DISCOURS D’OUVERTURE DU 6ÈME CONGRÈS ORDINAIRE DU PARTI ADEMA-PASJ

Camarades Présidents d’honneur du Parti Africain pour la solidarité et la justice ;
Camarades membres du Comité Exécutif de l’Adema-PASJ ;
Camarades membres des Commissions Centrales Spécialisées du Parti
Camarade Présidente du Mouvement National des femmes de l’Adema-PASJ ;
Camarade Président du Mouvement National des jeunes de l’Adema-PASJ ;
Camarades secrétaires généraux des sections de l’intérieur et de l’extérieur ;
Camarades délégués au 6ème Congrès ordinaire du Parti ;
Camarades élus du Parti ;
Mesdames, Messieurs les Présidents ou Représentants des Partis politiques amis ;
Autorités religieuses, coutumières et traditionnelles de Bamako ;
Distingués invités ;
Hommes et femmes des médias

Bonjour à toutes et tous,

Permettez-moi, tout d’abord, de rendre grâce à Allah, le Très Miséricordieux, dont la volonté́ nous permet d’être ici, ce matin.

Camarades, c’est un grand plaisir et un réel bonheur pour moi de me retrouver avec vous, en ces instants solennels de l’ouverture des assises du 6ème Congrès ordinaire de notre Parti.

A cette occasion, je voudrais, au nom de tous les militants et sympathisants de l’Adema-PASJ, remercier toutes les personnalités et l’ensemble de nos invités pour le très grand honneur qu’ils nous font par leur présence à nos côtés en ces moments importants de la vie de notre Parti et de notre pays.

A nos camarades de la diaspora et de l’intérieur, je souhaite la bienvenue et un excellent séjour à Bamako.

Au nom du Comité Exécutif, je remercie toutes et tous les présidents d’honneur, secrétaires généraux des sections, délégués, élus, cadres, militants et sympathisants, pour leur engagement et leur constante fidélité au parti.

Camarades, ce que vous donnez pour le rayonnement de notre parti n’a pas de prix, c’est votre temps, vos énergies, votre conviction, en un mot, votre engagement militant.

Poursuivez sur cette voie et notre parti se portera davantage mieux.

Mesdames, Messieurs, Chers Camarades,

Après la tenue, dans l’entente et la cohésion, des congrès couplés des mouvements des femmes et des jeunes, le 10 octobre 2021, que je salue ici, nous voilà aujourd’hui, en train de vivre un autre moment historique du parcours de notre Parti.

Je voudrais féliciter la présidente du Mouvement national des femmes et le président du Mouvement national des jeunes, nouvellement élus.

Ce 6ème Congrès du Parti africain pour la solidarité et la justice est l’occasion pour les militantes et les militants de discuter de la vie du Parti, en vue de le doter de nouvelles orientations pour son renforcement et d’une nouvelle direction, capable de relever les nouveaux défis.

C’est aussi le cadre approprié pour parler de la vie de la nation, aujourd’hui ébranlée par une crise sans précédent, afin de proposer des pistes de solutions pour son unité et son plein épanouissement.

Chers Congressistes !

En ce moment, où, s’ouvrent nos travaux, je ne peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pieuse pour tous nos camarades, parmi lesquels des fondateurs de notre Parti qui, par la volonté d’Allah, le Tout-Puissant, ne sont plus des nôtres.

Nos pensées vont également aux soldats tombés sur le champ de l’honneur, aux nombreuses veuves de guerre et aux milliers de nos compatriotes, sœurs et frères, réfugiés ou déplacés dans leur propre pays.

Nous ne cesserons jamais de nous incliner devant la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui ont perdu leur vie sur le sol malien, en défendant notre souveraineté et l’intégrité de notre territoire.

A la mémoire de tous nos disparus, je vous demande, respectueusement, d’observer une minute de silence.

Merci !

Distingués invités, Chers congressistes

Le présent congrès se tient dans un contexte marqué par l’accentuation des crises sécuritaire, sociopolitique, institutionnelle et sanitaire que connait notre pays et qui le menacent en tant qu’Etat souverain et démocratique.

