui vous sépare, désormais, du président du Haut Conseil Islamique et du Chérif de Nioro ?

Je pensais que ce geste de solidarité à leur endroit pourrait nous rapprocher ; mais je me suis trompé.

La sortie médiatique du porte-parole du gouvernement, expliquant que c’est un geste de solidarité, n’était-il pas une manière de masquer votre embarras ?

Après la vidéo, relayée par les réseaux sociaux sur le rejet de ces 50 millions CFA, il nous fallait reprendre la main. C’est pourquoi, le Premier ministre, premier à être embarrassé par cette affaire, a envoyé Amadou Koïta au charbon. Histoire de sauver le gouvernement de ce qui peut paraître comme une « honte ».

Les différents orateurs, qui se sont succédé au pupitre ont fustigé votre régime, en le qualifiant de « passif » face aux fléaux actuels : insécurité, conflits intercommunautaires, assassinats ciblés…

Mon régime n’est en rien responsable de ce qui se passe, actuellement, dans notre pays. Boubeye l’a dit avant moi. Et je suis d’avis avec lui.

Parlant de Boubeye, allez-vous vous séparer de lui, comme le laissent entendre les indiscrétions de Palais ?

Ceux qui s’attendent au départ de Boubeye pour prendre sa place vont devoir attendre pour longtemps encore.

Donc, il restera à son poste après le prochain remaniement ?

Ce n’est pas impossible !

Il restera ou il s’en ira ?

Ce n’est pas impossible !

Mr le président, dès qu’on aborde le sujet Boubeye, vos réponses deviennent courtes, très courtes, trop courtes.

Vous, vous ne savez pas qui est le « Tigre » ; moi, je sais. Vaut mieux l’avoir avec soi, que contre soi.

Donc, il restera à son poste ?

Ce n’est pas impossible !

Mr le président, il paraît que vous avez mis la Chancelière allemande dans l’embarras, en exigeant le riz à la sauce pâte d’arachide pour votre déjeuner. Ce que les cuisiniers de l’hôtel ont été incapables de mijoter en cuisine…

Qui vous a raconté ça ?

Une source proche de votre délégation

Je reconnais que, comme tout bon Maninka qui se respecte, j’ai exigé du « Tigadégué mafé ».

Est-ce vrai que votre « mafé- là » a failli créer un incident diplomatique ?

Fadaises !

Et comment avez-vous fait pour le déjeuner ?

Notre ambassadeur, Seck Oumou Sall, m’a sauvé. A ma grande surprise, elle m’a rapporté un gros plat de riz à la sauce pâte d’arachide, avec plein de « frontobani » dessus.

Mr le président, le meeting animé par Mahmoud Dicko et votre ex-ami, Bouyé, a mobilisé des centaines de milliers de Maliens au Stade du 26 mars, dimanche dernier. N’est-ce pas un désaveu pour votre régime ?

Pas du tout ! J’ai voulu même les accompagner, financièrement, histoire de donner un cachet particulier à ce meeting.

Pensez-vous, Mr le président, pouvoir vous réconcilier avec Bouyé et Mahmoud Dicko, après le rejet des 50 millions CFA que vous leur avez envoyés par le biais du Premier ministre ?

Peut-être, un jour ? Qui sait ?
Mais pour avoir refusé le cadeau de son grand-frère, Mahmoud Dicko, lui, va devoir payer une grosse colas noire pour se faire pardonner ce geste peu fraternel.

Le représentant de Bouyé à ce meeting aurait réclamé le départ du Premier ministre. Un commentaire ?

Ah bon ? De quel droit demande –t-il le départ de Boubeye ? Pour qui se prend-t-il ? Le Roi du Mali ? Et je devrais faire partir Boubeye, c’est pour le faire remplacer par un de leurs Talibés ? N’importe quoi !

Propos recueillis par Le Mollah Omar

Source: Canard Déchainé

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