Le président afghan et son rival signent un accord de partage du pouvoir

Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, qui s’étaient tous deux déclarés vainqueurs de la présidentielle en Afghanistan le 9 mars dernier, sont parvenus à un accord ce dimanche. Abdullah Abdullah doit conduire une « commission de réconciliation nationale » qui doit aboutir à la fin de la crise politique.

L’Afghanistan est en passe de retrouver un peu plus de sérénité au niveau politique. Le 9 mars, un spectacle déconcertant s’était tenu dans la capitale Kaboul. Ashraf Ghani, président sortant et déclaré vainqueur de l’élection présidentielle, était réinvesti lors d’une cérémonie, tandis que non loin de là, son rival Abdullah Abduallah revendiquait lui aussi la victoire et organisait sa propre cérémonie d’investiture.

Après des mois de crise politique avec deux hommes prétendant à la plus haute fonction du pays, une solution a été trouvée dimanche 17 mai.

Lointain contentieux

Sediq Sediqqi, porte-parole d’Ashraf Ghani, a annoncé qu’un accord de partage du pouvoir avait été signé par les deux protagonistes. « Le Dr Abdullah conduira la commission de réconciliation nationale, et des membres de son équipe seront inclus dans le cabinet », a-t-il écrit dans un message relayé sur Twitter. Abdullah Abdullah, ophtalmologiste de profession, avait déjà annoncé un « accord provisoire » le 1er mai avec Ashraf Ghani, ancien économiste de la Banque mondiale.

Selon l’accord trouvé, Ashraf Ghani va notamment faire d’Abdul Rashim Dostum, son ancien vice-président qui avait rejoint le camp d’Abdullah Abdullah, son maréchal des forces armées. Le général Dostum, ancien chef de guerre, a été accusé, fin 2016, d’avoir fait séquestré et violé un opposant politique, Ahmad Ischi.

Les Afghans avaient été appelés aux urnes en septembre 2019, mais les résultats définitifs ne furent annoncés qu’en février 2020, en raison du dépôt de 16 500 plaintes pour irrégularités par des candidats. La précédente présidentielle, en 2014, avait déjà donné lieu à une crise politique et à un accord de partage du pouvoir : après avoir refusé d’admettre sa défaite face à Ghani, Abdullah avait obtenu le poste de chef de l’exécutif.

Les négociations avec les talibans relancées ?

Suivez toute l’actualité internationale en téléchargeant l’application RFI

Sous la pression des États-Unis notamment, qui avaient sanctionné Kaboul en réduisant leur aide financière d’un milliard de dollars en mars et qui menaçaient de la réduire encore à l’avenir, un nouvel accord a donc vu le jour.

Abdullah Abdullah va participer au gouvernement à hauteur de 50% et aura notamment pour mission de mener les futures discussions de paix avec les talibans, qui ont eux-mêmes trouvé un accord historique avec Washington le 29 février dernier. Cet accord, qui ouvre la voie à un retrait des forces étrangères du pays sous 14 mois, était jusqu’à présent gelé par la crise politique. Alors que le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, a salué l’accord de partage, l’envoyé spécial américain Zalmay Khalilzad a fait savoir qu’il viendrait bientôt dans la region pour encourager une réduction des violences qui ensanglantent le pays.

En Afghanistan, on espère cette nouvelle page difficile de la vie politique est tournée, car dans le même temps, le pays doit toujours composer avec une violence croissante et la menace terroriste. Les talibans mènent une cinquantaine d’attaques par jour contre les forces afghanes. Mardi 12 mai, le groupe État islamique a encore perpétré deux attaques à Kaboul qui ont fait près de 40 morts, parmi lesquels des femmes enceintes et des nouveau-nés dans un hôpital géré par l’ONG Médecins sans frontières. Et côté sanitaire, la pandémie de coronavirus se répand rapidement aussi dans le pays.

Source:   AFP



Articles associés