Coup d’État au Niger : la coalition contre l’intervention militaire de la Cédéao réaffirme sa solidarité

Sur instruction du président de la transition, le colonel Assimi Goita, une forte délégation, conduite par le ministre d’État malien, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement, s’est rendue à Niamey, capitale nigérienne, ce lundi 7 aout 2023. Cette délégation, parmi laquelle de proches collaborateurs du président malien de la transition, est porteur d’un message du Mali et du Burkina Faso au peuple nigérien.

« Le Burkina Faso et le Mali envoient une délégation à Niamey, conduite par le ministre d’État malien, Ministre de l’Administration territoriale, Porte-parole du Gouvernement. Objectif : témoigner de la solidarité des deux pays au peuple frère du Niger », a expliqué la direction malienne de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa).

Des sanctions aggravant la souffrance des populations
Le déploiement de cette forte délégation, qui a lieu au lendemain de l’expiration de l’ultimatum des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) aux militaires au pouvoir au Niger, pour rétablir l’ordre constitutionnel, est une autre preuve de la solidarité agissante entre le Mali, le Burkina Faso et le peuple nigérien.

Dans un communiqué conjoint du 31 juillet 2023, les autorités maliennes et burkinabè de transition avaient exprimé leur « solidarité fraternelle et celle des peuples burkinabè et malien au peuple frère du NIGER ». A la même occasion, elles avaient dénoncé la « persistance de ces organisations régionales à prendre des sanctions aggravant la souffrance des populations et mettant en péril l’esprit de panafricanisme ».

Le Mali et le Burkina Faso ont balayé en un coup de manche les sanctions « illégales, illégitimes et inhumaines » de la Cédéao en annonçant leur refus de les appliquer. Car selon leurs précisions, à travers le coup d’État du 26 juillet 2023, le peuple nigérien a « décidé en toute responsabilité de prendre son destin en main et d’assumer devant l’histoire la plénitude de sa souveraineté ».

La célérité et l’aventurisme
À ce titre, la menace d’intervention militaire formulée par la Cédéao contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali, avaient précisé les deux pays avant de prévenir que cette intervention, si elle a lieu, entrainerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cédéao, ainsi que « l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger ».

Les autorités maliennes et burkinabè de la transition n’ont pas manqué à dénoncer tout le « déséquilibre, la célérité et l’attitude aventurière de certains responsables politiques d’Afrique de l’ouest désireux d’utiliser la force armée pour rétablir un ordre constitutionnel dans un pays souverain ». Elles ont par la même occasion fustigé « l’inaction, l’indifférence et la complicité passive de ces organisations et de ces responsables politiques à aider les États et les peuples victimes de terrorisme depuis une décennie et abandonnés à leur sort ».

Par leur politique de rétablissement d’un ordre constitutionnel déjà corrompu, désuet et dénoncé par les peuples souverains d’Afrique, désireux de plus de souveraineté, les chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao facilitent le rapprochement, voire la réalisation de la volonté panafricaniste, des États ouest-africains.

Le Mali, devenu le modèle parfait dans ce domaine dans la sous-région, est aujourd’hui une école où les chefs d’État se rendent non seulement pour se confier, mais aussi et surtout prendre des leçons pour gérer au mieux leur transition. Du coup, la Cédéao s’éloignant de plus en plus de ses peuples, les militaires au pouvoir dans les différents pays se rapprochent davantage de ce peuple, qui se sentait abandonné.

Renforcer la coopération sécuritaire
Ce rapprochement se voit à travers le déploiement de cette forte délégation par le Mali et le Burkina Faso au Niger, ce lundi 7 aout 2023. Une visite qui a lieu après celle du vice-président du Conseil national pour la Sauvegarde de la Patrie, le général de Corps d’Armée Mody Salifou, le 2 aout 2023.

Au cours de sa rencontre avec le président de la transition, l’émissaire nigérien avait indiqué que sa visite s’inscrivait dans un contexte régional complexe, nécessitant un niveau important de « consultation politique pour la stabilité et la préservation des intérêts de nos populations ». Il s’agissait donc « d’explorer les voies et moyens pour renforcer notre [le Mali et le Niger] coopération sécuritaire, au moment où certains pays envisagent d’intervenir militairement dans notre pays [le Niger] ».

La lutte contre le terrorisme demeure la priorité numéro 1 des autorités maliennes et burkinabè de la transition. Mais le Niger, sous le régime du président déchu, Mohamed Bazoum, était devenu un obstacle. Avec la présence des forces françaises dans le pays, la sécurisation de la zone des trois frontières était devenue une aventure de combattants.

Cette porosité de la frontière entre les trois États était une situation à l’avantage des forces « obscurantistes », qui pouvaient, presque, circuler librement. Les trois pays veulent maintenant, avec la nouvelle donne, renforcer leur coopération et mieux sécuriser leurs populations.

F. Togola
Source: Saheltribune

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