En effet, l’opinion publique nationale est inquiète et se pose des questions existentielles sur notre pays, à savoir, la sécurité des personnes et de leurs biens, la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, la gouvernance des affaires publiques.

S’agissant de la crise sécuritaire, notre pays continue de payer un lourd tribut au terrorisme qui arrache des centaines de vies civiles et militaires maliennes, africaines et étrangères, et qui veut nous obliger à un saut en arrière de plusieurs siècles.

Dans cette guerre asymétrique, le tout militaire ne saurait être la seule réponse. C’est pourquoi, l’Adema-PASJ fait siennes les pertinentes résolutions du Dialogue National Inclusif, à savoir, le changement de paradigme, en prospectant la voix du dialogue, chaque fois que cela est possible sans, évidemment, renier les valeurs non négociables de la forme républicaine de l’Etat, de la laïcité et de l’unité nationale.

Distingués invités, Mesdames, Messieurs

Au plan politique, notre pays a vécu de grands chocs qui ont ébranlé les fondements même de la République, voire, de la nation toute entière.

Vous conviendrez avec moi que l’irruption de l’armée sur la scène politique, abrégeant du coup le mandat d’un président démocratiquement élu, est en principe un recul démocratique, que cela se passe chez nous ou ailleurs.

Notre Parti, tout en condamnant ces coups d’Etat répétitifs, s’est engagé, néanmoins, auprès d’autres forces politiques, à soutenir les nouvelles autorités pour une transition inclusive et réussie dans le respect, bien entendu, de sa propre charte.

De nos jours, à quelques encablures des élections générales, prévues au mois de février 2022, le pays est dans une incertitude ; la transition semble ignorer les données de sa propre boussole ; Les principes d’inclusion et de participation consacrés sont mis en cause ; le clivage politique n’a jamais été aussi profond dans notre pays,….

Dans un contexte d’incertitude sur le devenir de la démocratie au Mali, personne ne doit avoir comme agenda l’exclusion, la récupération politique, la diversion…

Ce qu’il nous faut pour sortir de la zone de turbulence, c’est l’inclusion, le rassemblement de toutes les forces vives de la nation, l’union sacrée des maliennes et des maliens autour des valeurs positives, républicaines et démocratiques, c’est aussi le soutien indéfectible à notre armée qui se bat nuit et jour pour défendre notre pays et sécuriser ses populations.

Nous devons tous adopter un comportement fédérateur, des plus hautes autorités aux citoyens ordinaires, éviter les comportements belliqueux, revanchards, de mépris, toutes choses qui ne sont pas de nature à juguler les crises actuelles, dans lesquelles, faut-il le rappeler, personne ne pourra redorer son blason.

Forts de ces idées, notre parti et des partis frères ont décidé de mettre en place le cadre de concertation pour une transition réussie qui regroupe les forces politiques substantielles de notre pays et qui se veut un regroupement de propositions et de veille pour la réussite de la transition.

Il ne s’agit point d’un regroupement d’opposition à la transition, d’une force de violence, d’un regroupement qui instrumentalise les peines, les malheurs et les souffrances des maliens pour le pouvoir.

Il s’agit d’un regroupement dédié à la réussite de la transition dans le respect des engagements que ses autorités ont pris devant le peuple malien et la communauté internationale.

A cet égard, nous avons déjà, à travers mémorandum, déclarations et conférences de presse, attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la volonté de transgresser les clauses de la transition, dont celle, de plus en plus manifeste, de la prolonger au-delà de son terme légal.

A l’Adema, notre conviction est que les défis auxquels notre pays fait fasse ne sauraient être relevés dans la désunion politique. C’est pourquoi notre Parti s’est constamment inscrit dans une logique de rassemblement pour faire face au péril qui guette la nation entière.

J’en profite pour saluer la présence ici, à nos côtes, des responsables du Cadre d’Echanges des Partis et Regroupements Politiques pour une Transition Réussie.

