Partout où ils ne sont pas alliés, ils sont des adversaires redoutables, donnant parfois l’image d’être des ennemis jurés. L’ADEMA, le RPM et l’URD, les deux premiers sont de la majorité et le troisième de l’opposition, sont solidaires quand les intérêts à défendre sont communs au trois, mais ils sont antagoniques quand ceux-ci ne profitent qu’à deux au détriment du troisième. A Kati, ils sont ensemble, à Kolondiéba, l’ADEMA combat la liste du RPM et de l’URD, à Bougouni l’ADEMA et sa coalition sont à couteaux-tirés avec l’URD et le RPM, à Yanfolila, l’URD est opposée à la liste ADEMA- RPM, en commune trois du District de Bamako, l’URD n’a pas le soutien de deux autres. Egalement, tous éliminés dès le premier tour, en commune V l’ADEMA et l’URD sont opposés au RPM, en commune six l’URD est opposée à la coalition ADEMA-RPM-PS. Quelle leçon faudrait-il tirer de tous ces micmacs politiques ? N’y a-t-il pas une nécessité de réformer en profondeur les textes afin d’éviter ce genre de scénarios propres aux démocraties antiques ?
Tantôt fervents alliés, tantôt farouches opposants, l’ADEMA, l’URD et le RPM viennent de montrer à l’opinion la vraie face de l’homme politique. Ce dernier, face à ses intérêts, est prêt à faire fi de tous les principes édictés par la morale, la politique et la démocratie. Ces législatives ont fini par donner raison aux détracteurs de ces trois partis, qui pensent qu’ils sont les enfants d’une seule et même maman. Ils peuvent souvent être en brouille quand les intérêts s’entremêlent, mais ils ne se trahiront jamais face aux autres.
Tous les trois sont en alliances dans beaucoup de circonscriptions, comme Kayes, Kati, Mopti, pour ne citer que ces trois localités. Dans ces circonscriptions, les antagonismes sont mis sous le boisseau et c’est la lune de miel. Mais partout où ils ne sont pas ensemble, c’est une guerre ouverte. C’est le cas de la Commune V où l’URD est en alliance avec l’ADEMA contre le RPM. Dans cette commune, c’est une lutte sans merci, qui donne parfois l’occasion de déballer les secrets. En commune VI du District de Bamako, l’URD et la LDC se battent corps et âme contre la coalition RPM-ADEMA et PS. En commune III, aucun de deux autres partis, à savoir le RPM et l’ADEMA, n’a apporté son soutien au candidat de l’URD en ballotage contre une indépendante.
A Kolondiéba où le second tour s’est joué entre l’alliance RPM-URD contre le parti SADI, l’ADEMA a apporté son soutien au parti SADI dont le leader est l’un des bourreaux du régime IBK que l’ADEMA chérit tant. Selon nos informations, cette option prise par la ruche serait consécutive au soutien que l’URD a apporté à la liste concurrente qui était opposée à l’alliance RPM-ADEMA à Yanfolila. A Bougouni, ce fut un combat épique entre la coalition ADEMA-CODEM- CDS et ADP qui en découdrait avec l’alliance RPM-URD-MPM. A Sikasso, il y a eu un combat de titans entre la coalition menée par le RPM, l’URD et la CODEM contre celle menée par l’ADEMA. Ce genre de combats ont eu lieu dans d’autres localités du pays comme Dioila, Koutiala, Ténenkou où deux partis ensemble s’opposent au troisième dans des combats sans concession.
Le hic est que ces alliances ont été conçues en mettant en avant les intérêts des différents partis sinon tous ces trois partis ne sont pas de la même mouvance. L’ADEMA et le RPM sont de la Majorité et l’URD est le principal parti de l’Opposition. Donc, leurs alliances consistaient tout simplement à obtenir des sièges à l’hémicycle et une fois élu chacun regagnera son camp pour mener sa bataille. Maintenant ce qu’ils feignent d’oublier, c’est le jugement du peuple qui, médusé, désabusé, a fait le choix de s’abstenir mettant en doute la légitimité de nos députés.
Youssouf Sissoko