Crise malienne: Le départ de Barkhane n’est pas pour demain

« C’est à Bamako qu’on entend le plus Barkhane dehors et c’est justement là où il n’y a pas Barkhane. Et nous, ce qui nous rassure, c’est partout où on est déployé, la population réclame notre maintien », déclarait récemment un officier des forces françaises dans le Sahel. De qui se moque-t-il ?

Si les populations d’une localité du Mali demandent le maintien de Barkhane, c’est parce qu’elles sont encore victimes de beaucoup d’atrocités commises par les groupes armés « terroristes ». Or, comme l’a si bien rappelé le Doyen Salif Keïta, « il n’y a pas de « terroristes » au Mali. C’est la France qui terrorise nos populations ».

Brûler les récoltes, tuer les animaux, égorger les femmes, les enfants et même les vieillards,… sont des pratiques anciennes que la France a expérimenté en Algérie durant la conquête coloniale. En effet, Alexis de Tocqueville dans « Travail sur l’Algérie » affirme ceci: « J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire guerre aux arabes sera obligé de se soumettre. »

Il semble de plus en plus clair que derrière les groupes extrémistes violents qui sèment la terreur au sein de nos populations civiles se cachent au moins une puissance étrangère bien organisée et bien équipée qui a l’ambition de s’installer définitivement chez nous.

Pour atteindre cet objectif, elle utilise deux moyens.

Primo, faire des dons ou des promesses d’aide aux populations démunies et terrorisées à travers les ONG ou les organisations de la société civile.

Secundo, terroriser les populations civiles afin de les pousser à abandonner leurs localités ou les activités génératrices de revenus qui leur permettent de vivre dignement sans avoir besoin d’une quelconque assistance humanitaire.

Aujourd’hui, force est de reconnaitre que ces deux moyens sont en train d’être utilisés simultanément et que le moment d’y renoncer n’est pas pour demain car, une partie de nos décideurs politiques actuels soutiennent les différentes initiatives françaises comme le témoigne les conclusions du récent sommet de Pau.

En conclusion, le maintien de Barkhane ne dépend pas du bon vouloir de nos populations, mais de la volonté de ceux qui ont intérêt à ce que la France installe ses bases militaires dans notre pays.

Sambou Sissoko

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