L’information nous est parvenue ce week-end, comme quoi Dr Tréta Président du parti majoritaire RPM et Président du regroupement Ensemble Pour le Mali (EPM) vient d’être coiffé au poteau des législatives de mars 2020. Qui l’aurait cru, il y a cinq ans de cela lorsqu’il devenait le président du parti lors du dernier congrès sous l’ère du Président IBK. La politique est partout un croc-en-jambe, elle n’a jamais été un fleuve tranquille. Annoncé comme candidat en commune V sur la liste RPM que s’est-il passé entre temps ?
Selon le journal Témoin du lundi 3 février 2020, en effet il a été annoncé comme colistier du candidat de l’opposition à Teninkou, l’ancien ministre d’ATT Amadou Cissé. Mais le président du BPN-RPM semble malheureusement ne pas avoir fini pour l’heure avec son destin de Juif Errant ? Après avoir buté contre toute une avalanche de misères en commune V où il réside, il était encore pressenti à son terroir pour une investiture par sa formation politique en lieu et place de Abdrahamane Niang. Mais le président de la Haute Cour de Justice est demeuré, à l’issue de la conférence élective locale, le seul porte-étendard du siège qui revient aux Tisserands dans leur alliance traditionnelle avec l’URD et le député sortant Amadou Cissé. Le président de l’EPM et de la majorité présidentielle vient de rater du coup d’être porté par une liste de l’opposition et l’une des ultimes chances de figurer parmi les 147 députés de la 6ème législature, passage obligé pour réaliser ses aspirations apparentes au perchoir. Toutefois, il semble que les conférences électives n’étant pas terminés Tréta pourrait embarquer dans le bateau RPM de Macina au cas où le chemin ne lui sera pas barré par les manœuvres de camarades qui lui disputent discrètement le futur perchoir. En tout cas, le dernier mot, selon toute évidence, reviendrait au président de la République, arbitre incontournable du choc des ambitions ainsi que des positionnements qui agitent sa famille politique depuis le déclenchement du processus électoral. Il faut se demander si IBK n’est pas dans le coup, car cette situation perdure depuis les législatives de 2018 reportées.
Dr Tréta n’est pas à sa première fois d’être attaqué de dos par le régime qu’il a contribué à mettre en place. Il le défend même dans des actes d’absurdité totale contre les intérêts du Mali et du peuple malien.
Rappelons que IBK aujourd’hui Président de la République et Dr. Tréta sont tous des anciens cadres de l’ADEMA-PASJ depuis sa création le 25 mai 1991. La différence entre les deux personnes est que le Dr. TRETA a participé à la révolution de mars 1991 en tant qu’un des organisateurs de ladite révolution tandis que IBK était à GAO comme représentant de Terre des Hommes, une O.N.G italienne peu soucieuse de l’avènement de la démocratie au Mali.
Sentant IBK trahi par Alpha Oumar Konaré à travers le congrès extraordinaire et sa révocation du poste de Premier ministre, le Dr Tréta, en tant que Secrétaire Général de l’ADEMA-PASJ a abandonné le navire ADEMA-PASJ pour venir au secours d’IBK malgré l’insistance d’Alpha à rester à l’ADEMA.
Arrivé à Alternative 2002, association politique chargée de mettre en place les structures d’un futur parti politique pour soutenir IBK à devenir Président de la République après Alpha Oumar Konaré, Dr Tréta a été la cheville ouvrière de la mise en place du Rassemblement Pour le Mali (RPM) créé le 30 juin 2001. Pétri par ces luttes politiques menées très souvent au détriment d’une carrière professionnelle, Dr Tréta sait d’où il vient et où il va. Tel semble ne pas être le cas pour IBK, même avec le rang de Président de la République.
Si IBK avait participé aux luttes politiques avant et après 1991 à la base, si IBK était allé dans les cercles, les arrondissements, les villages et hameaux chercher des militants, il apprécierait de nos jours la valeur des militants et des structures de son parti politique. Ce sont les militaires et les militantsdu RPM, qui l’ont soutenu avec détermination pendant treize ans avant qu’il ne soit à ce poste en 2013.Même s’il pense que c’est la junte militaire, le régime socialiste de François Hollande et les religieux qui l’ont élu, c’est quand même le RPM qui l’a choisi comme son candidat et l’a soutenu dans ce sens pendant une décennie.
Dr Tréta a une grande carrière dans la lutte politique. Il a, de par sa participation aux luttes clandestines pour le multipartisme, au moins gagné cette première lutte pour la démocratie. C’est ce qui a manqué à IBK. Il était en dehors de cette première lutte à l’époque pavée d’incertitudes, périlleuses, car elle a souvent imposé à toutes les nations qui l’ont livrée et en sont sorties victorieuses avec de lourds sacrifices. S’il y’avait des distinctions honorifiques à décerner pour l’avènement de la démocratie au Mali, Dr Tréta devrait avoir la médaille d’or. Le nom d’IBK figurerait certainement dans celles du mérite national avec effigie abeille, une médaille dont la valeur est bien en dessous de la médaille d’or.
Après la victoire d’août 2013 qui a vu l’élection d’IBK à la tête de l’État, la deuxième lutte qui restait pour le Dr Tréta était la lutte pour la démocratie à l’intérieur du parti. Dans cette lutte les acteurs impliqués acceptent normalement l’ensemble des règles avec un esprit démocratique et patriotique. Dans ce cadre, personne ne triche ni ne joue sciemment à vider de leur substance les règles même si le respect de ces dernières menace ses intérêts personnels directs.
IBK a trahi avec ses règles en disant que ce n’est pas le RPM qui l’a élu, qu’aucun parti politique non plus. Et c’est justement là où réside la frustration du Dr Tréta.
Il est considéré depuis la prise du pouvoir d’IBK comme un agitateur contre les intérêts d’IBK et de sa famille. Lors des législatives reportées de 2018, Dr Tréta a fait l’objet d’un croc-en-jambe en commune V lorsqu’il a voulu être sur la liste du RPM dans cette commune. Il a été repêché de justesse. Ces législatives reportées pour cause d’insécurité en 2018 ont ramené aujourd’hui encore les mêmes raisons pour l’empêcher d’être sur la liste RPM de la commune V. C’est un dommage politique contre un symbole essentiel de la naissance du RPM.
Dans cette trahison, le président IBK a pratiqué l’art du camouflage pour déstabiliser le président du parti lors du choix des candidats du parti pour les législatives de 2020. Il faut rappeler à Dr Tréta l’inconvénient de server au sommet sans avoir de base. Malheureusement dans toute sa lutte politique, il n’a jamais eu un encrage à la base. La démocratie n’accepte plus de telles pratiques. C’est là d’où vient son malheur. Sans fondation solide, un bâtiment ne tiendra pas. Dr Tréta va-t-il être ainsi un président du parti majoritaire sans assise et pour rien ?
Siramakan KEITA