Merci pour le remarquable travail que vous abattez, sans relâche, pour défendre, avec générosité et foi, les valeurs de la démocratie et de la République et contre la vaine tentative de marginalisation de certaines forces politiques.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais, une fois de plus, du haut de cette tribune de l’Adema-PASJ, lancer un appel aux autorités à s’engager résolument dans une démarche d’inclusion et de rassemblement, pour conjurer ensemble les grands maux qui assaillent notre pays, car ce que nous voulons toutes et tous, c’est le confort de notre démocratie, c’est le redressement de notre pays.

Aujourd’hui, le confort tant recherché de la démocratie ne réside point dans des réformes à l’emporte-pièce, il n’est pas, non plus, dans des assises coûteuses et contre-productives.

Il est dans la capacité de nos formations politiques à proposer des offres politiques mieux élaborées, à renouveler, avec responsabilité, les engagements.

C’est conscient de cette responsabilité historique, que l’Adema-PASJ a fait part aux Autorités actuelles de sa disponibilité à contribuer à la réussite de la Transition.

Nombre de dispositions concernant la Charte de la Transition et la mise en place d’une Plateforme de veille et de propositions ont ainsi été proposées.

Concernant l’organe unique de gestion des élections, l’Adema-PASJ, tout en approuvant son principe, a cependant émis des réserves sur sa faisabilité dans les délais impartis à la transition.

Il en est de même pour le projet d’Assises pour la Refondation qui soulève nombre d’interrogations, qui font douter de la sincérité des objectifs affichés et qui risque d’être un stratagème pour imposer unilatéralement une extension de la période transitoire.

Après la Conférence nationale de 1992 et le Dialogue National Inclusif de 2018, l’Adema-PASJ ne saurait participer à ce forum de trop si ces doutes soulevés ne sont pas levés.

En tout état de cause, la vocation de la Transition n’est ni d’imposer aux futures Autorités, en principe, élues sur leur programme, des dispositions législatives ou règlementaires non consensuelles, ni de figer une fois pour toutes les choix et les priorités de la Nation.

Les raisons qui fondent nos prises de positions sont claires : le dysfonctionnement de nos Institutions est le plus souvent imputable aux acteurs chargés de leur animation qu’à la pertinence des textes qui les régissent.

Par ailleurs, il nous parait important que les projets d’innovations, aussi bien dans les domaines institutionnels que programmatique, fassent l’objet de propositions concurrentes soumises par les Partis politiques au suffrage des Citoyens.

Chers invités, Mesdames, Messieurs

Sur le Plan Africain, au-delà de notre pays, nous assistons de plus en plus à une remise en cause de la gouvernance démocratique en Afrique avec son lot de coups d’Etat comme mode d’accéder au pouvoir.

Nous avons suivi les récents coups d’Etat au Tchad et en Guinée Conakry.

Face à ce péril démocratique tentaculaire, notre responsabilité à l’Adema-PASJ, en tant que parti socio-démocrate, membre de l’internationale socialiste, est plus que jamais engagée.

Nous sommes plutôt pour l’instauration d’un système démocratique beaucoup plus résilient ; la conjuration des instabilités politiques récurrentes, d’une gouvernance vertueuse et du respect des pactes démocratiques, scellés avec le peuple souverain.

Mais, nous ne saurons cautionner la prise de pouvoir en dehors des urnes.

C’est pourquoi l’Adema soutient le combat contre le corruption qui tue nos économies déjà exsangues, un combat permanent, non sélectif, mené sans tambours battants, dans le respect strict de l’indépendance de la justice et de la présomption d’innocence.

Distingués invités, Mesdames, Messieurs, Chers Congressistes

Notre Congrès, le 6ème du genre, se tient à un moment où le Parti africain pour la Solidarité et la Justice, le parti historique de la démocratie malienne, est à la recherche de ses marques, suite aux récents événements qui ont bouleversé la carte politique de notre pays.

Aussi, la présente assise, instance du parti la plus importante, prévue pour deux jours, doit-elle permettre de procéder à une véritable catharsis du Parti, en vue d’aboutir à des résolutions et recommandations fortes et pertinentes.

Au demeurant, pour la réhabilitation du parti, nous devons relever le défi du rassemblement, de l’union et de l’unité d’actions.

