Mati Diop et Ladj Ly consacrés à Cannes : stars africaines d’un palmarès très politique

Le jury de la compétition du 72ème festival de Cannes a décidé distinguer avant tout des films qui ont une portée politique. Et en premier lieu en couronnant « Atlantique », de Mati Diop, et « Les Misérables », de Ladj Ly.

Le jury présidé par Alejandro Gonzales Inarritu a fait des choix très politiques. C’est vrai pour les deux films de cinéastes d’origine africaine, le Franco-Malien Ladj Ly et la Franco-Sénégalaise Mati Diop, qui ont obtenu respectivement pour leur premier long métrage – une prouesse ! – le Prix du jury et le Grand Prix pour Les Misérables et Atlantique.

C’est vrai, aussi, pour la Palme d’or, Parasite, du Coréen Bong Joon Ho, célèbre depuis le succès international de Memories of murder, qui, en racontant brillamment dans une comédie dramatique comment une famille démunie réussit par divers stratagèmes à prendre possession de l’immense appartement d’un couple de nouveaux riches, dénonce par là même les inégalités insupportables qui règnent dans le Pays du Matin calme et ailleurs.

C’est tout aussi vrai pour les prix décernés au Jeune Ahmed des frères Dardenne (Mise en scène), qui dénonce l’embrigadement d’un jeune dans l’univers islamiste violent, à Bacurau du Brésilien Kleber Mendonça Filho (prix du jury ex-aequo), qui évoque la révolte d’un village amazonien qu’on a tout simplement fait disparaître de la carte pour mieux exploiter les richesses en eau de la région, ou au It must be heaven (Ce doit être le paradis) du Buster Keaton Palestinien Elia Suleiman (Mention spéciale, une récompense inventée pour lui), où il exprime avec son sens du burlesque unique et réjouissant ce qui lui apparait comme la « palestinisation » du monde entier.

Un doublé extraordinaire

Un peu « sonné », comme il l’a dit lui-même peu après avoir reçu sa récompense dans la grande salle Lumière des mains du cinéaste-militant Michael Moore – tout un symbole -, Ladj Li, qui succède avec ce prix au palmarès à Spike Lee, n’a certes pas caché la dimension politique de son œuvre. Un récit-choc, très efficace comme le fut autrefois La Haine de Mathieu Kassovitz, centré autour d’une bavure policière à Montfermeil au nord de Paris.

« Cela fait vingt ans que nous sommes des “gilets jaunes” en Banlieue, affirmait-il dans la soirée, puisque nous revendiquons plus de justice sociale et que nous faisons régulièrement face aux brutalités policières. »

Source: Jeuneafrique

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