Le Mali a voté… quoi qu’il en coûte

Malgré la pandémie de Covid-19, les Maliens ont voté hier pour le second tour des législatives. Du moins, ils étaient appelés à voter, car l’affluence n’était pas vraiment au rendez-vous dans les bureaux de vote.Exemple, dans la commune 5 du district de Bamako : « constat général dans les centres de vote, rapporte le quotidien L’Indépendant : une amélioration des consignes sanitaires, pas d’affluence, pas d’incident majeur. Chaque électeur, à l’entrée des centres de vote de l’École fondamentale de Daoudabou I et II avait droit à un masque pharmaceutique. Ces mêmes constats étaient valables dans des centres de vote à Badala-bougou, Sabali-bougou, Bacodji-coroni, Kalaban-Coura et Toroko-robougou. »

Des votes achetés ?

Le Pays, autre quotidien bamakois, note au contraire un peu plus d’affluence dans certains bureaux de vote de la capitale… « Malgré la propagation inquiétante de la pandémie du coronavirus, les Bamakois, en tout cas pour la plupart des centres que notre équipe a visités, étaient très mobilisés pour le second tour. La raison : les billets de banque ont beaucoup parlé. Cela a fait disparaitre la peur du coronavirus. Ainsi, précise Le Pays, ce jeune homme d’une vingtaine d’années affirme être venu voter pour de l’argent. ‘Je suis venu parce qu’on m’a promis 5.000 F. Je prends cette somme parce que si je ne le fais pas, c’est moi le perdant. Ces politiciens n’ont pas besoin de nous une fois élus‘ », a-t-il dit sans hésiter. Et en se gardant bien de préciser qui lui avait fourni cette somme…

On revient à L’Indépendant qui rapporte quelques incidents dans le Nord : « à la veille de ces législatives, notamment entre Gossi et Adiora, dans le cercle de Gourma Rharouss, dans la région de Tombouctou, le matériel électoral a été attaqué et brûlé par des hommes armés. Toujours dans la même région, les localités de Sinam et Dougouradji, dans la commune de Tienkour n’ont pas non plus connu de vote à cause de la présence d’hommes armés. Dans la région de Gao, les localités de Talataye, Ouatagouna et Gabéro n’ont pas non plus participé aux opérations de vote. »

IBK : pas de confinement

Pour sa part, « après avoir accompli son devoir citoyen hier, à Sébénicoro, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, s’est prononcé sur la situation de la pandémie du COVID-19 », rapporte notamment le site d’information Maliweb. « IBK a rejeté toute idée de confiner les Maliens : ‘nous ne pouvons pas confiner les Maliens, bloquer les Maliens, les condamner à la mort par la faim. Nous avons le devoir de les protéger’.

IBK s’est d’ailleurs félicité de la commande de 20 millions de masques, dont 10 millions ont été distribués dans les centres de votes. Enfin, pour lui, il était essentiel que nous votions, pointe encore Maliweb. ‘ll faut, a-t-il dit, que le Mali ait des Institutions solides pour qu’après le Coronavirus, on ne nous dise pas que nous n’avons pas d’institutions solides et que l’État bascule dans le chaos. Non ! L’État Malien sera là, debout, digne dans le vent et avancera’. »

Desintérêt ?

Toujours est-il, s’exclame Le Pays au Burkina, que « les Maliens ont encore exprimé de façon claire ce dimanche, leur désintérêt pour ce rendez-vous électoral, dans un contexte de guerre meurtrière au Nord et de maladie infectieuse galopante au Sud, ils n’ont pas eu tort, estime le quotidien burkinabé, au regard des menaces qui ont été mises à exécution dans certaines circonscriptions. Conséquence, à moins d’une manipulation éhontée des chiffres, le taux d’abstention sera globalement sans équivalent dans l’histoire électorale du Mali ; ce qui pose évidemment le problème de la légitimité des futurs députés qui se satisferont, avec une mauvaise foi de chacal, de leur titre trompeur de représentants du peuple. »

Des ailes au Covid-19 ?

Enfin sur le plan sanitaire, relève pour sa part L’Observateur Paalga, toujours au Burkina, il y a de quoi être inquiet… « Les semaines à venir nous diront si ce double scrutin n’a pas donné des ailes au Covid-19, car, à l’évidence, malgré les précautions d’hygiène prises à l’entrée des bureaux de vote, l’exposition des électeurs à la pandémie a été bien réelle, estime le quotidien ouagalais, avec les déplacements de personnes qu’il a occasionnés. (…) C’était gravement sous-estimer l’hyper volatilité contagieuse de ce virus que d’organiser des élections dans ce contexte de pandémie. »

Source : RFI
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