Quatre mois après la chute d’IBK : Le Mali toujours dans l’impasse

Des agressions terroristes au nord et au centre du pays continuent. Le sud et l’ouest subissent quelques attaques terroristes. Le banditisme connait ses plus beaux jours dans l’ensemble du pays : des véhicules de transport font constamment l’objet d’attaques de bandes armées dans les principales routes nationales (axe Bamako-Ségou-Mopti-Gao ; axe Bamako-Bougouni-Sikasso ; axe Bamako-Kolokani-Djéma-Kayes). Comme si cela ne suffisait pas, des braquages Hollywoodiens sont quotidiennement perpétrés dans Bamako en pleine journée dans la circulation ou dans des édifices publics par des gangs armés sans que les auteurs en soient inquiétés.

Plus que jamais le Mali se trouve donc dans l’impasse. Aucune partie du territoire national n’échappe désormais à l’insécurité qui devient endémique dans notre pays. A ce tableau déjà très sombre sur le plan sécuritaire, s’y ajoute la grogne sociale des fonctionnaires du Corps préfectoral (grève illimitée) et ceux affiliés à la plus importante centrale syndicale du pays, l’UNTM. Face à ce fléau d’insécurité et au front social en ébullition, si ce n’est le mépris et la menace du Chef de l’Etat à l’endroit des grévistes ainsi que l’abandon du champ de bataille par les militaires, il n’y a aucune réponse concrète de la part des Autorités transitoires.
Pourtant lorsque des jeunes colonels regroupés au sein du Comité National du Salut du Peuple (CNSP) parachevaient, le 18 août 2020, la lutte insurrectionnelle déclenchée par le Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), les maliens avaient nourri l’espoir d’un lendemain meilleur. Tant la junte militaire, qui avait contraint à la démission le Chef d’Etat IBK, avait promis une Transition civile pour permettre la refondation de l’Etat et la nation malienne.
Une concertation « inclusive » des Forces vives du pays était organisée. Mais bien que considérées comme biaisées par le M5-RFP, ses conclusions (?) ont permis de doter le Mali d’une Charte de la Transition. Laquelle a permis l’avènement des Organes de la Transition : la Présidence de la Transition et le Conseil National de Transition (CNT), organe législatif transitoire. Mais aussi un Gouvernement de Transition, dominé par des militaires du CNSP, mais dirigé par un Civil.
Toutefois, la Transition malienne, bâtie à travers un « bricolage juridique » de trois Lois fondamentales : Constitution de 1992 qui reste en vigueur, Acte fondateur du CNSP et Charte de la Transition, ne bénéficie hélas pas d’un consensus national. D’autant que les militaires se sont accaparés des principaux postes politiques (Présidence et vice-Présidence de la Transition, Présidence du CNT) ainsi que des principaux postes administratifs.
Tout a été mis en œuvre par les militaires du CNSP et leurs alliés (en l’occurrence la CMAS de l’Imam Dicko) pour écarter les principaux acteurs de la lutte insurrectionnelle des organes de la Transition. Le M5-RFP et les principales formations politiques ne figurent officiellement ni dans le Gouvernement, encore moins dans le CNT. Bref, ils sont débarqués, comme des pestiférés, à quai du train de la Transition. Idem pour la principale Centrale syndicale de notre pays.
Les récents débrayages de l’UNTM ne sont pas que corporatistes. Ils sont certainement motivés par leur exclusion du jeu politique de la Transition. Or, ces grèves à répétition (du 18 au 20 novembre 2020 et celle du 14 au 18 décembre) de l’UNTM, pour un pays en guerre contre le terrorisme et en proie au grand banditisme, paralysent considérablement l’économie nationale. Et fragilisent l’Etat. Il faut forcément une solution idoine pour sortir de cette impasse. Mais comment ?
S’il n’est pas aisé de se prononcer sur la fin de l’insécurité endémique dans notre pays, compte tenu de sa complexité par la présence de forces étrangères (Barkhane, Minusma), il est certainement possible pour le Mali de se sortir de l’impasse politico-sociale. A quelle condition ? Simplement par une vraie concertation et un dialogue social sincère des Autorités transitoires avec les formations politiques et les centrales syndicales.
Récemment interrogé par un confrère national « Mali On line », Me Cheick Oumar Konaré, avocat au Barreau Malien et analyste politique avisé, pense que le Mali traverse une crise institutionnelle à travers le « bricolage juridique » et de décrets controversés à l’origine des Organes de la Transition : la présidence et la vice-présidence de la Transition ainsi que le CNT. Il propose alors un consensus national qui va nécessiter un « bricolage juridico-politique ». Lequel va forcément nécessiter des concessions de toutes les parties.
Estimant que la composition actuelle du CNT n’est pas représentative des sensibilités sociopolitiques de notre pays, Me Konaré propose un changement dans cette composition afin quelle puisse refléter la réalité. Cela aura le mérite de décrisper la situation sociopolitique du pays en vue dune Transition consensuelle. Mais les Autorités de la Transition vont-elles abonder dans ce sens ?

Gaston Traoré

Source :  mandeinfos.com

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