4ÈME LICENCE DE TÉLÉPHONIE MOBILE AU MALI : ATM MOBILIS D’ALGÉRIE AUGMENTE TIMIDEMENT SON OFFRE FINANCIÈRE POUR ATTEINDRE 28 MILLIARDS FCFA LE GOUVERNEMENT MALIEN VA-T-IL ACCEPTER OU LANCER UNE NOUVELLE PROCÉDURE D’ATTRIBUTION ? [Communication]

Pour la 4ème licence de téléphonie mobile, Atm Mobilis, filiale de l’opérateur algérien de télécoms, qui avait proposé 25 milliards Fcfa dans un premier temps, a finalement augmenté 5 millions d’Euro, soit plus de 3 milliards Fcfa. Ce qui fait une offre financière de 28 milliards Fcfa. Mais le gouvernement malien table sur 50 milliards de Fcfa. D’où le blocage du processus qui sera bientôt relancé et on va certainement vers une nouvelle procédure d’appel d’offres.

Pour le moment, la 4ème licence de téléphonie mobile au Mali n’est pas octroyée officiellement à une société, même si Atm Mobilis, filiale de l’opérateur algérien de télécoms, reste seule dans la course. Suite à l’appel d’offres international lancé, la société algérienne a été retenue après dépouillement des offres techniques pour accéder seule à la phase de l’offre financière, le Groupement Bintel/Koira, composé par des nationaux et dirigé par notre compatriote Cessé Komé, étant été éliminé dès la phase technique.

Pour cette 4ème licence, Atm Mobilis avait proposé une enveloppe de 25 milliards de Fcfa alors que le gouvernement malien tablait sur 50 milliards Fcfa, soit le double. Cette offre financière proposée par Mobilis est nettement inférieure à celle de la 3ème licence avec Telecel. On se rappelle que l’homme d’affaires burkinabé, Apollinaire Compaoré, avait déboursé 55 milliards Fcfa pour la 3ème licence dont le montant a été payé en deux tranches : 32 milliards puis 23 milliards de Fcfa.

Voilà pourquoi le processus d’attribution de la 4ème licence est bloqué. Malgré tout, les Algériens étaient prêts à négocier afin de trouver un terrain d’entente. D’où le séjour d’une forte délégation algérienne à Bamako, en décembre 2019. Elle était composée de plusieurs personnalités du monde des finances et des télécommunications, pour une séance de travail de deux jours. Au finish, les Algériens ont décidé d’augmenter leur offre financière de 5 millions d’Euros, soit plus de 3 milliards de nos francs. Ce qui fait un total de 28 milliards de Fcfa pour la 4ème licence. Là aussi, les responsables du ministère de l’Economie et des Finances qui étaient présents à la rencontre, ont dit niet. En d’autres termes, 50 milliards Fcfa ou rien.

Depuis lors, le processus pour l’octroi de cette licence est bloqué. Selon nos informations, le gouvernement malien semble être disposé aujourd’hui à revenir encore sur la table de négociation. C’est ainsi qu’une lettre aurait été adressée à la partie algérienne dans ce sens. Malheureusement, pas de réponse depuis février.

En tout cas, l’Etat malien a plus que jamais besoin d’argent en cette période très difficile pour l’économie nationale. Avec cette pandémie de nouveau coronavirus, si le gouvernement malien arrive à mettre la main sur les 28 milliards Fcfa, ce sera une bouffée d’oxygène pour faire face aux nombreux problèmes. Reste maintenant à savoir si la partie algérienne est toujours dans de bonnes dispositions pour s’exécuter puisque, entre décembre à aujourd’hui, beaucoup de choses se sont passées en Algérie avec la vague de changements de dirigeants de plusieurs entreprises d’Etat.

Récemment, ce fut au tour du directeur général d’Algérie Télécoms (AT) Mohamed Anouar Benabdelouahad, d’être limogé par le ministre de la Poste et des Télécommunications, après avoir passé une année seulement à la tête de l’entreprise. Selon la presse algérienne, aucune explication n’a été donnée à ce limogeage.

Un autre cadre de l’entreprise, du nom de Mounir Djouaher, est chargé d’occuper son poste, en tant qu’intérimaire.

En tout cas, le gouvernement malien a aussi la possibilité d’annuler ce processus et de lancer un nouvel appel d’offres international pour l’attribution de cette 4ème licence, qui a connu d’énormes difficultés. Pour ce faire, il doit déclarer le présent appel d’offres infructueux, avant d’initier une nouvelle procédure.

Il est nécessaire de rappeler que pour ce dossier de la 4ème licence, un cahier de charges avait été bel et bien élaboré par l’Autorité malienne de régulation des télécommunications/Tic et postes (Amrtp) ainsi que les autres aspects techniques. Et une Commission composée de 14 membres issus de différents départements ministériels et services techniques a été mise en place afin de travailler sur les offres pour l’octroi de cette 4ème Licence. Elle est présidée par Cheick Oumar Maïga dit Gilbert (actuel secrétaire général du ministère de l’Economie numérique et de la Prospective). Les autres membres sont : Baba Konaté, Assana Diawara, Boucari Diallo, Aguibou Tall, Sékou Traoré, Lassana Diakité, Oumar Alassane Kouyaté, Fousséni Togola, Cheick Sidy Mohamed Nimaga (président de l’Amrtp), Amadou Traoré, Issoufi Kouma Maïga et Ishaq Maïga.

Et la Société Bintel/Koira Teknotelecom a été d’emblée éliminée dès la phase technique pour le non-respect de certains critères. “Quand nous avons examiné les deux dossiers à travers nos grilles d’analyse technique, Bintel/Koira n’a pas été retenue pour non-respect de certains critères. Parmi lesquels, il faudra avoir un fonds propre de 100 milliards de Fcfa pour ce cas précis, avoir une expérience en la matière et avoir au moins 2 millions d’abonnés. Voilà pourquoi Bintel/Koira a été éliminée. Par contre, Atm Mobilis avait été retenue pour la phase de l’offre financière. Dire aujourd’hui que la 4ème licence a été octroyée à Mobilis, c’est archi-faux. C’est vrai que les conclusions de la Commission ont été remises au gouvernement. C’est pour vous dire que seul l’Etat a le droit d’octroyer une licence de téléphonie par Décret ou Arrêté”, nous a confié une source proche du dossier.

Et notre interlocuteur de rappeler : “L’octroi d’une licence de téléphonie n’est pas une prérogative du ministère de l’Economie numérique. Le département est chargé en ce qui le concerne de superviser la conduite du processus en relation avec l’Amrtp dont les conclusions sont soumises au gouvernement pour validation ou approbation. C’est ainsi que, sur instruction du gouvernement, la Commission technique a procédé, en octobre 2019, à l’analyse des offres financières dont les conclusions ont également été transmises à la Direction générale des marchés publics”. Affaire à suivre !

El Hadj A.B. HAIDARA

Source : Journal Aujourdhui-Mali



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