Le Dialogue politique tant souhaité par les différentes composantes du peuple malien se poursuit avec les facilitateurs. Mais le discours qui se tient çà et là, par ceux à même de poser les bases de l’exclusivité de ce dialogue, semble peu s’intéresser à cette question. Alors que la situation actuelle du pays est en grande partie due à ce coup d’Etat.
Tout a commencé un 17 janvier 2012 où l’une des garnisons dans le nord du Mali a été attaquée par des rebelles touareg. Le mouvement national de libération de l’Azawad, en attaquant la garnison de Ménaka, une ville du nord située à environ 1200 km de Bamako, a enfanté la plus grave crise que vivent les Maliens jamais connue par le passé.
En deux mois, ce sont toutes les localités du nord qui sont tombées aux mains des groupes armées, le MNLA, mais aussi Arçardine, mouvement islamiste qui voulait imposer la charia comme modèle de vie. Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et le MUJAO, un autre mouvement islamiste, deviennent les maîtres du nord. Ceci, pour transformer le Mali en un Etat islamique. Le Mali est désormais l’organisme affaibli et fragile à la portée de toutes sortes de microbes.
Et aujourd’hui, même avec le départ de ces groupes djihadistes cités plus haut, le Mali reste toujours instable et le coup d’Etat perpétré par Amadou Aya Sanogo et compagnie, selon beaucoup d’observateurs avertis, en est le germe principal de l’aggravation de cette situation sécuritaire qui s’est aujourd’hui transportée au centre sur fond de conflits dits interethniques. L’acte perpétré dans la nuit du 21 au 22 mars par le capitaine Amadou Aya Sanogo, et sa clique, leur ont valu la clé de Koulouba.
Un acte que les putschistes auraient justifié par «l’incapacité du gouvernement à donner aux forces armées les moyens de défendre l’intégrité de notre territoire national». Ce qui, malheureusement, n’a rien changé pour le pays. Aucontraire, ce n’est qu’une kyrielle de faits ignominieux que le peuple retient à ce jour. Malheureusement, cet acte a occasionné la chasse à l’homme et qui aboutira à l’affaire dite des «Bérets Rouges», toujours aux mains de la justice.
Les périodes après-putsch n’ont pas été salvatrices pour le pays et la prise de Kidal, le 30 mars 2012, l’abandon de Gao, et la proclamation de «l’indépendance» de l’Azawad, un 06 avril, par le MNLA, en sont les mauvais souvenirs parmi tant d’autres. Un coup d’Etat qui a failli couper le pays en deux. Une succession de faits qui restent gravés dans les mémoires et seront sans équivoque ressuscités à l’occasion de ce dialogue.
Lors de la conférence de presse tenue le mercredi 17 juillet dernier à Bamako, les facilitateurs du dialogue politique inclusif ont souligné que «le cas Amadou Aya Sanogo ne sera pas un sujet lors des débats, sauf si les acteurs le suggèrent». Une déclaration quelque peu confuse dans la mesure où l’on parle d’un dialogue politique l’inclusif.
Et faire semblant de laisser de côté le cas Sanogo, fausserait les principes d’inclusivité sur lesquels le triumvirat doit veiller strictement. Au cas contraire, mettre de côté l’affaire coup d’Etat, qui n’est d’ailleurs pas isolé, pourrait reporter d’autres problèmes à l’avenir.
Paul Dembélé