Les effets de la modernisation nuisent gravement aux métiers artisanaux dans notre société. Tout comme beaucoup d’autres métiers, celui du tisserand est confronté aujourd’hui à de nombreux obstacles qui constituent des défis majeurs pour le métier, menacé de disparition. C’est ce qu’ont fait savoir nos interlocuteurs au cours de notre reportage sur le métier dans la capitale, Bamako.
Incontournable dans la société traditionnelle africaine, le métier de tisserand qui avait beaucoup d’utilité pour l’Africain est en train de mourir à petit feu. Le constat est très simple. Rares sont ceux qui exercent ce métier aujourd’hui. Pire, les quelques-uns qui l’exercent risquent de l’abandonner pour des raisons multiples.
En effet, le métier apporte peu. Cependant, ceux qui l’exercent sont en général issus d’une famille de tisserand. La vocation et le choix du métier sont très rares dans ce milieu. Dans de telles conditions, la relève sera difficile dans l’avenir. Car, les quelques personnes qui sont restées fidèles à ce métier héritent de leurs parents. Ils vivent le calvaire aujourd’hui car, dans l’oubliette des autorités maliennes.
« L’un de nos problèmes aujourd’hui est la cherté du fil et parfois son manque sur le marché », nous a confié Almamy Sangho, tisserand à Médina Coura depuis plus de trente ans. Aussi, ajoute-t-il, les étoffes n’apportent pas assez de bénéfice et sont moins achetés. D’ailleurs, c’est la cause principale de l’abandon de ce métier par plusieurs personnes, indique-t-il. Aux dires de M. Sangho, ce métier n’est pas à l’abri de la disparition. Car, dit-il, il était difficile de faire deux rues de Médina Coura sans voir un tisserand. Mais aujourd’hui, force est de constater qu’il y a moins de tisserands dans le quartier.
Abdoulaye Dramé, pratiquant du métier depuis dix ans, siffle aussi dans la même trompette que M. Sangho en parlant des difficultés de leur travail. Plaidant leur cause, M. Dramé lance un appel aux autorités de faire en sorte que le coût du fil soit abordable pour leur permettre de gagner leur pain d’une part et de moderniser le secteur d’autre part.
Oumar SANOGO