Mali : Un mini sommet extraordinaire de la CEDEAO ce jeudi à Bamako

Après l’échec de ses deux premières missions, l’organisation intergouvernementale ouest-africaine a décidé de faire monter d’un cran le niveau de sa médiation. Cet effort supplémentaire suffira-t-il à faire baisser la tension ?

 Le président du Niger, Issoufou Mahamadou du Niger, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et ses homologues Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Macky Sall du Sénégal et Nana Akufo-Addo du Ghana sont attendus ce jeudi à Bamako dans le cadre de la recherche de solution à la crise sociopolitique qui secoue notre pays depuis près de deux mois.

Cette rencontre de haut niveau intervient après deux missions effectuées par l’organisation intergouvernementale ouest-africaine. En effet, une mission d’information ministérielle de la Cedeao, conduite par le chef de la diplomatie du Niger, Kalla Ankouaro, a séjourné du 18 au 20 juin dernier dans notre capitale où elle a successivement rencontré les différents protagonistes de la crise avant de faire des propositions de sortie de crise, notamment la reconstitution de la Cour constitutionnelle après l’abrogation du décret de nomination de ses membres, la résolution du litige concernant les 31 sièges contestés au Parlement, la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Ces propositions n’ont pas eu l’assentiment du M5-RFP dont les responsables réclament le départ du président de la République et de son régime dans l’objectif d’instaurer une Transition. Lors de leur troisième sortie, le 10 juillet dernier, à la place de l’Indépendance, les contestataires ont appelé à la désobéissance civile, une première depuis l’avènement de la démocratique dans notre pays.

Seulement cette désobéissance civile s’est, en quelques minutes, transformée en des actes de vandalisme et de destruction de structures publiques. Des manifestants ont mis à sac l’Assemblée nationale, le Haut conseil des collectivités, la Direction des finances et du matériel du ministère de l’Économie et des Finances. Même le siège de la télévision publique n’a pas été épargné. Les troubles ont occasionné des pertes en vies humaines, contribuant à exacerber davantage la crise.

C’est dans ce contexte délétère qu’une deuxième mission de la Cedeao a débarqué à Bamako le mercredi 15 juillet dernier avec à sa tête l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan. À peine leurs valises déposées, les émissaires de l’organisation sous-régionale se sont entretenus successivement avec le président de la République, le Premier ministre, le ministre sortant de l’Administration territorial et de la Décentralisation, l’imam Mahmoud Dicko, les membres du comité stratégique du M5-RFP, les leaders de la majorité présidentielle et divers représentants de la société, les leaders de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), le Haut représentant de  l’Union africaine, Pierre Buyoya, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Mahamat Saleh Annadif. La liste n’est pas exhaustive.

DES VOIX QUI COMPTENT- À l’issue de ces consultations, la mission de la Cedeao a proposé, le 19 juillet, la reconstitution de la Cour constitutionnelle, précisant que le président de la République et le Conseil supérieur de la magistrature nomment chacun trois membres. Ces six membres de la Cour satisferont à l’exigence du quorum et la Cour ainsi reconstituée devra délibérer et réexaminer les résultats des législatives concernant les 31 sièges de députés en question. Après la résolution de ce litige, le président de l’Assemblée nationale va nommer ses trois membres pour compléter la composition de la Cour.

Goodluck Jonathan et son équipe ont aussi insisté sur la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, sur la base du consensus en tenant compte des recommandations du Dialogue national inclusif. Des propositions de répartition ont été faites à cet effet. Il s’agit de 50% des membres du gouvernement qui proviendront de la coalition au pouvoir, 30% de l’opposition et 20% de la société civile.

Après sa formation, le nouveau gouvernement devra accorder une priorité à l’amélioration de la gouvernance, aux reformes prévues dans les conclusions du Dialogue national inclusif et à l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

La mission de la Cedeao recommande que la mise en œuvre de ces mesures soit effective au plus tard, le 31 juillet prochain. Malgré le rejet de ces recommandations par le M5-RFP, l’organisation ouest-africaine entend se donner les moyens de les faire respecter. C’est ce qui pourrait expliquer ce mini sommet extraordinaire le jeudi prochain à Bamako.

Pour ce nouveau round des négociations sur le dossier de la crise malienne, la Cedeao a fait appel à quatre chefs d’État dont les voix comptent dans notre sous-région. Le Sénégalais Macky Sall, l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Ghanéen Nana Akufo-Addo, appuyés par le président en exercice de la Cedeao, le Nigérien Issoufou Mahamadou, devraient réussir à faire adhérer le pouvoir et les contestataires à une solution qui préserve la stabilité de notre pays.

Madiba KEITA


Source:  L’Essor 


  

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