L’Adema-PASJ, notre Parti, a eu l’honneur et le privilège de poser les premiers jalons de la construction démocratique dans notre pays.

Avec raison, nous pouvons revendiquer le respect des libertés publiques et individuelles, le développement des infrastructures productives et sociales.

En effet, l’exercice du pouvoir par l’Adema-PASJ, pendant les 10 premières années qui ont suivi les évènements de Mars 1991, a forgé une claire conscience de la responsabilité historique qui incombe au Parti dans l’ancrage et l’approfondissement du processus démocratique dans notre Pays.

Les stratégies mises en œuvre après la perte du pouvoir par le Parti en 2002, ont certes permis d’assurer une relative stabilité politique et de préserver l’essentiel des réalisations, mais elles ont porté un coup sévère à la discipline et à la cohésion au sein du Parti.

Nous pouvons être fiers de ces réalisations, mais la démocratie est une quête permanente, dont les acquis ne sont malheureusement pas irréversibles dans le temps.

Chers congressistes,

A un moment où les esprits peu aguerris sont habités par le doute, il est pour nous un devoir de génération de réhabiliter notre parti, de lui rendre ses lustres d’antan, de le revivifier sur des bases solides et sincères.

Oui ! il s’agit bien de ce parti qui a incarné le militantisme, le vrai, avec Abdrahamane Baba TOURE (paix à son âme), Alpha Oumar KONARE, Mamadou Lamine TRAORE (paix à son âme), Mouhamedoun DICKO, Ibrahim Boubacar KEITA et Dioncounda TRAORE, pour ne citer que ceux-ci.

Camarades ! Retourner aux fondamentaux n’est pas impossible.
La situation actuelle ne doit pas être vécue comme une fatalité, car la mission est à notre portée, et, pour y faire face, nous devons nous engager, résolument et dans une parfaite cohésion, dans un processus de changement et de refondation du parti.

Il ne s’agit ni plus ni moins que de revenir à ses valeurs fondatrices, à leur enseignement, leur diffusion, leur pratique et leur respect.

L’engagement politique est une décision noble, mais qui a ses exigences, dont la probité morale et le désintéressement personnel constituent les piliers.

Le militantisme est une activité altruiste destinée à assurer plus de justice sociale et à créer les conditions du progrès pour les autres, notamment, pour les plus humbles.

Cet engagement pour la refondation du parti est possible, en faisant de nos succès et échecs un laboratoire d’incubation, permettant d’enterrer à jamais nos égos et surpasser les incompréhensions inhérentes à tout regroupement humain…

Distingués invités, Mesdames, Messieurs, Chers camarades,

En nous inscrivant dans la perspective, nous pensons que l’enjeu des futures élections générales est tel que, nécessairement, des opportunités seront ouvertes à des alliances avec des partis désireux de servir la cause nationale, les libertés et la démocratie.

L’Adema est donc ouvert pour nouer des alliances politiques et électorales solides, sans renier son identité, conformément aux idéaux de la social-démocratie favorable à une croissance économique redistributive.

En tout état de cause, face à l’énormité des défis, le prochain mandat présidentiel devrait être une nouvelle forme de transition, tout à fait contractuelle, autrement dit, le nécessaire consensus devrait être assis sur des engagements forts, clairs et précis, dans le seul intérêt du Mali.
Mesdames, Messieurs, Chers congressistes,

Avant de terminer, je voudrais vous rappeler que c’est l’union de tous les militants et militantes qui fortifie le parti.

Alors, faisons-en sorte que chacun ait sa place dans le parti, que chacun prenne la place qu’il merite.

Avançons dans le respect et l’union.

Le Congrès qui s’ouvre ce samedi 16 octobre 2021, aux yeux des observateurs, doit être celui de la maturité et du rassemblement. Il le sera Inch’Allah !

C’est sur ces mots d’espoir que, tout en souhaitant pleins succès à nos travaux, je déclare ouvert le sixième congrès ordinaire du Parti Africain pour la solidarité et la Justice (Adema-PASJ)

Vive la République !
Vive la Démocratie !
Vive l’Adema-PASJ !
Que Dieu bénisse le Mali !

Je vous remercie de votre aimable attention.

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