Récession et crispation en Europe
Ses interventions médiatiques interviennent dans une semaine difficile. Inévitablement, la crise sanitaire du Covid-19 a mis à mal l’économie européenne. Mercredi, la France a annoncé une baisse de son PIB de 6% au premier trimestre 2020, un repli plus vu depuis 1945 et synonyme de récession. L’Allemagne, habituelle locomotive et bonne élève de l’Europe, a elle tablé sur un recul de près de 10% au deuxième trimestre. Partout sur le continent et dans le monde entier, le coronavirus provoque des paralysies désastreuses et annonciatrices de crash économique.
Au sein même de l’Union européenne, la division règne quant à la réponse adéquate à apporter. Les pays les plus exsangues et les pays les plus vertueux ne sont pas d’accord sur un point crucial : la mutualisation des dettes. Malgré 16 heures de discussions, les ministres des Finances des 27 n’ont pas réussi trouver de terrain d’entente. Alors, avant que l’Eurogroupe se reforme et que ses membres reprennent leurs pourparlers ce 9 avril, Christine Lagarde s’est exprimée.
« Les gouvernements européens doivent être côte à côte »
Dans les colonnes du quotidien Le Monde, la présidente de la BCE annonce que la crise provoquée par le Covid-19 ne peut être affrontée « à l’aide de recettes anciennes ». Pour y faire face, « les gouvernements européens doivent être côte à côte pour déployer ensemble des politiques face à un choc commun », martèle Christine Lagarde. L’ex-directrice du Fonds monétaire international prévient : « Si tous les pays ne se relèvent pas, les autres en pâtiront. En se montrant solidaire, on sert en fait ses propres intérêts. »
Soutenir les emplois fait partie des priorités. « Ils n’ont jamais été autant menacés depuis les années 1930 », remarque-t-elle. Dès le 19 mars, la BCE a débloqué 750 milliards d’euros pour soutenir l’économie. Dans Le Parisien, Christine Lagarde évoque aussi les banques européennes, « beaucoup plus solides qu’elles ne l’étaient en 2008 », grâce à une vigilance plus stricte. Maintenant, place à l’action : « Nous sommes dans une période où nous devons utiliser tous nos outils sans hésitation. »
Pas d’annulation de la dette
Dans ce combat que les Européens doivent mener « côte à côte », les nouvelles négociations de l’Eurogroupe montreront un premier signe encourageant. Les fameux « coronabonds » qui crispent les nations ne doivent pas faire l’objet d’une « fixation », tempère Christine Lagarde, toujours dans les colonnes du Parisien. La solidarité, d’accord, mais d’autres moyens existent. L’ex-ministre de l’Economie française prône un traitement égal, sans pour autant livrer la solution miracle.
Toutefois, Christine Lagarde rejette l’idée d’une annulation de la dette colossale contractée. « Les Européens devront rembourser un jour », a-t-elle déclaré au Parisien. Au micro de France Inter, elle a enfoncé le clou : une annulation globale lui « paraît totalement impensable ». Cet endettement aura besoin de plusieurs années pour être épongé. Le chemin sera long et les pièges à éviter nombreux. Trouver un élan collectif constituerait un bon début.
Source : RFI