1-Paiement de rançon
Dans la foulée de l’enlèvement de Soumaila Cissé, des rumeurs persistantes ont circulé sur les réseaux sociaux, faisant allusion à une demande de rançon de la part des ravisseurs. La plupart se référait à un audio d’un présumé membre de la Katiba Macina, présentant le président de l’URD comme un « gros poisson » dont la libération pourrait rapporter aux auteurs du rapt en termes d’argent et d’échange de prisonniers.
Toutefois, les premiers otages libérés l’ont été sans qu’aucune rançon ne soit versée, a précisé la cellule de crise de l’URD, quelques heures après la libération de certains membres de la délégation.
Des témoignages recueillis par nos confrères du Point Afrique, on apprend que cette libération est une entreprise propre aux ravisseurs.
« Personne n’a négocié cette libération », a confié un ex otage sous couvert d’anonymat au média basé en France.
Pourtant des sources locales rapportent que le maire de Koumaira , Amadou Kalossi, a joué un rôle important dans cette libération, avant être à son tour retenu par un autre groupe, probablement proche des ravisseurs du leader de l’Union pour la république et la démocratie, Soumaila Cissé.
2-Echange de prisonniers
L’autre hypothèse pouvant conduire à la libération de l’honorable Soumaila Cissé, c’est également l’échange de prisonniers. Au cours des derniers mois, plusieurs bastions des groupes djihadistes ont été soit détruits par l’armée malienne ou par les forces partenaires. Beaucoup de leaders djihadistes ont été faits prisonniers. Parmi ceux-ci on compte d’importants chefs de brigades comme l’émir de la brigade de Guimbala, surnommé Khalid Ibn Walid qui aurait été capturé par la force Française Barkhane, dans les environs de Konsa, près de Konna.
La zone d’opération de cet ancien maquisard, qui a longtemps séjourné sur les sites miniers nigérians s’étend de Youwarou sur le lac Débo, en passant par Korombana et une bonne partie de la Commune de Djaptodji, où des sources locales ont signalé sa présence quelques jours avant sa capture. C’est lui qui avait favorisé la libération des enseignants enlevés à Korientzé en début d’année scolaire.
Selon des sources locales, sa capture a eu un impact sur la capacité opérationnelle du groupe armé dans cette partie abandonnée du Mali. La capture de cet ancien aventurier est surprenante. Selon des témoignages concordants, il avait été capturé sans opposer une quelconque résistance.
L’option d’échange de prisonniers serait l’hypothèse la plus explosive, même si elle n’est du gré des organisations internationales de défenses des droits de l’homme qui privilégient la voie judiciaire.
Mais, qui ne se rappelle pas de la libération de redoutables terroristes en échange des otages français. Le Mali qui l’a fait pour la France, ne serait-il prêt à consentir le même sacrifice pour sauver un de ses fils, si la demande est mise sur la table ?
3-L’intervention militaire
C’est le scénario le moins probable. Une intervention militaire suppose l’échec des négociations. Ou l’impossibilité d’accéder aux demandes des ravisseurs. Rien de tel n’est encore survenu puisque l’enlèvement n’a pas officiellement été revendiqué, bien que des soupçons pèsent sur la Katiba Macina dirigé par le prédicateur Hamadoun Kouffa. Mieux, l’option militaire mettrait en péril la vie des otages.
Selon toute vraisemblance, ce n’est pas la meilleure piste pour obtenir la libération de Soumaila Cissé. Les armées les plus outillées ne recourent à la force qu’après avoir épuisé les voies de négociations possibles.
Dans le cas spécifique du Mali, les négociations ont toujours porté fruit. Que ce soit pour la libération des éléments des forces armées ou des civils. Tout dépend de la qualité des émissaires, de l’ancrage de leurs réseaux. C’est à ce niveau que se jouera certainement le sort de Soumaila Cissé. Alors que les relais locaux semblent être dépassés par la situation, il est urgent qu’un médiateur jouissant d’une écoute attentive de la part des chefs djihadistes maliens puisse reprendre le dossier en main avant un basculement des rapports de force en présence.
Il est, dans ce contexte, regrettable que le Gouvernement malien, qui a désigné l’ancien Premier ministre, Issoufi MAIGA, comme le responsable de la coordination des actions pour la libération de Soumaila Cissé, attende près d’un mois avant de signer le décret qui mette son équipe, officiellement, en mission.
Aly BOCOUM
Source: Bamakonews